Métiers forestiers
Les simulateurs de conduite : un outil précieux dans l'apprentissage de la gestion forestière

Ces deux dernières années, le lycée Nature et forêt de Noirétable (Loire) s'est doté d'une salle de simulateurs de conduite d'engins forestiers, offrant des avantages certains dans cet apprentissage délicat.

Les simulateurs de conduite : un outil précieux dans l'apprentissage de la gestion forestière
Le lycée envisage à terme l’installation de douze simulateurs. Six sont actuellement à disposition des élèves. © Leïla Piazza 

« En 2013, 80 % des résineux étaient abattus avec une abatteuse. Dans ce contexte, les attentes en termes de formation ont évolué au cours de ces dernières années. » Ce constat, dressé par Paul Candaele, directeur de l'établissement public d'enseignement et de formation professionnelle agricole Roanne Chervé - Noirétable (42) lors de l'inauguration du Pôle Forêt environnement, est le fruit d'une réflexion menée ces dernières années autour de deux axes : la mécanisation et l'arrivée du numérique au sein des apprentissages des métiers forestiers.

Dans ce cadre, le lycée s'est récemment équipé de six simulateurs de conduite d'engins forestiers d'abattage et de débardage, grâce à une subvention de la Région Auvergne-Rhône-Alpes de 130 000 €. Les élèves ont accès à des simulateurs de deux marques différentes : John Deere (4) et Ponsse (2). Les marques ont été soigneusement choisies car « les simulateurs sont dotés de bras reproduisant à l’identique les commandes des engins forestiers que nous utilisons, explique Bruno Furon, chargé de mission atelier forêt environnement du lycée Nature et Forêt de Noirétable. Ainsi, quand un jeune arrive sur les machines du lycée, c'est le même fonctionnement. Ils n'ont plus qu'à ajouter l'apprentissage des sensations du réel. »

Limiter les risques 

L'usage de simulateurs offre de nombreux avantages, tant pédagogiques que pratiques. « La forêt reste un milieu à risque, rappelle Bruno Furon. Travailler sur simulateur permet de limiter les risques. Lorsque les jeunes ont un accident virtuel, il est moins grave et ne coûte rien. » Ainsi, en appréhendant les commandes via un simulateur, l'équipe pédagogique constate beaucoup moins d'erreurs commises sur le terrain. Mais aussi moins de peur. « Les jeunes peuvent avoir une appréhension liée à la taille des machines d'abattage et de débardage, qui sont très grosses. En s'entraînant sur simulateur, cette peur disparaît un petit peu. À l'intérieur de la cabine, ils retrouvent un environnement qu’ils connaissent déjà. De plus, dès qu'il pleut énormément, on ne peut pas aller en forêt avec les machines car on abîmerait les sols. Dans ce cas, on va faire de l'entraînement sur simulateur. »

Chaque étudiant bénéficie d'un identifiant afin de pouvoir suivre sa progression sur un programme prévu par l'enseignant. Les simulateurs produisent en effet des bilans de formation à chaque session, permettant de suivre l'apprentissage de l'étudiant. « Le programme ne fait pas de cadeau, juge Bruno Furon. Il notifie toutes les erreurs : lorsque l'on blesse un arbre, abime la machine, quand on risque de se renverser, quand un tas de bois est mal fait et risque de s'écrouler... Il juge également la fluidité et la rapidité des mouvements et donc les rendements. »

Le numérique : une aide à la gestion forestière 

En permettant à six jeunes de s'entrainer en même temps, cette salle de simulateur permet dorénavant au lycée de se positionner en acteur majeur de l'apprentissage de la conduite d'engins forestiers. Ainsi, l'établissement propose un certificat de spécialisation « Pilote de machine de bûcheronnage ». La pratique sur simulateur est également au programme du Bac pro Forêt. Si cela reste optionnel, les CAPa Travaux forestiers et BP Responsable de chantiers forestiers y ont également accès. Le lycée, qui a choisi de mettre l'accent sur le numérique, s'est également doté de logiciels facilitant l'apprentissage de la gestion forestière. Les jeunes peuvent ainsi se servir de la plateforme pédagogique Silva Numerica. Cette dernière simule l’évolution d’un écosystème biologique forestier dans le temps, en fonction des décisions de l’Homme. L'école possède également un logiciel de cartographie très complet et s'équipera bientôt d'une application permettant de faciliter la mise en place d'un plan de gestion forestière via la cartographie sur smartphone. 

À terme, le lycée envisage l'installation de douze simulateurs. « Il y a un tel besoin dans le domaine que nos apprentis reçoivent des offres d'embauche avant même la fin de leur parcours », lâche Paul Candaele.

Leïla Piazza