ÉTUDE
ZNT : « un faible effet » sur la production

Des chercheurs ont tenté d’identifier les surfaces concernées par les distances de nontraitement. Selon eux, seul 0,2 % de la SAU se trouve à moins de 10 mètres des habitations. 

ZNT : « un faible effet » sur la production
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«Telles qu’elles sont définies actuellement par le gouvernement, les zones de non-traitement [de phytos] ne sont pas susceptibles d’avoir un grand effet sur la production agricole à l’échelle nationale », notent des chercheurs d’AgroParisTech dans une étude parue dans Building & Environment. Selon leurs estimations, réalisées en croisant le registre parcellaire graphique et les bases de l’IGN, seulement 0,2 % de la SAU française se situerait à moins de 10 mètres de bâtiments et serait donc potentiellement concernée par les ZNT. Cette proportion, soulignent les auteurs, monterait cependant à 5 % en considérant une distance de 50 m, voire à 29 % en considérant une distance de 150 m.
En termes de cultures, ce sont les prairies qui dominent dans les terres proches des habitations « avec 56 % de la surface à moins de 10 m des habitations, et 38 % à moins de 150 m ». Une prépondérance de l’herbe qui conduit les auteurs à estimer qu’« environ 50 % de la surface près des habitations, quelle que soit la distance considérée, ne serait pas traitée ». Le blé et le maïs viennent respectivement en seconde et troisième positions avec 7 et 6 % des surfaces à moins de 10 m. L’importance de ces cultures, soulignent toutefois les chercheurs, augmente avec la distance, « montrant qu’elles tendent à être semées loin des habitations ».
Selon l’étude, l’enjeu des ZNT serait particulièrement important pour les cultures pérennes, alors que 59 % de la surface d’oliviers, 53 % des surfaces de vergers, 45 % de la surface de vigne se trouverait à moins de 150 m des habitations. L’augmentation des distances de traitement à 100 ou 150 m, notent les scientifiques, pourrait donc « avoir un effet très fort sur la production de vin à l’échelle national », alors que la filière pèse 20 % de la valeur de la production agricole (chiffres 2018).
Pour éviter à la fois de réduire la production et de mettre en danger la santé des habitations, les chercheurs proposent de « cultiver près des habitations les cultures exigeant le moins de pesticides ». Autre résultat souligné dans l’article : avec 2 Mha de cultures traitées se trouvant à moins de 100 m des habitations, « convertir toutes ces terres ajouterait 7 % à la surface en agriculture biologique », notent les chercheurs. Et cette surface permettrait justement, signalent-ils, d’atteindre les objectifs français en matière de surface certifiée. L’étude, préviennent les auteurs en conclusion, pourrait cependant sous-estimer la surface concernée par les ZNT, « car elle prend en compte les distances par rapport aux bâtiments et non par rapport aux terrains autour de ces bâtiments ».