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Sensibilisation

« La biodiversité est un atout pour l'activité agricole »

 Samedi 25 mai, la chambre d'agriculture de la Drôme et ses partenaires organisent une « Journée biodiversité à la ferme ». Myrtéa Chaumien, conseillère biodiversité et agroforesterie, présente cette seconde édition.

« La biodiversité est un atout pour l'activité agricole »
« Cette année, nous avons choisi de concentrer l'événement sur une seule exploitation agricole en rassemblant quatre partenaires sur l'exploitation de Samuel Jacquet, à Beaumont-lès-Valence », explique Myrtéa Chaumien, conseillère biodiversité et agroforesterie à la chambre d'agriculture de la Drôme, chargée d'organiser la « Journée biodiversité à la ferme » programmée le samedi 25 mai.

Pour la seconde édition de la « Journée biodiversité à la ferme », la chambre d’agriculture de la Drôme a choisi la ferme de Samuel Jacquet, à Beaumont-lès-Valence (lire ci-dessous). Organisé le samedi 25 mai de 10 h à 17 h, l'évènement s'adresse au grand public, jeunes et adultes. L’objectif est de mettre en valeur les initiatives des agriculteurs en faveur de la biodiversité et d'ouvrir le dialogue entre le monde agricole et les citoyens. L'an dernier, douze fermes avaient ouvert leurs portes simultanément. « Cette année, nous avons choisi de concentrer l'événement sur une seule exploitation agricole en rassemblant sur ce site unique quatre partenaires : l'association pour le développement de l'apiculture en Auvergne-Rhône-Alpes (ADA Aura), la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), la fédération départementale des chasseurs et la Mission haies Auvergne-Rhône-Alpes. Chacun organisera des animations », explique Myrtéa Chaumien, conseillère biodiversité et agroforesterie à la chambre d'agriculture de la Drôme, qui animera également un stand.

Des animations variées

Lors de cette journée, que ce soit sous forme de jeux ou de panneaux explicatifs, le public pourra gratuitement tout savoir sur les auxiliaires des cultures, la faune sauvage, les insectes pollinisateurs, le rôle des haies et des arbres... « De plus, Samuel Jacquet fera visiter sa ferme en expliquant son implication dans la mise en place de techniques agricoles favorisant les espèces et les écosystèmes. Il montrera les infrastructures agroécologiques qu'il a mises en place », souligne Myrtéa Chaumien. À noter, des sessions d'écoute d'oiseaux emblématiques des paysages agricoles drômois seront également proposées ainsi que des dégustations de miels pour tenter de reconnaître les espèces butinées.

Pour faire connaître cette « Journée biodiversité à la ferme », des affiches sont posées dans les écoles et les commerces proches de la ferme… « De plus, nous sommes partenaires de la Fête de la nature qui se déroulera du 22 au 26 mai. Notre journée est donc inscrite au planning de cette grande manifestation nationale », se réjouit la conseillère de la chambre d'agriculture. Sur place, moyennant finance, le public pourra se restaurer auprès d'un foodtruck et/ou d'un stand de gaufres et de crêpes.

La biodiversité, axe important

Au-delà de cet événement, les techniques favorisant la biodiversité en agriculture restent un axe important des actions conduites par la chambre d'agriculture de la Drôme. Celles menées par Myrtéa Chaumien comportent, entre autres, l'observation d'insectes rampants (araignées, carabes, scolopendres, mille-pattes…) et volants (abeilles, coléoptères, punaises, mouches…) sur deux types de parcelles de la plateforme Tab* : l'une menée en agroforesterie, l'autre non pour servir de témoin. « J'utilise des pièges Barber** pour les rampants et des cuvettes jaunes pour les volants, précise-t-elle. Les pièges sont placés une semaine par mois, de mars à août, sur les deux parcelles. » La conseillère forme aussi les agriculteurs sur l'intérêt des haies et les accompagne ensuite pour les aider à financer leurs plantations. « Nous sommes parfois sollicités par des particuliers dont les terrains sont situés en limite de parcelles agricoles », constate-t-elle. Des journées techniques avec la LPO sont également organisées ainsi que des formations sur la biodiversité en viticulture et arboriculture. « Améliorer la biodiversité est un travail de longue haleine, souligne Myrtéa Chaumien. Mais c'est véritablement un atout pour l'activité agricole. »

Christophe Ledoux

* Tab : techniques alternatives et biologiques.

** Pièges Barber : récipient à parois lisses, enfoncé dans le sol et dont l'ouverture affleure au niveau du sol, rempli d'eau et de liquide vaisselle.

