Chasse
Les chasseurs adoptent une motion sur le loup

En assemblée générale à La Chapelle-en-Vercors, la Fédération des chasseurs de la Drôme a fait des propositions pour une nouvelle gestion de l’espèce lupine en Drôme.

Les chasseurs adoptent une motion sur le loup
Rémi Gandy, président de la FDC 26, a rappelé qu’un protocole national a été signé en mars entre les chasseurs, le monde agricole et les services de l’État pour garantir la réduction des dégâts de sangliers sur les cultures. © EP

Le 15 avril, la fédération des chasseurs de la Drôme (FDC 26) réunissait ses adhérents pour son assemblée générale à La Chapelle-en-Vercors. Rémi Gandy, président, a rappelé quelques fondamentaux dans son discours introductif. Il a réaffirmé que la chasse est une activité populaire qui permet de mêler toutes catégories sociales. « Ne nous laissons pas enfermer dans cette distinction d’une chasse “de loisir” qui serait bien futile et inutile et qui s’opposerait à celle d’une chasse de “régulation”, sérieuse et indispensable à la société. C’est sur cette ligne de partage que le mouvement anti-chasse joue », a-t-il déclaré. Il a également évoqué la sécurité comme un enjeu fort. Toutefois, il a formulé le souhait de voir dans la loi examinée par le Sénat* le retrait de deux points : l’obligation de s’habiller en orange pour la chasse du petit gibier et la formation au maniement des armes de tous les chasseurs d’ici 2025, sans moyens annoncés. Bernard Buis, sénateur de la Drôme, a assuré de son soutien aux chasseurs dans le cadre de l’étude de cette loi.

Incompréhensions face à l’OFB

Par ailleurs, le président de la FDC 26 a regretté que deux dossiers de financement déposés à l’Office français de la biodiversité dans le cadre de l’écocontribution aient été rejetés. C’est le cas du programme d’action « Cipan biodiversité », mené en partenariat avec la chambre d’agriculture de la Drôme et soutenu par la région Auvergne-Rhône-Alpes. Cette action a permis de semer 1 000 hectares pour la préservation de la biodiversité et l’amélioration des sols. Face à l’« opacité de ce refus », Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d’agriculture, a souligné l’importance de ce programme dont il sera peut-être nécessaire de réduire le développement. « On va tout faire pour le maintenir mais sans financement ce sera vraiment dur » a-t-il averti. Autre dossier refusé par l’OFB, une étude pour une meilleure connaissance du cerf dans le Vercors. Les dossiers sur l’implantation de haies et le suivi des oiseaux, eux, ont été validés.

Réduire les dégâts de sangliers

Rémi Gandy s’est également félicité de l’efficacité du plan de résilience national de 80 millions d’euros sur trois ans destiné à réduire les surfaces de dégâts de gibiers et du travail « remarquable » de la DDT sur le plan local. « En mars dernier au Salon de l’agriculture, a été signé un accord avec le monde agricole et un protocole d’accompagnement par l’État. L’objectif de cet accord est de réduire de 20 à 30 %, d’ici trois ans, les surfaces de dégâts de sanglier au niveau national », a détaillé le président de la fédération drômoise. En 2022, 8 555 sangliers ont été prélevés dans la Drôme contre 10 835 en 2021. Côté dégâts, 213 dossiers ont été indemnisés en 2021-2022 pour un total de 200 000 euros (sous réserve de la clôture des dossiers comptables). Pour l’exercice 2022-2023, toujours en cours, 58 dossiers ont été indemnisés pour un total de 58 244 euros.

Michel Sanjuan, vice-président de la FDC 26, a détaillé le texte qui préconise que la Drôme devienne un département pilote sur la gestion lupine. © EP

50 loups, pas plus

Le moment fort de la matinée a été le vote à l’unanimité et sous les applaudissements d’une motion sur le loup. Après deux films « chocs » rappelant les chiffres des dégâts du loup, Michel Sanjuan, vice-président de la fédération des chasseurs de la Drôme, a détaillé le texte qui préconise que la Drôme devienne un département pilote sur la gestion lupine. « Suite à nos observations et études, en concertation avec nos partenaires, le chiffre cible admissible dans notre département est de 50 loups, a-t-il affirmé. Nous demandons aux services de l’État le prélèvement de 100 loups pour la saison 2023-2024. » La motion des chasseurs drômois réaffirme également qu’il n’est pas souhaité que le loup soit classé en espèce gibier et propose au service de l’État « la participation de l’ensemble des chasseurs à toutes les interventions de tir de la louveterie, l’annulation des contraintes de prélèvement pour les louvetiers et bergers, l’autorisation des tirs au cours des battues de grands gibiers et l’autorisation de tir à l’affût ou à l’approche ». Le texte indique également qu’en cas de refus des services de l’État, la fédération des chasseurs de la Drôme se dégage « de toute responsabilité concernant le braconnage ou plus ». Une demande de dérogation et d’affranchissement de la Convention de Berne est également déposée par les chasseurs. 

Elodie Potente 

*Proposition de loi « visant à améliorer la sécurité de la pratique de la chasse » déposée le 3 février 2023 au Sénat en première lecture. 

Ils ont dit

Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d’agriculture de la Drôme 
« Vous l’avez dit, plus de 1 000 animaux domestiques ont disparu sous les crocs du loup sans compter les pertes derrière une attaque : avortements dans les troupeaux, perte génétique. Il faut environ une vingtaine d’années pour monter un troupeau à haute valeur génétique. Vous avez une attaque de loup, vous n’avez plus assez d’animaux à vendre et vous perdez des aides…1 000 animaux, ça correspond à quatre exploitations moyennes ovines qui ont disparu », a expliqué le président de la chambre d’agriculture de la Drôme. « On parle de plus de 200 loups dans notre département. Vous avez évoqué la fin de la chasse, nous souhaitons parler de la fin du pastoralisme et du déséquilibre total de notre agriculture, de nos territoires ruraux sans pastoralisme. J’espère vraiment que les services de l’État et l’ensemble des parlementaires de notre département seront en faveur de l’expérimentation proposée par la motion. »

Didier-Claude Blanc, conseiller régional Auvergne-Rhône-Alpes 
« Certains n’ont de cesse de réduire le débat en opposant les pro aux anti-loups, alors qu’il n’en est rien », a souligné le conseiller régional. Il a dénoncé « une économie de montagne qui se dégrade » avec un possible « impact délétère sur la biodiversité » et le coût des attaques pour les finances publiques.

Corinne Quèbre , sous-préfète de Die
« Je mesure la détresse des éleveurs pour la partager avec eux, a indiqué la sous-préfète de Die. Dès qu’une attaque a lieu, j’appelle l’éleveur pour témoigner du soutien et de l’accompagnement qui est le nôtre dans ces moments très difficiles. » Les chiffres des attaques au 14 avril 2023 sont plus bas que ceux de 2022 : 59 constats pour 152 animaux tués au 14 avril 2023 contre 71 constats et 258 animaux tués l’an dernier à la même date. Toutefois, la sous-préfète a réaffirmé l’engagement de l’État : « Vous savez tous à quel point ce sujet est sensible, parfois passionnel et à quel point l’État est extrêmement mobilisé pour accompagner les éleveurs et mettre en œuvre les mesures de protection des troupeaux et de régulation de la population lupine dans le strict cadre réglementaire défini par les textes nationaux ». Elle a rappelé qu’en 2022 il y a eu 231 sorties de louvetiers (contre 55 en 2021) et que des lieutenants louvetiers sont en cours de recrutement. 

E. P.