Travaux agricoles
Des entrepreneurs agricoles contraints d’augmenter leurs tarifs

Inflation, changement climatique, innovation… Lors de leur assemblée générale, les Entrepreneurs des territoires de Drôme et d’Ardèche ont balayé les différentes problématiques qui touchent le secteur. Aperçu avec Guillaume Le Gonidec, chargé des travaux agricoles à la FNEDT.

Des entrepreneurs agricoles contraints d’augmenter leurs tarifs
L’augmentation des charges et sa répercussion sur les tarifs sont une préoccupation majeure des entrepreneurs de travaux agricoles. ©PdD

Lors de cette assemblée générale, on a senti une certaine inquiétude des adhérents de Drôme et Ardèche, notamment du fait de l’inflation. Que leur répondez-vous ?
Guillaume Le Gonidec : « Notre rôle n’est pas vraiment de les rassurer et objectivement, on ne peut pas le faire. Ce qu’on veut, c’est mettre fin à des pratiques historiques qui consistent à ne pas augmenter les tarifs. Historiquement, les ETA [entreprises de travaux agricoles] comptaient sur les gains de productivité pour compenser les hausses de coûts. Mais pour 2022, on parle d’une augmentation des charges de 23 % en moyenne pour les ETA françaises. Si ce n’est pas répercuté sur les prix, à terme le risque serait de perdre en qualité de services, ou pire, de voir des territoires privés de prestations de services agricoles. »

Comment ont réagi vos adhérents à cette proposition ?
G.L.G. : « Les premiers à avoir augmenté leurs tarifs étaient très mal à l’aise… Mais les agriculteurs ont compris et tout s’est bien passé. Aujourd’hui, deux tiers de nos adhérents ont finalement mis en place des hausses de prix. Toutefois, on se rend compte qu’ils n’ont souvent pas répercuté l’ensemble des augmentations qu’ils subissent. Pour le carburant, on les a aussi incités à mettre en place une indexation, c’est-à-dire une ligne réservée sur la facture dont le montant peut fluctuer selon une valeur de référence. C’est aussi une manière de limiter l’impact de l’inflation sur la trésorerie. »

L’agriculture est soumise à de nombreuses contraintes. Peuvent-elles être des opportunités pour les entrepreneurs ? 
G.L.G. : « C’est déjà le cas ! Pour évoquer ces opportunités, je prends souvent l’exemple de la pulvérisation. Au départ, c’était plutôt une mission qui était réalisée par les agriculteurs eux-mêmes. Mais progressivement, avec le durcissement de la réglementation, ils ont fait appel aux ETA. Evidemment, c’est aussi lié à l’innovation dans le secteur. Par exemple, il y a maintenant des pulvérisateurs avec des détecteurs d’adventices, ce qui permet de viser uniquement les mauvaises herbes. »

Vu le contexte, les ETA pourront-elles absorber l’investissement dans de telles machines ?
G.L.G. : « Dans le cas des pulvérisateurs, c’est une activité plutôt stable. La contractualisation avec l’agriculteur est d’ailleurs une obligation, ce qui est assez rare dans le milieu et a l’avantage de rassurer les banques. Pour les moissonneuses-batteuses qui passent de 500 000 à 600 000 euros, en revanche, je suis plus inquiet. Et on voit que les plans de subventions ont des effets pervers car les concessionnaires ont tendance à augmenter les prix au même rythme... Pour éviter cela, on défend des subventions à l’usage et non à l’achat. » 

Propos recueillis par Pauline De Deus