Bâtiment d’élevage
La Bergerie des Près : un bâtiment flambant neuf pour des brebis venues de Corse
À Clansayes, petite commune de la région du Tricastin, Catherine Arnoux élève depuis deux ans un troupeau de 100 brebis corses. Pour améliorer ses conditions de travail et favoriser le bien-être de ses bêtes, elle a fait construire - au cours de l’été 2024 - un spacieux bâtiment en bois de près de 800 m2.
Issue d’une famille d’agriculteurs, Catherine Arnoux, âgée de 26 ans, a toujours baigné dans le milieu. « Depuis toute petite, je suis intéressée par les animaux, à tel point que je voulais être, au départ, vétérinaire. Finalement, après l’obtention de mon baccalauréat en filière scientifique, j’ai fait une première année de médecine avant de me diriger en sciences et techniques des activités physiques et sportives. Finalement, pendant la période Covid, j’ai travaillé chez mon oncle, maraîcher. C’est véritablement à ce moment-là que j’ai compris ce que j’aimais vraiment : être dehors, travailler dans les champs. Ma passion pour les animaux ne m’ayant pas quittée, je me suis lancée », avoue la jeune femme. Les voisins de ses parents, alors éleveurs de brebis allaitantes, arrêtaient leur activité pour cause de retraite. L’occasion toute trouvée pour créer, avec le soutien de son conjoint Aurélien, son exploitation La Bergerie des Près. « Nous avons alors loué 10 hectares de terres à ce voisin, qui nous a aussi mis à disposition sa bergerie pour que l’on puisse démarrer notre activité. En parallèle, nous avons installé des Algecos en guise de fromagerie », stipule Catherine Arnoux, installée en exploitation individuelle depuis le 1er août 2022.
Durant deux ans, le couple a mené une longue réflexion sur ce projet d’installation. « Au départ, je voulais mettre des vaches. Mais j’ai été beaucoup conseillé par Daniel Jalifier, ancien vacher du lycée agricole du Valentin (26), et au vu de notre secteur, il m’a plutôt encouragé à mettre des brebis », explique-t-elle. Avant de s’installer, la jeune femme a suivi un BPREA au Valentin, en spécialisation polyculture élevage. « J’avais mon projet en tête. J’avais visité plein de fermes, vu de nombreux bâtiments, reçu les retours d’expérience de plusieurs éleveurs... J’élève donc aujourd’hui une centaine de brebis corses, choisies principalement pour leur rusticité, qui sont depuis peu dans notre bâtiment d’élevage flambant neuf », se réjouit Catherine Arnoux.
Un bâtiment unique pour les différents ateliers
En effet, la construction d’un bâtiment d’élevage était indispensable pour la jeune éleveuse. « Jusque-là, nous occupions l’ancienne bergerie de nos voisins, d’une superficie de 80 m², très sombre, avec un quai de traite conçu pour six brebis à la fois. Pour améliorer nos conditions de travail, il était inévitable de faire construire notre propre bâtiment ». C’est donc un bâtiment neuf de 793 m² (environ 36 mètres de longueur), qui a été implanté sur une parcelle de Clansayes, au milieu des terres que Catherine Arnoux occupe en fermage. « La condition première dans ce projet était que tous les ateliers soient regroupés au sein d’un même bâtiment : la bergerie, l’espace de stockage, la salle de traite, la fromagerie et l’espace de vente à la ferme. Cela nous permet ainsi d’avoir un confort de travail intéressant. Aussi, nous n’avions pas envie - à plus long terme - de devoir faire des extensions pour répondre au développement de l’exploitation. De cette façon, le bâtiment peut accueillir jusqu’à 200 bêtes ». Le dépôt du permis de construire a été effectué le 9 mai 2023, après vingt-et-une versions du dossier. « Au départ, il était question de faire un bâtiment de 300 m². C’est finalement la dimension de l’aire paillée aujourd’hui », sourit Catherine Arnoux. Par ailleurs, 100 m² seront consacrés à la fromagerie, bientôt fonctionnelle, où l’éleveuse continuera de transformer le lait de ses brebis en fromages, faisselles et yaourts : « Pour l’optimisation de l’espace de transformation, j’ai été vivement conseillé par Sylvie Morge, conseillère spécialisée en technologie produits laitiers fermiers au sein des chambres d’agriculture de la Drôme et de l’Ardèche ».
Conçu pour lutter contre la prédation
L’espace stockage a également une capacité de 300 m², le reste des surfaces étant attribué à la salle de traite, le bureau, la boutique... « Tout a été agencé de façon linéaire, à savoir la salle de traite, l’atelier de transformation fromagère, le stockage et l’espace de vente », se réjouit la jeune femme.
Dans les conditions fixées par les éleveurs de La Bergerie des Prés, il y avait aussi celle d’un bâtiment fermé de toute part : « Nous voulions un bâtiment sécurisé afin de minimiser les risques de la prédation. Le loup nous rend parano », avoue Catherine Arnoux.
Pour cela, le couple a pu s’appuyer sur l’entreprise Roiné, spécialiste des constructions de bâtiments agricoles en charpente bois. « Le commercial nous a aidé et conseillé sur l’ensemble de la conception, les faitages, le choix de la ventilation et de l’aération... Nous avons pas mal hésité sur le choix des matériaux. Nous avions imaginé une structure en métal et moellons. Finalement, nous avons fait le choix du bois, d’une part pour l’ambiance du bâtiment - plus confortable pour les bêtes -, mais aussi pour son intégration dans le paysage ».
Un impact sur les résultats techniques du troupeau
Après les travaux de terrassement, la construction s’est étalée sur quatre semaines, en juillet. « L’objectif était de pouvoir mettre les brebis dans le nouveau bâtiment au 15 août, avec les agneaux, d’autant plus que nous allions agrandir le troupeau autour du 20 août. Finalement, le bâtiment a été terminé lors de la période de tarissement ».
L’objectif atteint, c’est avec satisfaction que Catherine Arnoux et ses brebis s’adaptent à ce nouveau lieu de vie… et de travail avec une salle de traite pouvant accueillir jusqu’à seize brebis. « Nous voyons d’ores et déjà l’impact de cette nouvelle bergerie sur le comportement des bêtes. Elles toussaient beaucoup dans l’ancienne bergerie, chose qu’elles ne font plus désormais. Aussi, bien que ce soit le tout début de la saison (les brebis corses sont désaisonnées, ndlr), j’ai l’impression qu’elles font plus de lait en comparaison avec l’année passée. Il serait intéressant d’observer l’impact sur la production laitière ».
Un confort qui a toutefois demandé un certain investissement : « Ce projet global nous a coûté 230 000 €, dont 60 000 € pour le terrassement, 40 000 € pour le matériel, 14 000 € pour la fromagerie…, précise-t-elle. Mis à part l’emprunt bancaire pour une durée de quinze ans (hors matériel), nous n’avons pas demandé d’aides annexes pour éviter toutes les contraintes administratives. »
Amandine Priolet
Catherine Arnoux et son conjoint Aurélien. © Catherine Arnoux