Que sont-ils devenus ?
Loriane Mazard : « J’élève désormais mes propres poulettes »

En 2021, nous avions rencontré Loriane Mazard, éleveuse et productrice d’œufs bio à Eurre et lauréate des « Talents Tech&Bio de la performance durable » (lire ici). Depuis, elle a fait évoluer son système.

Loriane Mazard : « J’élève désormais mes propres poulettes »
Loriane Mazard. ©AD26

Lorsque nous l’avions rencontrée en septembre 2021, Loriane Mazard avait déjà deux années de recul sur son installation en poules pondeuses bio*. Dès la première années, elle avait réussi à atteindre les objectifs de son prévisionnel DJA avec ses quatre poulaillers mobiles de 30 m² (180 poules chacun ; pour chaque bâtiment 5 000 m² de parcours répartis en quatre parcs, rotation toutes les six semaines). À l’époque, Loriane Mazard achetait des poulettes de 17 semaines qu’elle gardait ensuite en production durant 18 mois.

« La grande nouveauté c’est que j’élève désormais mes poulettes », annonce la jeune éleveuse. Un cinquième bâtiment, initialement consacré à l’élevage de Grises du Vercors est désormais destiné à cette activité. « J’achète des poussins sexés d’un jour auprès du couvoir Dubois dans l’Ain. Je travaille par lot de 400 poussins avec trois races : barrée, cendrée et Sussex, précise-t-elle. Après seize semaines d’élevage, je garde l’effectif dont j’ai besoin pour ma production d’œufs et je vends le reste à des éleveurs ou particuliers. Ainsi, je n’ai plus de grosse sortie de trésorerie pour renouveler mes lots de poules pondeuses. Globalement, le système s’équilibre et mes poulettes ne me coûtent rien. » Autre atout de ce fonctionnement selon l’éleveuse : elle peut choisir son protocole vaccinal ou encore ne pas désailer ses bêtes. « Quand les poulettes passent dans les bâtiments pondeuses, cela ne représente pas un gros changement pour elles. Elles me connaissent, elles ont l’habitude de l’aliment », souligne-t-elle. Si le taux de ponte a très légèrement baissé par rapport à l’ancien système, il est compensé par le choix des races qui assurent des poules de réforme plus lourdes et donc mieux valorisées.

Sa mère l’a rejoint sur l’exploitation

En septembre 2021, un autre changement majeur s’annonçait aussi : Loriane allait être maman. « Ma mère avait pour projet de démissionner de son poste d’éducatrice spécialisée pour me rejoindre sur l’exploitation. C’est elle qui a assuré le remplacement durant mon congés maternité et elle a actuellement un statut d'aide familial. Nous avons développé depuis l’année dernière une activité pédagogique, notamment dans les écoles, où nous proposons d’installer une couveuse qui permet aux enfants de suivre le processus jusqu’à l’éclosion des poussins. Nous recevons aussi des groupes sur la ferme. Pour nous faire connaître, nous travaillons avec les Civam. Le bouche-à-oreille commence aussi à fonctionner », poursuit l’éleveuse. L’objectif désormais est de consolider l’activité pour permettre l’installation de la maman de Loriane. « Nous sommes en réflexion sur de nouveaux ateliers. Nous faisons en ce moment des essais sur les lapins, les cailles », annonce la jeune femme.

Sophie Sabot

* L’exploitation dispose d’un centre de conditionnement agréé CE. Les œufs sont commercialisés en extra-frais (moins de neuf jours) sur le marché de Crest, en magasin de producteurs, auprès d’Amap, épiceries, boulangeries et restaurateurs.