Une ferme céréalière qui cultive aussi la biodiversité

Une ferme céréalière qui cultive aussi la biodiversité
« Depuis vingt-cinq ans, nous pratiquons le semis direct, explique Samuel Jacquet. À l'époque, mon père l'a fait pour des raisons économiques. Désormais, je le fais aussi pour des raisons écologiques. » ©CompteFacebook - Sam&Pâtes Terre de blé

Très investi dans les actions favorables à la biodiversité sur son exploitation agricole (EARL Delimo), Samuel Jacquet, agriculteur à Beaumont-lès-Valence, n'a pas hésité à dire oui pour accueillir la « Journée biodiversité à la ferme », événement organisé par la chambre d'agriculture et ses partenaires le samedi 25 mai (lire ci-dessus). « Depuis vingt-cinq ans, nous pratiquons le semis direct, explique-t-il. À l'époque, mon père l'a fait pour des raisons économiques. Désormais, je le fais aussi pour des raisons écologiques car cela préserve la vie du sol et nous oblige à diversifier nos cultures. »

L'EARL Delimo compte 80 hectares de grandes cultures. La moitié de la surface est consacrée au blé dur (15 ha), au soja (15 ha) et au maïs consommation (10 ha) ; l'autre moitié est emblavée en sorgho, tournesol, blé tendre, orge, féverole, petit pois fourrager… À noter, près de vingt tonnes de blé dur sont transformées en 13 tonnes de pâtes fermières vendues dans une soixantaine de points de vente. L'exploitant réalise aussi quelques prestations de travaux agricoles (moisson et semis).

6 km de haies, 120 nichoirs

Depuis le début de l'année, Samuel Jacquet et son père (désormais retraité salarié de l'exploitation) ont planté 450 mètres de haies multi-espèces. « Au total, nous avons six kilomètres de haies sur toute la ferme », fait remarquer Samuel Jacquet. De plus, 120 nichoirs ont été installés sur une douzaine d'hectares. « Nous les avons auto-construits pour accueillir mésanges, chauves-souris, chouettes et rapaces, indique-t-il. Tous les ans, la société Agrinichoirs vérifie qu'ils sont habités. »

Par ailleurs, cet hiver, toutes les parcelles de l'exploitation étaient soit cultivées (comme le blé), soit sous couvert végétal. « Cela permet de créer un réservoir de biodiversité important », constate-t-il.

Pour plusieurs actions, Samuel Jacquet a intégré le dispositif PSE (paiements pour services environnementaux) de Valence Romans Agglo. « Cela finance tous nos efforts en faveur de l'environnement, que ce soit la diminution des produits phytosanitaires, la diversité des cultures, la plantation de haies... ».

« Le 25 mai, nous expliquerons notre travail, l'intérêt du semis direct comme l'une des solutions pour une agriculture durable, annonce-t-il. Lors de la visite de la ferme, nous montrerons aussi les matériels spécifiques que nous utilisons. »

Christophe Ledoux

« Promouvoir l'engagement des agriculteurs en faveur de la biodiversité »

« Promouvoir l'engagement des agriculteurs en faveur de la biodiversité »
Jean-Philippe Bréchet, élu référent biodiversité à la chambre d'agriculture de la Drôme.

« La biodiversité fait partie de notre plan stratégique 2025, explique Jean-Philippe Bréchet, élu référent biodiversité à la chambre d'agriculture de la Drôme. Par les conseils et les formations, l'objectif est d'aider les agriculteurs à faire évoluer leurs pratiques car l'activité agricole joue un rôle important dans la préservation et l'amélioration de la biodiversité. Maintenir l’équilibre des écosystèmes, c’est préserver le potentiel de production des parcelles. Les essais menés sur la plateforme des techniques alternatives et bio (Tab), depuis 2013 à Étoile-sur-Rhône, vont également dans ce sens. Tout comme les nombreux partenariats mis en œuvre. Ce qui est important, c'est de co-construire. »

Jean-Philippe Bréchet, viticulteur et arboriculteur à Piégon, ajoute : « Pour promouvoir auprès du grand public cet engagement des agriculteurs en faveur de la biodiversité, le bureau de la chambre d'agriculture a fait le choix d'organiser une seconde édition de la “Journée biodiversité à la ferme”. Non plus sur douze fermes comme l'an dernier mais sur une seule, celle de Samuel Jacquet. Nous pensons avoir trouvé là une ferme “idéale” car Samuel Jacquet est très engagé pour préserver et améliorer la biodiversité (lire ci-dessus) et son exploitation est proche de pôles urbains. »

Propos recueillis par C. L.