Apiculture
Des miellées de printemps presque inexistantes

Des miellées de printemps presque inexistantes
Les ruches ont énormément souffert de ce printemps frais et pluvieux. ©Pierre Gaschignard

Les températures en-deçà des normes de saison et les pluies régulières ont eu raison du démarrage des ruches. « Pour nous, la saison débute le 15 mars, avec une production de miel qui s’étend généralement entre le 15 avril et le 15 juillet. Or, jusqu’au 6 juin, la météo a été assez problématique, avec beaucoup d’eau, des températures assez fraiches et quelques coups de chaleur exceptionnels. Cela a eu des conséquences sur nos ruches : nous avons dû les nourrir jusqu’à l’arrivée des floraisons intéressantes début juin. C’est totalement incongru », stipule Pierre Gaschignard, apiculteur transhumant à Chateaudouble (Drôme) et président de l’ADA AuRA* depuis 2022.
Ainsi, les miellées de printemps et d’acacia sont quasiment nulles sur l’ensemble de la région Auvergne-Rhône-Alpes, hormis quelques secteurs autour de la Côte-Saint-André (Isère). « Ces miellées-là sont définitivement perdues pour cette année. Heureusement, l’une des forces de notre filière réside dans le fait que nous avons un produit que l’on peut stocker, deux à trois ans de suite. Les apiculteurs qui ont du stock vont pouvoir l’écouler. D’ailleurs, nous devons d’ores et déjà nous projeter sur les années à venir et avoir la capacité de stocker du miel en nous équipant de chambres froides, de lieu de stockage, etc. », présente Pierre Gaschignard, qui a participé l’an passé à une étude prospective sur l’impact du changement climatique aux horizons 2040-2050.

Une année très moyenne en perspective

Désormais, les apiculteurs misent tout sur les miellées de tilleul (en cours), de lavande et de châtaignier. « Les températures sont encore un peu fraiches, mais nous avons quand même espoir d’avoir des miellées convenables. Dans la Drôme, par exemple, pas mal de surfaces se sont plantées en lavande, ce qui nous laisse confiants. En revanche, pour les châtaigniers, on ne sait pas dans quelle mesure les arbres ont souffert les années précédentes des dernières sécheresses et des excès d’eau de ce début d’année », prévient le président de l’ADA AuRA. « Les abeilles sortent depuis une semaine, la floraison du tilleul les stimule et les ruches – jusque-là moribondes - reprennent vie », explique-t-il, alors même que certains apiculteurs ont perdu une bonne partie de leurs colonies, faute d’essaimage. « L’année 2024 restera tout de même une année très moyenne, voire assez nulle. Cette saison est inquiétante, d’autant plus que nous avions déjà connu cela en 2021. Il ne faudrait pas que l’histoire se répète trop souvent, sinon certaines exploitations ne se relèveront pas… », conclut-il.

Amandine Priolet

* Association pour le Développement de l’Apiculture en Auvergne-Rhône-Alpes