Boucherie française
Aurélien Valla, la passion de la boucherie… et de l’élevage !
Passionné depuis toujours, Aurélien Valla a fondé sa propre boucherie à Alba-La-Romaine (Ardèche) en 2016. Il avait pourtant débuté ses études dans le monde agricole… deux secteurs finalement intimement liés !
Au pied des vestiges de la ville romaine d’Alba-La-Romaine, en Ardèche, de nombreux commerces font vivre cette commune rurale de 1 500 habitants. Parmi eux, la boucherie charcuterie traiteur d’Aurélien Valla. Derrière de gros murs en pierres noires d’origine volcaniques – typiques du lieu – s’étend une surface commerciale de 50 m², où sont proposées viandes de pays, charcuteries maison et autres plats traiteur. Un nouveau lieu de vente qu’a acquis le propriétaire des lieux, Aurélien Valla, en mars 2023, après avoir repris une boucherie existante à quelques centaines de mètres de là sept ans auparavant.
Pourtant, rien ne prédestinait l’homme de 40 ans à poser ses valises dans ce secteur rural. Originaire de Châteauneuf-sur-Isère, dans la Drôme, Aurélien Valla a longtemps baigné dans le monde agricole. Ses oncles et grands-parents, agriculteurs de métier (fruits et céréales), lui ont transmis la passion de la ruralité. « Très vite, j’ai su que je voulais monter mon exploitation agricole et plus particulièrement un élevage de bovins allaitants. J’ai donc passé un Brevet d’études professionnelles élevage (en 2002) puis un baccalauréat professionnel élevage (en 2004) avant d’obtenir un BTS Acse (analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole) au lycée agricole Olivier de Serres à Aubenas », déclare-t-il. Avec la ferme intention de créer un atelier découpe au sein de sa future exploitation, Aurélien Valla passe en 2007 son CAP boucher en apprentissage à Bourgoin-Jallieu (Isère).
Un approvisionnement en viandes locales
Finalement, c’est dans ce métier qu’il excellera. « Pour des raisons personnelles, j’ai fait le choix de me diriger vers le métier de boucher. Après l’obtention de mon diplôme, j’ai immédiatement été embauché. J’ai travaillé dans plusieurs boucheries de Privas (Ardèche) avant de rejoindre l’équipe de l’abattoir. Mais j’avais toujours à cœur d’avoir ma propre société, de servir mes propres clients, de leur faire plaisir. J’ai eu l’opportunité de reprendre la boucherie Belin d’Alba-La-
Romaine en janvier 2016, dans un village rural, très terre à terre, qui me ressemblait », se réjouit-il. Pendant des années, il a donc développé la boucherie existante, proposant de nouvelles recettes. « Le commerce faisait 60 m², nous commencions à être à l’étroit », avoue-t-il, alors qu’il travaille aujourd’hui avec deux ouvriers et un apprenti à ses côtés. « C’est pourquoi nous avons déménagé en mars 2023 dans cet espace plus grand 〔 50 m² de surface de vente, 50 m² de laboratoire, 50 m² de stockage et de chambre froide, NDLR 〕 ».
En huit ans, le nombre de clients est passé de 40 par jour, à près de 100 aujourd’hui. La boucherie charcuterie traiteur met un point d’honneur à fabriquer charcuteries et plats traiteur maison. « Notre clientèle aime également le fait que nous nous approvisionnions en viande locale, notamment chez des éleveurs bovins
du coin. Nous travaillons aussi avec un chevillard du plateau ardéchois. C’est important pour nous, d’autant plus qu’en Drôme et en Ardèche, nous avons tout ce qu’il faut. Le monde agricole est très présent ici », indique Aurélien Valla.
Un manque de main d’œuvre criant
Si cela ne fait « que » huit ans qu’Aurélien Valla est dans le métier, ce dernier avoue avoir perdu sa passion de départ. « Le métier me plaisait, la conjoncture me dégoûte », avoue-t-il. « C’est de plus en plus compliqué de recruter. Depuis le mois d’avril et le départ de l’un de mes ouvriers, il m’est impossible de trouver quelqu’un. Il n’y a personne sur le marché du travail… si on ne forme pas les jeunes, cela va devenir vraiment difficile de perdurer dans le métier », regrette-t-il. Pour passer outre ce manque de main d’œuvre, le Drômois d’origine a dû se résoudre à changer les horaires de son magasin. « En tant qu’artisan, nous ne comptons pas nos heures. Toutefois, nous ne pouvons pas tout absorber. Auparavant, mon jour de fermeture était le lundi, comme dans de nombreux métiers de bouche. Désormais, je ferme également le jeudi, et depuis novembre, le samedi après-midi. »
Pourtant, ce ne sont pas les projets qui manquaient à Aurélien Valla. « Notre déménagement devait nous permettre de développer l’activité traiteur, mais sans personnel supplémentaire, ce n’est pas possible. J’étais aussi dans l’optique de créer un séchoir et un fumoir pour proposer d’autres services. Mais aujourd’hui, tout est en stand-by1… », déplore l’artisan boucher.
En attendant, Aurélien Valla tente de se satisfaire des bonnes nouvelles qui émanent de la filière bouchère française, dont la récente inscription de l’art de la découpe au patrimoine culturel immatériel. « C’est une belle reconnaissance pour le métier, même si je pense que dans nos campagnes, cela n’aura pas d’impact particulier… ».
Amandine Priolet
1. En suspens.
La filière bouchère française en chiffres
• 18 000 points de vente.
• 80 000 artisans bouchers. bouchers charcutiers, traiteurs
• Plus de 10 000 apprentis formés chaque année.
• Chiffre d’affaires annuel : 8 milliards d’euros.
• Répartition : 75 % d’hommes, 25 % de femmes.
• Chefs d’entreprise : 18 % sont des femmes.
• Salariés : 30 % sont des femmes.
• Création / reprise : 550 boucheries (chiffres 2022).
Source : CFBCT
Patrimoine culturel immatériel : l’art de la découpe bouchère à l’honneur
Alors que la Confédération Française de la Boucherie, Boucherie-Charcuterie, Traiteurs (CFBCT) célèbre cette année ses 130 ans, la filière a vécu le 25 novembre dernier un moment historique. En effet, les artisans bouchers peuvent se féliciter de voir leurs pratiques reconnues officiellement avec l’inscription des « savoir-faire de la découpe bouchère à la française » à l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel français. Jean-François Guihard, président de la Confédération, a reçu des mains de Rachida Dati, ministre de la Culture, le certificat d’inscription officiel. « En tant que Président de la CFBCT, il me tenait particulièrement à cœur de faire valoir la qualité des gestes et des techniques que nous avons reçus en héritage par nos maîtres d’apprentissage et que nous mettons en pratique au quotidien dans nos boucheries. Ces gestes, nous les transmettons à notre tour à nos apprentis. L’inclusion de notre savoir-faire comme partie intégrante du patrimoine culturel immatériel français est l’aboutissement d’un travail de longue haleine mené pendant deux ans par la CFBCT, avec le précieux soutien du monde universitaire et de la recherche scientifique. C’est une grande fierté d’avoir obtenu cette prestigieuse reconnaissance de la part du ministère de la Culture et nous mesurons le rôle de transmission que nous avons à jouer pour participer à la sauvegarde de ce savoir-faire unique auquel nous sommes profondément attachés », a déclaré Jean-François Guihard dans un communiqué. Cette inscription met en lumière un savoir-faire d’exception, transmis de génération en génération au sein des boucheries artisanales.
A.P.