2020, année à oublier ?
Avec la pandémie de Covid-19, l’agriculture a retrouvé la confiance de la société. Toutefois, pour nombre d’entreprises agricoles, 2020 n’a pas été de tout repos. Retour sur des épisodes marquants de la crise sanitaire dans le monde agricole drômois.

Inédite, atypique, anormale, déroutante, maudite, noire…. l’année 2020 ne manque pas de qualificatifs pour le moins peu enviables. Et pourtant, tout n’avait pas démarré si mal que cela. Après une année 2019 marquée dans la Drôme par l’ampleur exceptionnelle de sinistres climatiques (grêle et neige), on espérait de 2020 une année « vingt sur vingt » ou même encore chez les viticulteurs « vin sur vin ».
Cet espoir a été balayé par la Covid-19 et l’annonce d’un confinement de la population le 17 mars à 12 h « pour quinze jours au moins ». Sa levée n’interviendra que le 11 mai, soit un mois et 25 jours plus tard. Entre temps, il a fallu s’adapter à vivre une situation inédite.
Pas de confinement pour les agriculteurs et salariés agricoles
Cela n’a pas toujours été facile. Agriculteurs et agricultrices, salarié-es agricoles n’ont pas cessé de travailler mais les mesures de lutte contre la covid-19 ont chamboulé l’organisation. Certaines filières, comme l’horticulture, ont très vite accusé de lourdes pertes en raison de la fermeture des lieux de vente de plantes. D’autres, comme la fraisiculture puis l’arboriculture ont dû faire face à une pénurie de main-d’œuvre étrangère. Il a fallu faire les saisons sans les équipes habituelles. Les secteurs agricoles et agroalimentaires ont aussi pâti de l’arrêt des cantines. Toutefois, pendant cette crise, l’agriculture et l’alimentation sont apparus plus que jamais comme des secteurs stratégiques.
Pénurie de main-d’œuvre étrangère, réouverture des marchés de plein air
Pendant le confinement, les conseillers techniques se sont organisés pour continuer à accompagner les agriculteurs, mais en travaillant différemment, à distance le plus souvent. Les responsables professionnels ont assuré un contact permanent avec la préfecture afin d’aider les exploitants à surmonter certaines problématiques. Cela a contribué à rendre à nouveau possible la vente de plants potagers puis de plantes fleuries sur une période cruciale, celle du printemps. Cela a permis aussi de rouvrir les marchés de plein air. Des drives fermiers ont vu le jour et le « click and collect » est devenu une pratique courante. Les coopératives et l’ensemble des organisations agricoles ont maintenu leur activité dans le respect de la sécurité de leurs salariés, adhérents et clients.
Horticulture et viticulture peinent à voir le bout du tunnel.
A la mi-mai, dans les exploitations, les points de vente directe, les centres de formation, sur la route, à la maison, le monde agricole s’est adapté au rythme d’un déconfinement très progressif. Gestes barrières et distanciation sociale sont devenues de nouvelles normes. Pour les acteurs de l’agritourisme drômois, le redémarrage de l’activité n’a pas été simple. D’autres secteurs comme l’horticulture, la viticulture peinent toujours à voir le bout du tunnel.
Un second confinement, un couvre-feu
Après un été sans sinistre climatique d’envergure, est arrivé la rentrée. Une rentrée inhabituelle pour bien des élèves des établissements de l’enseignement agricole devant respecter les mesures sanitaires strictes. Pour tous, la reprise tant attendue et le retour à une vie d’avant sera remise à plus tard avec la décision d’un second confinement du 30 octobre au 15 décembre, soit 1 mois et 18 jours. L’année 2020 s’est terminée sans fanfare mais avec un couvre-feu... Gardons l’espoir que 2021 signe un retour à la normal
Bien que la Covid-19 ait occupé une majeure partie de l’actualité en 2020, l’année écoulée a été marquée par d’autres faits marquants. Le 4 janvier, L’Agriculture Drômoise relatait l’interpellation des trois jeunes ayant incendié plusieurs bâtiments d’élevage en novembre 2019. Dans ce même numéro, le succès de la lavande tenait la grande Une. Un an plus tard, la filière doit apprendre à gérer son succès.
Aléas climatiques, loup
Après les dégâts de neige et de grêle de 2019, l’année 2020 a été celle de la restructuration des vergers endommagés, notamment ceux de noyers. Pour les oléiculteurs comme pour les viticulteurs, après des années de sécheresse et de canicule, l’irrigation devient un enjeu majeur. La Drôme n’aura pas été épargnée par le gel, qui a frappé fort dans la nuit du 24 au 25 mars. Ni par la sécheresse : les quatre premiers mois de 2020 ont été encore plus sec qu’en 2019. Le loup a continué à décimer des troupeaux d’ovins et s’est même attaqué à des chevaux. Fin août, les éleveurs ont exprimé leur désarroi au préfet référent national sur la politique du loup, Jean-Paul Célet.
Une manif pour dénoncer l'ensauvagement d'espaces ruraux
Fin août toujours, un millier de manifestants, majoritairement des éleveurs, ont manifesté pour exprimer leur opposition à la création de réserves de vie sauvage par l’Aspas (association pour la protection des animaux sauvages), dénonçant ainsi une sanctuarisation d’espaces ruraux.
HVE, ZNT
Dans les exploitations, la transition agroécologique s’est amplifiée, la certification HVE aussi. 2020 a aussi été marquée par la mise en œuvre des ZNT (zones de non-traitement), par le développement de l’agroforesterie, l’appel à consommer français… C’est encore l’année où l’on a beaucoup parlé de la relocalisation de la production agricole. C’est aussi celle des premiers renouvellements de Certiphyto. Et après les dramatiques actes malveillants commis sur des exploitations, a été présenté le dispositif Vigi Agri 26.
Pour les vignerons du Diois, après l’âpre bataille pour défendre la Clairette de Die rosé, l’abrogation de la loi de 1957 a été un soulagement. Mais dans un univers hautement concurrentiel, l’appellation souffre. Au cours de l’été, de nouvelles technologies sont à l’étude dans les vignobles de la région. Dans les élevages laitiers, les vaches adoptent les robots. Et l’oléiculture se penche sur son avenir.
La reconduction du dispositif TO-DE a été une bonne nouvelle
Les élections municipales ont été l’occasion d’évoquer l’engagement des agriculteurs dans les communes. Dans le domaine du machinisme, quad et SSV se sont faufilés toujours plus dans les exploitations. Quant aux Ets Roche Père et fils, fabricants de remorques, ils ont fêté leur 75 ans.
En 2020, le syndicat du Picodon a mis en évidence la bonne valorisation de l’appellation. Le marché du bio s’est interrogé sur son positionnement : démocratisation montée en gamme ? Pour les employeurs de main-d’œuvre, après les difficultés de recrutement pendant le confinement, la reconduction du dispositif TO-DE a été une bonne nouvelle.