Filière caprine
Engraisseur  de chevreaux,  un métier devenu rare

À la tête de l’EARL Le Vivier à Cliousclat, Rémy et Benoît Simiand ont pris la suite de leurs parents et perpétuent l’atelier d’engraissement caprin malgré les difficultés de la filière.

Engraisseur  de chevreaux,  un métier devenu rare
Rémy et Benoît Simiand gèrent l’exploitation familiale située à Cliousclat. © AP

Ils sont moins d’une trentaine au niveau national : les engraisseurs de chevreaux sont de plus en plus rares dans le paysage agricole français. À Cliousclat, la famille Simiand a démarré l’atelier d’engraissement au milieu des années 1980. Près de quarante ans plus tard, les fils, Rémy et Benoît, continuent cette activité et engraissent chaque année environ 25 000 chevreaux. Comme le faisait leur mère Josiane à l’époque, ils se rendent chaque semaine, de septembre à mars, dans les élevages de la région pour la collecte de chevreaux, âgés d’environ 8 jours ou pesant 5 kg. « Nous travaillons avec près de 300 éleveurs, des Monts du Lyonnais à Saint-Étienne, en passant par Lamastre, Joyeuse, Buis-les-Baronnies ou encore le Vercors », indique Rémy Simiand, 39 ans. Les chevreaux restent environ un mois chez l’EARL Le Vivier et sont nourris à base de lait en poudre. « Le coût des matières premières a augmenté de façon considérable, alerte l’éleveur. Le lait en poudre a pris plus de 1 000 € la tonne. Avant, on le payait 1 500 € la tonne, contre 2 500 aujourd’hui. Sans compter la hausse des prix du gasoil et de l’électricité… »

Le coût des matières premières a explosé

Une conjoncture économique qui inquiète l’engraisseur et qui s’ajoute au manque de valorisation déjà existant. « Lorsque les chevreaux atteignent un poids entre 9 et 11 kg en moyenne, nous les vendons à l’abattoir Ribot qui s’occupe de la commercialisation ». L’écoulement de la viande caprine n’est pas toujours évident, et cela depuis plusieurs années. Si le Syndicat caprin de la Drôme travaille à la création d’un label rouge en vue d’améliorer la valorisation de cette viande, « le cours du chevreau est toujours délicat et varie énormément selon les années. Cela s’explique notamment par le manque de concurrence des abattoirs, au nombre de trois en France », ajoute Benoît Simiand. « Nous sommes un peu coincés dans le système, confie Rémy Simiand, il est difficile de valoriser suffisamment la viande de chevreau, qui est une viande saisonnière et festive, principalement vendue pour Pâques et à Noël. » Ce dernier explique même que 70 à 80 % de la viande est commercialisée à l’export, alors même que la filière caprine est touchée par la concurrence des marchés extérieurs, à savoir la Grèce, l’Italie, voire les Pays-Bas.

Un marché à l’export principalement

Cette année, les frères Simiand ont pu vendre les chevreaux entre 3,70 et 3,90 € le kg, avec une baisse des tarifs après Pâques. Face au contexte difficile, l’exploitation familiale ne se contente pas de ce seul atelier d’engraissement caprin et a fait le choix de la diversification. « Quand je me suis installé en 2004, nous avons lancé un atelier de chèvres laitières. Nous avons aujourd’hui un cheptel de 400 bêtes, ce qui permet de diversifier notre activité », souligne Rémy Simiand. En parallèle, les deux frères - Benoît, 32 ans, s’est installé en 2011 - cultivent 150 hectares de terres en luzerne, céréales, maïs et tournesol semences. « Nous avons également un verger de deux hectares d’abricotiers, cher à notre père. »

Amandine Priolet