Valsoleil : un équilibre basé sur la diversité
La coopérative a organisé son assemblée générale, jeudi 14 mars à Montélier. Agrofournitures, fruits et légumes, volailles de ponte et de chair… Les différentes activités de Valsoleil ont été passées en revue.

Covid, guerre en Ukraine, crise énergétique… Valsoleil n’est pas épargnée par les soubresauts de l’économie mondiale. À commencer par son activité historique d’agrofourniture, qui représente un tiers du chiffre d’affaires de la coopérative. De l’engrais, aux produits phytos ou de biocontrôle, en passant par l’aliment du bétail, les équipements ou encore les outils d’irrigation, le contexte a été particulièrement instable ces dernières années.
« Aujourd’hui, l’agrofourniture, c’est un métier à risque pour votre coopérative, insiste Dominique Dubeuf, responsable du service approvisionnement. Entre la hausse des prix et la volatilité des marchés, on ne peut plus faire autant de stocks qu’avant. » Un mot d’ordre : l’anticipation. « Si on n’a que des demandes de dernière minute, les commandes seront compliquées à honorer en temps et en heure », explique-t-il. D’autant plus dans un contexte de frilosité général, où les marchés ont pu être tendus à certaines périodes de l’année, notamment pour les engrais minéraux. L’heure semble, toutefois, être à la stabilisation et à la déflation.
Plus précisément, le recul est particulièrement marqué sur la vente d’engrais (- 13 %), avec une faible demande en phosphore, potasse et engrais associés. En aliments de bétail, la baisse de tonnage est moins marquée (- 4 %). D’autres activités parviennent, toutefois, à se maintenir malgré un contexte difficile, notamment la famille pépinière horticulture et maraîchage. De même, la protection des cultures tire son épingle du jeu du fait d’un printemps et début d’été humide. Enfin, pour la première fois, le secteur de l’irrigation connaît un léger déclin, lié à la noyeraie autour duquel ce service a été construit.
Crise de la noix : l’activité fruit en recul
Cette crise de la noyeraie affecte également la section fruits et légumes (4 % du CA total) qui repose principalement sur cette filière. En 2022, alors que la récolte de noix atteint des niveaux records, la consommation, elle, était en baisse et les prix ont dégringolé. En 2023, à l’échelle de Valsoleil, les volumes collectés ont réduit de moitié (632 t, contre 1 458 t en 2022), permettant toutefois d’écouler la récolte ainsi que les stocks, sans report pour 2024.
Outre les noix, l’abricot est la deuxième production arboricole de Valsoleil. Mais là encore, le constat est morose, avec des aléas climatiques récurrents. Le tout cumulé à un contexte commercial très compliqué. Mois de juin pluvieux, pouvoir d’achat en berne, surproduction nationale… Sur le marché intérieur, les acheteurs manquaient. Face à cette situation, Valsoleil a choisi de s’orienter vers l’export pour vendre ses abricots aux pays de l’Est de l’Europe. En 2023, le marché français n’a représenté que 47 % des ventes, contre près de 80 % habituellement. La situation n’est guère plus réjouissante pour les poires ou les cerises.
Volailles : un secteur stratégique
Enfin, la présentation s’est terminée par l’activité volailles. Entre chair, ponte et le centre de conditionnement de Montéléger, ces activités représentent aujourd’hui près de 60 % du chiffre d’affaires de Valsoleil.
