Le mois de juin a été marqué par une vague de chaleur de forte intensité extrêmement précoce sur l’ensemble du pays et par de très nombreux et violents orages provoquant d’importants dégâts sur les bâtiments d’élevage et les cultures.
Une vague de chaleur précoce et intense s'est installée sur le pays du 15 au 19 juin et a perduré sur l'Est jusqu'au 21. À l'échelle de la France, la température moyenne de 21,2 °C a été supérieure à la normale de 2,3 °C, classant ce mois de juin au deuxième rang des mois de juin les plus chauds depuis 1900, ex æquo avec juin 2017 mais loin derrière juin 2003 (+ 3,5 °C). Les températures moyennes ont été 1 à 2 °C au-dessus des normales sur la façade atlantique et du Nord-Ouest à la frontière belge, 2 à 3 °C de l'intérieur de l'Aquitaine au Poitou et à l'Alsace et 3 à 4 °C sur le Sud-Est et la Corse. Les températures maximales ont souvent été 1 à 4 °C au-dessus des normales, voire par endroits 4 à 5 °C sur le Sud-Est et la Corse. Le 18 a été la journée la plus chaude jamais enregistrée en juin en France avec une température maximale moyenne de 36,2 °C devant les 35,8 °C du 27 juin 2019. Concernant les précipitations, les épisodes pluvio-orageux ont été fréquents sur une grande partie de l'Hexagone avec 10 à 15 jours de pluie soit 2 à 8 jours de plus que la normale hormis sur les régions méditerranéennes. Les cumuls ont été excédentaires de plus de 25 % sur une grande partie de l'Hexagone excepté sur les régions méridionales, les Alpes et plus localement en Lorraine et sur le Nord-Ouest. Les cumuls ont souvent atteint 150 à 250 mm de la Charente à l'Auvergne, à la Bourgogne et au Sud de la Marne, soit deux à trois fois et demie la normale. Juin 2022 se classe parmi les dix mois de juin les plus pluvieux depuis 1959. Les précipitations, très contrastées, ont été 1,5 à 3,5 fois au-dessus de la normale sur le Centre de la France mais déficitaires de plus de 25 % sur le Sud-Est et de plus de 90 % sur la Corse. En moyenne sur le pays, l'excédent a dépassé 30 %. Une dépression associée à une goutte froide souvent présente en juin au large du Portugal a généré un flux de Sud-Ouest avec des remontées très chaudes de la péninsule ibérique à l'Hexagone. Cette situation a engendré d'importants contrastes thermiques en altitude et une forte instabilité. Avec 206 229 impacts de foudre, juin 2022 a été le mois de juin le plus foudroyé sur la France sur la période 1997-2022. Concernant l'ensoleillement, il a été supérieur à la normale sauf sur les régions méridionales où il a été plus conforme à la saison, voire par endroits légèrement déficitaire. L'excédent a dépassé 10 % de l'Auvergne aux Hauts-de- France et au Grand Est ainsi que sur l'ouest de la Bretagne. En revanche, l'ensoleillement a été moins généreux sur un petit quart Sud-Ouest où le déficit a parfois atteint 10 % avec généralement 6 à 10 jours peu ensoleillés.
Orages et chaleur en Auvergne-Rhône-Alpes
En Auvergne-Rhône-Alpes, les températures moyennes ont été au-dessus des normales (+ 2,9 °C) et ont atteint 19,4 °C. Entre le 12 et le 22, un axe de hautes valeurs de pression s’est étendu du Maghreb à la France entraînant un flux de Sud qui a ramené de l'air très chaud, en provenance du Maroc et de l'Espagne. À partir du 15, le Sud de la région est passé en « orange canicule ». La vigilance s’est prolongée les jours suivants sur l'ensemble des départements, à l'exception des Savoie qui sont restées en marge des plus fortes chaleurs. Du côté des précipitations, la pluviométrie mensuelle s’est échelonnée de 12,2 mm sur Tricastin (Drôme) à 305 mm sur la Tour D'Auvergne (Puy-de-Dôme). Les départements à l'Ouest du Rhône ont bénéficié de plus de pluies orageuses. Le flux de Sud-Ouest a permis à l'Allier (202,6 mm), le Puy-de- Dôme (195 mm) et le cantal (144 mm) d'être fortement excédentaire de respectivement 190 %, 115 % et 62 %. De même, l'Ardèche, la Loire, le Rhône et l'Ain ont bénéficié de cumuls supérieurs à d'habitude de 38 % à 57 %. Ainsi, les pluies ont été voisines de 100 à 250 mm sur l'Auvergne, mais également sur un axe allant du plateau Ardéchois vers la plaine de l'Ain. Entre 50 et 100 mm, vers la Haute-Loire, l'Ardèche, la Drôme, le Sud-Isère et la Savoie. Elles ont été inférieures à 40 mm sur l'extrême Sud de la région.
