CONCOURS
Les jeunes talents de la région revisitent la cuisine du burger

Le 29 janvier, le centre de formation des apprentis (CFA) de la gastronomie de Marcy-l’Étoile (Rhône) a accueilli la première édition du World burger contest dédiée aux apprentis de la région Auvergne-Rhône-Alpes. L’occasion de mettre en avant les savoir-faire des élèves et leur appétence pour les produits de saison et du terroir.

Les jeunes talents de la région revisitent la cuisine du burger
L’originalité, les saveurs et le respect des produits de saison et locaux, étaient les principaux critères de sélection. ©Léa Rochon/Apasec

Décrié par certains, massivement apprécié par d’autres… Depuis son importation en Europe, le burger ne cesse de faire parler de lui. Composé généralement d’une viande, de légumes et de fromages, il comporte, comme l’a rappelé le chef Christian Têtedoie, tous les produits que la région Auvergne-Rhône-Alpes sait produire. Raison pour laquelle son élaboration est mise en avant lors du World burger contest, qui se déroule tous les deux ans lors du Sirha Lyon devant un public très attentif. Face au succès de ce concours dédié aux adultes, l’entreprise organisatrice a décidé de laisser la chance aux jeunes apprentis. Le lundi 29 janvier, quatre établissements scolaires de la région (lire encadré) se sont confrontés, afin de concocter le meilleur burger. Âgés de 16 à 23 ans, les candidats disposaient d’une heure pour en réaliser trois. En cuisine, chaque fait et geste étaient scrutés par des professionnels du métier. Techniques de cuisine, hygiène, créativité, respect des produits de saison, esthétisme, saveurs… Autant de critères évalués par un jury scrupuleusement sélectionné.

Du végétal au steak d’escargots

Pour ces jeunes, cette expérience était bien souvent synonyme de premier concours. « C’est assez stressant, mais lorsqu’on est passionnés, on oublie tout », confie Emma Rosin, élève en CAP cuisine à la MFR de Balan, dans l’Ain. À seulement 17 ans, la jeune femme et son coéquipier, Thomas Raud, ont fait un pari osé : proposer un burger végétal composé de butternut, pommes de terre, betteraves, patates douces, mâche et d’une sauce au reblochon, agrémentée d’une pointe de moutarde. « Le plus original sur le papier, mais finalement un peu trop sucré », confie Claire Chambon, jury et directrice du marché de gros de Lyon-Corbas, partenaire du concours. La créativité, ce fut également le fort de Trazir Djobi et Gaoussou Fofana, élèves au Cecof d’Amberieu-en-Bugey, également situé dans l’Ain. En France, depuis un peu plus d’une année, Trazir a eu la savante idée de réaliser un steak haché aux escargots, dont l’élevage se situe à côté de l’établissement scolaire. Une recette agrémentée de chou frisé, de poivron et d’un savoureux mélange de morbier et de comté enrobé d’un pain au vin rouge du Bugey, fabriqué dans l’atelier boulangerie du Cecof. Avant d’être apprenti à Bourg-en-Bresse, Trazir avait été contraint de fuir la Côte d’Ivoire avec sa mère et a fait de la cuisine sa passion dès son arrivée en Tunisie, avant de trouver un apprentissage à Bourg-en-Bresse, dans l’Ain. 

En cuisine, des professionnels évaluaient scrupuleusement le travail des candidats. ©ComUpBiz

