Du 5 au 8 décembre dernier, le Mondial des métiers a ouvert ses portes aux personnes en recherche d’orientation. Sur le pôle agriculture et agroalimentaire, lycéens et jeunes étudiants ont pu s’informer ou soutenir leurs pairs dans leur quête d’orientation. Malgré un enthousiasme indéfectible, ces derniers sont en proie aux doutes et aux questions concernant leur avenir professionnel.
« Est-ce que la robotique agricole finira par remplacer l’humain ? »
Crystal est en première année de BTS production animale au lycée agricole de Cibeins (Ain). La jeune femme de 18 ans souhaite devenir inséminatrice. Être présente au Mondial des métiers était pour elle l’occasion de revaloriser les métiers agricoles auprès des visiteurs.
« J’aimerais travailler dans le domaine de la génétique. J’aimerais être inséminatrice donc travailler dans le domaine de la formation génétique. Ce qui me plaît, c’est la gestion des races : mettre en valeur une race par rapport à une autre, savoir que l›on peut complètement changer une race pour en tirer un ou plusieurs avantages, sans pour autant dénaturer les choses. Il existe d’ailleurs beaucoup de formations en ce sens », explique la jeune femme. Mais cette dernière exprime un doute quant à la viabilité du métier : « Ce qui m’inquiète, c’est l’avancée de la robotique. Je ne sais pas si dans vingt ans le métier d’inséminateur existera toujours. Cette avancée est bénéfique d’un côté, pour réduire la charge de travail des agriculteurs, mais elle m’inquiète aussi sur l’avenir des métiers agricoles et la place de l’humain ».
« Je redoute la charge de travail et les horaires du monde agroalimentaire »
À tout juste 16 ans, Louis Lacroix souhaite travailler dans le monde de l’agroalimentaire. Son bac professionnel lui permet de découvrir le métier de la transformation fromagère qui le passionne, mais qui lui ouvre des interrogations sur la charge de travail qui l’attend.
Actuellement étudiant en CAP OIA (opérateur en industries alimentaires) à l’école nationale des industries du lait et des viandes (ENILV) à la Roche-sur-Foron, Louis Lacroix se professionnalise à travers un contrat en alternance au sein d’un Gaec spécialisé dans la production fromagère. Ses mois sont rythmés par trois semaines en entreprise, avant de retourner sur son lieu de formation pour la dernière semaine. « J’aime être du côté de la production, en coulisses, connaître ses secrets. En apprendre sur la fermentation, les moisissures, les bactéries, tout ce qui est nécessaire à la production du fromage, c’est un univers passionnant, au sein duquel je veux me perfectionner. » Seul bémol dans son parcours, ses doutes quant à la charge de travail qui l’attend : « les horaires sont à la fois denses et décalés. Je me demande s’ils me conviendraient sur le long terme ». Un doute qui ne l’empêche pourtant pas de poursuivre sa voie avec ferveur.
« Le métier d’agriculteur est exigeant, mais il faut se battre pour le faire vivre »
Marie-Lou Dufaut a 18 ans et étudie en BTS productions animales au lycée agricole de Cibeins (Ain). Sa passion pour le vivant l’a menée au souhait de s’installer plus tard en bovins et ovins, dans les Hautes-Alpes, malgré les crises traversées par le monde agricole, notamment en élevage.
« Ce qui m’attire dans le métier d’éleveuse, c›est la proximité avec nos animaux. On les connaît, on connaît leur caractère, on sait quand ils ont un problème. Dans l’ensemble, l’agriculture est une passion pour moi : quand on commence à toucher la terre, à cultiver, à s›occuper des animaux, on ne peut plus s›arrêter. Pour autant ce n‘est pas un métier simple, il est exigeant, et le monde agricole traverse de sérieuses crises. Mais je pense que c’est maintenant qu’il faut se mobiliser et s’accrocher. Nous représentons les principaux éléments de l’alimentation humaine, il faut continuer à montrer que nous sommes fiers de nos métiers, de créer des produits de qualité, du champ au rayon de vente. Pour ma part, je sais également qu’il n’est pas simple de s’installer en tant qu’éleveuse sur une exploitation, même si le métier se féminise avec le temps. C’est aussi pour cela que j’en serai d’autant plus fière ».
« Serai-je capable de m’installer seule ? »
À 19 ans, Mathilde Bernard est passionnée d’équitation. Actuellement en bac pro CGEA (conduite et gestion d’une entreprise hippique) au lycée agricole Georges Sand à Yssingeaux (43), elle souhaite s’installer en tant que gérante d’un centre équestre.
« Le monde du cheval me passionne depuis que je suis toute petite. Alors c’était une évidence de continuer à étudier dans ce domaine. J’ai toujours souhaité exercer un métier au contact des animaux, et j’ai cet attrait particulier pour les chevaux. J’ai tout de même quelques doutes quant à cet avenir professionnel, je me demande à quel point il est compliqué de s’installer en tant que gérante d’un centre équestre. Je suis encore en manque d’expérience, il est difficile de se projeter dans ce milieu et savoir si ce projet est réalisable. Après mon bac, je pars en auxiliaire vétérinaire en attendant d’acquérir un certain niveau à cheval. Je vais donc étudier, suivre des cours d’équitation. Une fois le niveau souhaitable atteint, je vais partir en BPJEPS (brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport) ».