Très orageux en Bourgogne-Franche-Comté
En Bourgogne-Franche-Comté, les moyennes mensuelles du mois de juin ont été supérieures aux normales de 2 à 3 degrés. Si la première décade a été en moyenne assez conforme aux normales, la deuxième et le début de la troisième ont été très chaudes avec une moyenne des maximales partout supérieure à 30 degrés. De nombreux records de températures maximales absolues ont été battus entre le 18 et le 26 juin avec un mercure qui a le plus souvent dépassé les 36 degrés. Côté précipitations, elles ont été nettement excédentaires. Si le relief franc-comtois a été proche de la normale, l'excédent sur le reste de la région a été compris entre 150 et 250 % avec des pointes locales jusqu'à 300 % dans l'Yonne, la Nièvre et la Saône-et-Loire. Ces pluies majoritairement à caractère orageux ont été très irrégulières mais concentrées en première et troisième décades, la deuxième ayant été pratiquement sèche. Les orages ont en effet été très nombreux en Bourgogne-Franche-Comté. « On ne note que sept jours sans le moindre impact de foudre sur la région », souligne France-Météo. Ces orages ont été localement violents avec de fortes averses, des rafales de vent et des chutes de grêle. Les averses ont été fortes avec localement des intensités de plus de 20 mm/h. Les cumuls de pluie en 24 heures ont par endroits dépassé les 7 millimètres (70 litres par mètre carré) en Saône-et- Loire et dans la Nièvre. À cela, sont venues s'ajouter des chutes de grêle avec, par endroits, des grêlons de quatre centimètres de diamètre, associées à une forte activité électrique et des rafales de vent entre 80 et 100 km/h.
Christine Dézert
La pousse d'herbe déficitaire de près de 20 %
D'après la dernière note de conjoncture d'Agreste, en date du 29 juin, la production cumulée des prairies permanentes depuis le début de l'année est inférieure de 19 % à la normale, au 20 juin. « La sécheresse persistante impacte fortement la pousse d'herbe. La situation s'est dégradée en juin sur l'ensemble du territoire », commente Agreste. En cumul sur les trois derniers mois, la pousse est excédentaire dans seulement 2 % des régions fourragères : il s'agit des prairies du Jura et du Massif central. La région Paca reste la plus touchée par la sécheresse, avec un déficit qui atteint 60 %. En Occitanie, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Centre-Val de Loire, la pousse d'herbe est de 25 % inférieure la normale. La Normandie et l'Île-de-France sont les régions les moins affectées (- 6 %), ainsi que certaines zones de montagne.
Météo France actualise ses « normales », plus chaudes
La mise à jour des « normales climatiques », dites saisonnières, par Météo-France, dessine une France un peu plus chaude particulièrement dans l’Est, où les gelées se font moins fréquentes, et où les sols deviennent parfois plus secs. Sur la nouvelle période de référence 1991-2020, la nouvelle normale de température moyenne annuelle en France est de 12,97 °C, en hausse d’un peu plus de 0,4 °C par rapport 1981-2010, selon Météo France. C’est au printemps et en été que l’évolution est la plus forte. La hausse est par ailleurs légèrement plus marquée sur l’est continental (Grand-Est et Bourgogne-Franche-Comté) et un peu moindre sur les zones littorales (Bretagne et Corse). Le nombre de jours de gelées est en baisse, jusqu’à 10 jours de moins à Lyon. De son côté, le cumul moyen de précipitations évolue peu, sauf dans le Nord-Est où ce cumul moyen diminue plus notablement. En Paca et Corse à l’inverse, les précipitations moyennes augmentent notamment pendant la période de recharge des nappes phréatiques (septembre à mars). Météo France note en outre un assèchement des sols plus marqué du Massif central au Grand Est, en particulier l’été et l’automne, mais des sols plus humides dans certaines zones comme la façade Ouest, sauf le Poitou.