Une jeune génération aux nombreuses aspirations

Comme dans toute compétition, les jurys ont eu la lourde tâche de désigner un duo gagnant. Le premier prix a ainsi été décerné à Lola Momcilovic et Gaylor Dufour, élèves de l’IFI d’Avermes, situé dans l’Allier. La maîtrise du pain à la farine de lentilles vertes du Puy-en-Velay n’a visiblement laissé personne indifférent. « Nous avons décidé d’y ajouter une galette de pommes de terre fines, de la roquette, du cantal fondant, un steak de paleron de veau de l’Allier, une galette de butternut confit, une compotée d’oignons à la moutarde de Charroux et une mousseline de butternut », énumère avec passion et rigueur le jeune garçon, extrêmement bien rodé. « Le paleron permet de se démarquer, puisque c’est un morceau qui demande une cuisson plus longue », assure la jeune cuisinière, les yeux brillants de fierté. Plus tard, l’un s’imagine travailler au cœur de la maison Troisgros, une mention sommelier ou barman en prime. L’autre se voit professeure dans un centre de formation et traiteur à son compte. « Une façon d’avoir deux professions… Et une vie personnelle », sourit celle qui n’a pourtant pas hésité à travailler entre ses coupures pour perfectionner sa création. Un travail d’orfèvre largement récompensé.

Léa Rochon

“ Une région très riche  en produits de qualité ”
Le boulanger pâtissier Bruno Cabut a participé à l’organisation de ce concours dédié aux jeunes talents.

“ Une région très riche  en produits de qualité ”

Bruno Cabut, boulanger pâtissier, président régional des métiers de bouche, vice-président de l’Union des entreprises de proximité (U2P) et partenaire du concours. 

À quels changements sont confrontés les métiers de la restauration ?
Bruno Cabut : « Nos métiers ont connu plusieurs chocs en l’espace de peu de temps. La crise sanitaire a changé l’approche que les salariés avaient de ce secteur d’activité. Ils ne veulent plus faire la même carrière pendant 30 ans et sont plus en quête de liberté. Mais il ne faut pas voir l’avenir seulement en négatif… Nous avons encore beaucoup de jeunes qui s’engagent dans nos corps de métier et qui ont en eux l’envie de valoriser les produits de nos terroirs. Nous remarquons d’ailleurs que la jeune génération est plus sensible aux notions de produits locaux et durables. Ils s’en préoccupent naturellement. Dorénavant, le rôle de l’enseignement serait peut-être de leur montrer qu’il n’y a pas de bas morceaux dans la viande ou dans un légume et que ces derniers peuvent redevenir attractifs en les mélangeant à d’autres aliments et saveurs. »

Comment choisissez-vous les produits que vous travaillez par la suite ?
B. C. : « En boulangerie pâtisserie, nous travaillons avec des fournisseurs, des grossistes et des groupements d’achat. L’été, des professionnels font le choix d’aller directement chercher des plateaux de fruits. Tandis qu’en restauration quotidienne et hors foyer, beaucoup choisissent de se tourner vers les marchés de gros. En réalité, le temps passé à trouver des fournisseurs et à se déplacer pour aller chercher les produits, c’est un temps que nous ne passons pas à la production. Il faut également trouver un équilibre entre nos contraintes économiques, la qualité des produits sélectionnés, ce qui fait plaisir aux consommateurs et notre coût de revient. C’est une conjonction qui n’est pas toujours évidente à trouver, mais nous avons la chance d’avoir une région très riche en produits de qualité pour trouver le meilleur compromis. »

Les restaurateurs ont-ils un rôle à jouer pour lutter contre la crise du monde agricole ?
B. C. : « De plus en plus de restaurateurs jouent le jeu de la proximité, comme c’est le cas lors de ce concours avec la présence du label régional « Ma région, ses terroirs ». D’autres font le choix d’utiliser des farines locales pour élaborer des pains spéciaux et se démarquer. Mais il ne faut pas oublier que notre secteur est également coincé entre les revendications salariales, la perte du pouvoir d’achat des consommateurs et la baisse de 30 % d’achats en restauration en 2023. » 

Propos recueillis par Léa Rochon

Une mise en avant des centres  de formation d’apprentis

• 1er prix : Lola Momcilovic et  Gaylor Dufour de l’IFI 03 à Avermes (Allier). 
 • 2ème prix : Aliya Touiki et Julien Chetail du CFA de la Gastronomie 
à Marcy l’Étoile (Rhône).
 • 3ème prix : Trazir Djobi et Gaoussou Fofana du Cecof d’Amberieux (Ain).
 • 4ème prix : Thomas Raud et Emma Rosin de la MFR de Balan (Ain).
 • Prix du public : CFA de la Gastronomie.