MACHINISME
Les fraises rotatives de retour grâce à leur polyvalence
Délaissées par le passé au profit des herses rotatives, les fraises rotatives enregistrent un regain d’intérêt avec l’évolution des pratiques culturales.
Les fraises rotatives, à l’instar des fameux Rotavator et Rotalabour de Howard et Rototiller de Rau désormais disparus des catalogues, ont connu leurs heures de gloire dans les années 1980 avant d’être détrônées par le déferlement des herses rotatives. Avec les modifications des pratiques culturales, ces outils de travail du sol et de préparation du lit de semence réapparaissent dans les campagnes. Polyvalents, ils sont utilisés pour casser les prairies, détruire les couverts végétaux, déchaumer superficiellement et préparer le lit de semence. « La largeur de travail limitée par le gabarit au transport a longtemps pénalisé les ventes de fraises rotatives et nous avons même, durant un temps, pensé à les retirer de l’offre. Aujourd’hui, des constructeurs proposent des modèles repliables de six mètres, voire davantage, adaptés aux tracteurs de forte puissance, qui permettent d’obtenir de bons débits de chantier », souligne David Finetti, directeur d’Alpego France.
Pointes et lames droites pour préparer le sol
Les rotors des fraises rotatives tournent conventionnellement dans le même sens que les roues du tracteur. Il existe toutefois des modèles sur lesquels le sens de rotation est inversé pour accroître l’effet d’enfouissement des pierres et des résidus de cultures, mais ils sont principalement utilisés en maraîchage. Les pièces travaillantes ne présentent pas toutes la même forme. Les lames droites et les pointes sont dédiées à la préparation du sol. Selon David Finetti, les pointes sont bien adaptées pour travailler en conditions pierreuses, car elles permettent de passer par-dessus les cailloux et même de les enfouir. Les lames droites, agissant comme un couteau, sont plébiscitées par les planteurs de pommes de terre, car elles présentent l’avantage de réaliser une préparation du sol nettement plus fine qu’une herse rotative. De surcroît, elles ne fabriquent pas de boulettes de terre perturbant le tri lors de la récolte et créent du volume, ce qui est idéal pour la formation des buttes.
Attention au lissage avec les lames coudées
Se montant sur des supports différents de ceux des pointes ou des lames droites, les modèles en équerre ou coudés sont recommandés pour la destruction des prairies et le déchaumage superficiel entre 0 et 5 cm. Elles assurent un scalpage uniforme de toute la surface du sol en hachant les résidus végétaux et en les mélangeant avec la terre. Leur utilisation demande d’intervenir en conditions bien ressuyées, sous peine de lisser le sol. Le lissage a lieu aussi lorsque le tracteur n’avance pas assez vite ou dès qu’il fait du surplace dans les bouts de champ. Pour s’affranchir des défauts des lames équerres, il existe des variantes hélicoïdales comme celles développées par Alpego. Ces pièces travaillantes coupent, hachent, mélangent et affinent tout en ne créant pas de semelle de labour. Elles travaillent entre 6 et 7 cm.
Des modèles dédiés au bio
Arrivées plus récemment, les fraises rotatives dites bio s’adressent particulièrement aux adeptes de la biofumigation, une méthode agronomique consistant à broyer finement l’engrais vert et à l’incorporer dans le sol. Ces machines se distinguant par l’absence de rouleau arrière peuvent être combinées à un broyeur monté sur le relevage frontal pour absorber les couverts végétaux les plus denses. Elles sont équipées de roues de jauge avant qui contrôlent la profondeur et d’un capot arrière réglable qui s’ajuste en fonction du travail souhaité. Capot fermé, les résidus de culture sont enfouis. Capot ouvert, les racines sont déposées en surface, afin qu’elles dessèchent sous l’action du soleil.
David Laisney