Inauguration
Jordan Magnet : une ferme diversifiée et sécurisée
Bien connu pour son engagement dans le syndicalisme agricole, Jordan Magnet est avant tout exploitant agricole. Installé en polyculture élevage sur la commune de Soyans, il a fait le choix de la diversification.
Inaugurer officiellement son exploitation agricole en présence de personnalités, dont la préfète de la Drôme Elodie Degiovanni et la sous-préfète de Die, Corinne Quèbre, est toujours une belle reconnaissance. Et quand l’invitation provient de Jordan Magnet, très investi dans la vie agricole du département - et au-delà - cela prend tout son sens. à 32 ans, Jordan Magnet, ancien président des Jeunes Agriculteurs (JA) de la Drôme, aujourd’hui secrétaire général des JA Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), est installé sur une vingtaine d’hectares à Soyans, depuis le 1er janvier 2017. Sur ces terres, appartenant auparavant à son oncle, le trentenaire a fait évoluer au fil des années ses productions avec un seul leitmotiv : diversifier ses ateliers pour assurer une sécurité financière. Aujourd’hui en agriculture biologique, il cultive 18 hectares de lavande, alfafa, lentilles, luzerne fourrage, fenugrec, blé dur, blé de force, orge, cameline, maïs, tournesol, et moutarde à venir. En parallèle, à son installation, il a monté un atelier de porcs plein air intégral. S’il diminue aujourd’hui fortement cette production - par manque de rentabilité - il développe, en concomitance, un atelier brebis avec un projet de troupeau d’environ 50 têtes.
« J’entends, j’essaie et je vois »
« L’histoire de ma ferme, c’est : j’entends, j’essaie et je vois, avoue-t-il, évoquant ce désir de cultiver des graines de moutarde pour un nouveau projet. Les différents ateliers de mon exploitation me permettent d’avoir un système ultra résilient. Je peux arrêter n’importe quelle culture quand je le souhaite, sans risque financier important », déclare l’agriculteur, titulaire d’un BPREA maraîchage bio.
Lors de l’inauguration de son exploitation, Jordan Magnet a ainsi profité de la présence de nombreux élus, des représentants des organisations professionnelles agricoles mais aussi des étudiants en BPREA des CFPPA de Bourg-lès-Valence et de Nyons, pour évoquer les problématiques rencontrées à la tête d’une petite structure diversifiée. Dans un premier temps, et pour limiter les risques financiers, le trentenaire s’est lancé sans aucun investissement : terres en fermage, matériel intégralement en cuma. Il a seulement réalisé, fin 2019, un investissement de 80 000 € (hors terrassement, et subventionné à 50 %) pour la construction d’un bâtiment de stockage, sorti de terre fin 2021.
Savoir déléguer
Par ailleurs, s’il est éleveur, une activité très chronophage, Jordan Magnet est avant tout père de trois enfants. Une vie de famille qu’il ne souhaite pas sacrifier pour autant. « Je fais régulièrement appel au service de remplacement, prévient-il, son engagement syndical lui demandant de s’absenter assez régulièrement. Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide quand on en ressent le besoin, au service de remplacement, à la MSA... C’est bien de produire, mais il faut aussi vivre », confie-t-il aux jeunes étudiants, tout en évoquant le mal-être des agriculteurs aujourd’hui. Bien entouré par sa famille, Jordan Magnet prône le droit de se reposer… et de faire jouer son réseau. « On ne peut pas être bon de partout. Il faut accepter des appuis techniques, des formations, mais aussi savoir déléguer certaines tâches, administratives notamment. La chambre d’agriculture de la Drôme dispose de services très compétents », dit-il. Pour lui, le réseau - même entre agriculteurs - est primordial pour avancer et s’en sortir. « Comme on dit souvent, seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ».
Au niveau des ventes, Jordan Magnet travaille quasi-exclusivement en circuits courts, « un bon moyen pour valoriser au maximum ses produits même si la vente directe nécessite une importante logistique et beaucoup de temps passé ».
Inquiétudes sur la vente directe
Toutefois, il avoue avoir rencontré beaucoup de difficultés lors du premier confinement, en mars 2020. « Avec la Covid-19 et la chute des ventes, j’ai découvert les gros désavantages de la vente directe », stipule-t-il. En revanche, en post-confinement, ses ventes ont explosé. « La vente directe, ce n’est pas tout beau tout rose. C’est un mode de commercialisation en dents de scie et c’est aujourd’hui mon plus gros point faible, prévient-il, alors qu’il participe à trois marchés par semaine. Il ne faut pas hésiter à avoir plusieurs circuits de commercialisation, y compris en circuits longs (marchés de gros). »
Jordan Magnet, aussi président des JA du canton de Montélimar, a aussi plein de projets. Avec un collectif d’une dizaine de producteurs, il envisage la création d’un magasin à Allan. Un projet de boucherie fermière collective à Montoison, sur l’ancien site de Drôme Caille, est également à l’étude avec la communauté de communes du Val de Drôme en Biovallée. La reprise du restaurant familial - aujourd’hui tenu par sa mère - est aussi dans les petits papiers de l’agriculteur. Enfin, il attend l’arrivée de sa sœur - actuellement en BPREA - sur la ferme pour envisager la création d’un Gaec.