Réseau Loup-Lynx
Les chasseurs de la Drôme suspendent leur participation
Pour protester contre la récente estimation de la population de loups en France, qui lui semble bien en dessous de la réalité, la fédération des chasseurs de la Drôme a décidé de suspendre sa participation au réseau Loup-Lynx. Le point avec son président Rémi Gandy.
Le réseau Loup-Lynx, qui « vise à obtenir des informations fiables et robustes sur le plan scientifique concernant le nombre de loups et leur répartition sur le territoire », devra se passer d’un contributeur de poids : la fédération des chasseurs de la Drôme. Après l’annonce le 3 juillet de l’estimation provisoire de la population de loups en France - 906 contre 921 l’année dernière - lors du groupe national loup à Lyon (lire ici), les chasseurs drômois ont décidé qu’ils ne feront plus remonter aucune de leurs données au réseau national. « Rien qu’en Drôme, nous pouvons à partir des données recueillies, notamment grâce à nos pièges photographiques, estimer la population à 240 loups », indique Rémi Gandy, président de la fédération de chasse départementale. Pour lui, la méthode de comptage appliquée par le réseau Loup-Lynx doit urgemment être remise en question. « Elle est décrite comme la meilleure d’Europe par la Commission européenne. Mais si l’on en croit les chiffres annoncés, un quart de l’effectif de loups français se trouverait donc en Drôme et personne ne s’en inquiète, interroge non sans ironie le président des chasseurs de la Drôme. Dans cette méthode de dénombrement, soit l’OFB [Office français de la biodiversité, ndlr] ne prend pas en compte toutes les données qu’on lui transmet, soit il y a un problème sur la méthode. L'ex-ministre de l’Agriculture [Julien Denormandie, ndlr] l’avait lui-même dit à l’époque [au Grand-Bornand en octobre 2021, ndlr] : il faut plus de précisions dans le comptage*. » La fédération des chasseurs de la Drôme avait alors proposé de piloter un grand comptage, via une campagne de hurlements provoqués sur l’ensemble du département. Une démarche qui se voulait expérimentale dans l’objectif de confirmer ou infirmer, ou tout du moins d’enrichir, les données du réseau Loup-Lynx, mais qui n’avait pas reçu l’aval de l’État. « Nous regrettons de devoir suspendre aujourd’hui notre participation au réseau national. Nous avons en Drôme d’excellentes relations avec l’OFB, la DDT, la préfète, la sous-préfète de Die référente sur la chasse et le loup, commente Rémi Gandy. Mais nous voyons bien que les services de l’État n’ont pas la main sur ce dossier qui est avant tout politique. » Et d’ajouter : « Sans même parler du gibier, on sait que la disparition du pastoralisme aura des conséquences sur la biodiversité. On ne comprend pas pourquoi ces questions ne sont pas abordées. Que se passe-t-il au niveau de l’Europe ? Pour moi, le traitement de ce dossier manque de dignité. »
Sophie Sabot
* Le ministre avait précisément indiqué lors du congrès de l’association des élus de montagne (Anem) avoir pris l’initiative de « revoir la méthodologie de comptage des populations afin d'adapter les prélèvements aux réalités vécues sur le terrain ».