Pour la partie œufs, la coopérative regroupe 45 producteurs pour plus de 532 000 poules pondeuses. Une hausse de 46 % en quatre ans, mais toujours insuffisante pour répondre à la demande. Aujourd’hui, Valsoleil cherche à augmenter le volume traité au centre de Montéléger de 60 % (140 millions d’œufs sont emballés sur le site, contre une capacité de 220 millions). « Mais les bâtiments sont très chers à mettre en place », a précisé le chef de projet, Guillaume Caël. Face à cette difficulté, la prestation d’emballage est renforcée, avec Cocorette ou LDC, nouveau partenaire. « L’arrêt de la cage va aussi créer un appel d’air sur le marché, a ajouté Jean-Charles Denis, le directeur général de Valsoleil. Les partenaires et clients étudient la possibilité de participer aux frais des éleveurs pour la construction de bâtiments, comme ça se pratique en volailles de chair. »
En volailles de chair, en l’occurrence, l’activité est stable avec 142 adhérents et 297 bâtiments. Le tout dans une filière intégrée. Ucab et Ucabio, filiales de Valsoleil, produisent les aliments, et les clients abatteurs sont principalement BRD Volaille (Bernard Royal Dauphiné) et les volaillers du Dauphiné (entreprise dans laquelle Valsoleil détient 45 % de participation). Enfin, comme dans toutes les filières, le recul des prix en bio, a entraîné de nombreuses déconversions. La production de volailles de chair devrait toutefois être amenée à se développer à l’avenir avec de nouveaux bâtiments et davantage d’éleveurs.
Pauline De Deus
« Le modèle est résilient »
Quels sont les prochains défis à relever pour Valsoleil ?
Jean-Charles Denis, directeur général de Valsoleil : « Ce qui nous préoccupe beaucoup en ce moment, c’est la filière volaille qu’on est en train de restructurer. On a parlé de nos plans de développement mais ça concerne aussi nos filières d’abattage et nos usines d’aliments… C’est un défi quotidien parce que la filière avicole en Drôme est très importante. Elle participe au bon équilibre de nombreuses exploitations. Évidemment, il y a aussi beaucoup de défis à relever en fruits. Comme nous l’avons présenté, les prix et la production sont compliqués… »
Durant votre assemblée générale, le président de la chambre d’agriculture de la Drôme a exprimé son optimisme sur la filière tomate. Il a évoqué des opportunités pour créer des outils de transformation sur le territoire. Est-ce un projet étudié par la coopérative ?
J.-C. D. : « Il s’agit d’une filière qui permet aux producteurs de dégager une rémunération intéressante donc c’est quelque chose qu’on étudie. La difficulté avec ce type de structure c’est qu’on est sur des projets industriels, donc de long terme et qui nécessitent de la contractualisation dans le temps, à l’amont et à l’aval. On regarde ça de très près mais pour l’instant il n’y a rien de fait. »
Depuis quelques années, on voit des mouvements de rachats de coopératives, notamment dans la Drôme. Dans ce contexte, comment voyez-vous l’avenir ?
J.-C. D. : « La période n’est pas à la sinistrose. Mes prédécesseurs ont su, dans le passé, faire les efforts qu’il fallait pour que Valsoleil soit là aujourd’hui. À nous, ma génération, de faire le nécessaire pour l’avenir. On bénéficie de beaucoup de filières, ce qui permet de trouver un équilibre… Le modèle est résilient, je n’ai pas d’inquiétude pour l’avenir. »
PDD
Un chiffre d’affaires en trompe l’œil
Le contexte économique mondial est corrélé à une croissance du chiffre d’affaires pour Valsoleil, avec un total de 145 millions d’euros et une hausse de 6 % par rapport à l’exercice précédent. « L’effet inflation fait que le chiffre d’affaires monte. Mais si on raisonne en termes d’activité, on est globalement stable », explique le directeur général, Jean-Charles Denis. Le résultat de l’activité de l’entreprise est de 388 000 euros pour l’exercice 2022-2023.
De cette somme, il faut toutefois soustraire 1,33 million d'euros, une provision financière en prévision de possibles difficultés de l'union Top semence. Cette structure détenue à 20 % par Valsoleil « est un débouché historique et vital pour nos producteurs pour aller chercher de la valeur ajoutée avec les semences », a rappelé Jean-Charles Denis. Pour soutenir Top semence, dont l’exercice était « très fortement déficitaire », souligne le directeur, le conseil d’administration a fait ce choix de provision.
PDD
Répartition du chiffre d’affaires de Valsoleil par secteurs d’activité. Chiffre d’affaires 2022-2023 : 145 M€ (+6%)