EXPOSITION
L’œil de l’art sur l’agriculture  et la ruralité

Soixante-treize œuvres originales d’artistes de renom permettant de découvrir le monde agricole et rural du XXe siècle à nos jours en France et en Europe, sont exposées jusqu’au 5 janvier 2025 en Haute-Loire,  au musée Crozatier.

L’œil de l’art sur l’agriculture  et la ruralité
Au milieu de l’une des salles de l’exposition un troupeau de vingt-quatre moutons fabriqués par l’artiste François-Xavier Lalanne. ©HLP

Depuis le 29 juin, l’agriculture et la campagne sont à l’honneur au Puy-en-Velay (Haute-Loire) au musée Crozatier dans le cadre de l’exposition « À travers champs, modernité et ruralité ». Après le succès de deux expositions phares - « Autoportraits » qui a attiré 57 500 visiteurs en 2023 et « Mammouths et Compagnie » avec près de 100 000 personnes en 2010 - le musée prend de nouveau de la hauteur avec ce nouvel événement auquel s’est associé le réseau des chambres d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes qui célèbre cette année son centième anniversaire.
Le Centre national d’art et de culture Georges Pompidou à Paris devant fermer ses portes pour travaux, le musée altiligérien lui a proposé une collaboration autour d’un projet d’exposition hors les murs, au Puy-en-Velay. « Il s’agit là d’une collaboration entre le plus grand musée d’art moderne au monde et la Haute-Loire, l’un des départements les plus ruraux et agricoles. C’est pourquoi nous avons souhaité montrer comment l’agriculture et la ruralité ont été vues par les artistes des XXe et XXIe siècles », explique Maud Leyoudec, directrice du musée Crozatier. 

L’agriculture s’expose

450 m2 répartis sur six salles situées au premier étage du musée montrent les visages du monde paysan, les travaux et bâtiments agricoles et laissent place à l’abstraction pour décrire l’espace rural.  Ces œuvres, signées des plus grands noms de l’art contemporain (de Georges Braque à Joan Mitchell, en passant par Marc Chagall, Raoul Dufy, Vassily Kandinsky ou Kasimir Malevitch), rendent compte d’un monde en constante évolution et portent les traces du contexte politique dans lesquelles elles ont été élaborées (guerres mondiales, révolution russe, passage du travail manuel à la mécanisation, grande dépression aux États-Unis...). Elles sont le fruit de souvenirs d’enfance ou offrent une vision personnelle de l’artiste. L’agriculture s’expose donc mais sous l’angle du cubisme, du fauvisme, de l’abstraction, du figuratif et de l’art brut... Chaque pièce d’art donne libre cours à interprétation et génère son lot de sensations. Fauteuils, canapés et ambiance musicale à disposition dans les salles invitent d’ailleurs à la contemplation voire à la méditation. Au détour de l’exposition, on tombe sur « Le cheval blanc » une peinture de Kasimir Malevitch, qui traduit la critique de la politique stalinienne à l’égard du monde rural et symbolisée par un homme dépourvu de bras, comme enfermé dans une camisole à la couleur du Parti. « L’Homme à la charrue » d’Henri Jannot, traduit le climat anxiogène de la montée du totalitarisme des années 1930. Parmi les œuvres majeures, on peut citer le regard enfantin que porte l’artiste Marc Chagall dans son tableau dénommé « Le marchand aux bestiaux ». Les ramasseurs de pommes de terre, au sol très sombre et aux personnages de dos, nous plongent dans une ambiance oppressante, celle des agriculteurs dont le travail n’est jamais terminé.

Les bergers du musée veillent sur les moutons

Quant aux œuvres d’art abstrait choisies par le musée, elles titillent l’imagination et nous transportent dans le monde de l’Agri-Culture. Ainsi, on reste subjugué devant la création monumentale « Les Terres de France » de l’artiste indien Viswanadhan qui met en scène des carrés recouverts de terres de différentes couleurs et origines géographiques. Mais le clou du spectacle reste le troupeau de vingt-quatre moutons fabriqués par l’artiste François-Xavier Lalanne et installé au beau milieu d’une salle. Attention, ce troupeau reste bien gardé par le personnel du musée qui s’est doté de berger(ère) chargé(e) d’empêcher tous ceux qui ne résisteraient pas à l’appel de la laine soyeuse de ces jolis moutons ou bien qui entreprendraient de s’asseoir dessus, puisque ces sculptures en trois dimensions étaient à l’origine... des sièges.

Véronique Gruber

Maud Leyoudec, directrice du musée Crozatier, en compagnie de Richard Guillien, attaché de conservation du patrimoine, en présence de l’œuvre en tôle d’acier et paille de Jim Dine « Nancy and I at Ithaca (Straw Heart) ». ©HLP

Autour de l’exposition

Pour faciliter l’accès à l’art et pour apprécier au mieux cette exposition, le musée a fait appel à la médiation entre les œuvres et le public via différentes activités (ateliers et visites) pour la jeunesse. Des visites commentées (seul ou en groupe) de l’exposition sont organisées tous les jours à 14h30 et 16h (durée 1h). 
Le musée et le Pays d’art et d’histoire vous conduisent aussi sur les sentiers du territoire avec les six œuvres éphémères et balades d’Écho, Street & Land Art en Velay.