À 27 ans, et depuis trois ans, Julie Payot est la directrice artistique des Assembleurs, producteurs de vins à la pression et créateurs de deux restaurants éponymes à Lyon. La jeune femme enjolive, clarifie et déstandardise l’image du vin. Elle est le maillon indispensable entre la production et la vente, un rôle à la fois complexe et nécessaire.
«Le concept de la marque, c’est de désacraliser l’approche du vin, afin de ramener une clientèle plus jeune », amorce Julie Payot. La jeune femme travaille depuis trois ans aux côtés de professionnels du secteur, au service d’une marque qui promeut une approche plus accessible et moins cérémonieuse de la dégustation de vin.
Une question d’équilibre
Cette clientèle plus jeune, dont parle la directrice artistique, c’est également celle qui s’est tournée vers d’autres boissons telles que la bière, « en raison de son accessibilité et de sa facilité de compréhension, dénuée de rituels, de termes et de notions parfois très complexes », précise-t-elle. Arrivée dans l’entreprise en 2021, Julie Payot était elle-même une néophyte dans l’univers du vin. Avec un logo pour seule base, la jeune femme a créé une identité graphique colorée, chatoyante, mettant en exergue les gammes aromatiques simples des cépages et appellations proposés : un chardonnay aux arômes de poire, un sauvignon citronné, une syrah à la violette ou encore un pinot noir à la cerise. Les visuels permettent une approche didactique de la robe du vin, à son arôme le plus décelable. Une palette visuelle destinée à mettre en confiance le consommateur. « M’adapter au message imaginé par les créateurs, c’était mon plus grand défi. C’est d’ailleurs un challenge permanent : en faire trop, pas assez, faire fausse route… Tout est une question d’équilibre. Il a fallu trouver un angle d’attaque pour rendre le vin plus léger, plus accessible, sans trahir notre professionnalisme. Les Assembleurs, c’est avant tout une équipe de grands professionnels du vin et il faut que cela transparaisse », assure-t-elle.
Un métier essentiel
« Concrètement, je suis un peu la garante de l’image de marque des Assembleurs. Je suis donc assez polyvalente, puisque je travaille tant sur la partie distribution (professionnels) que restauration (particuliers). Cela passe par du graphisme pur, de la communication, du marketing, de l’événementiel… », relate la jeune femme. Une image qui permet à la marque, entre autres, de gagner en notoriété. « Mon objectif et ma récompense, c’est de pouvoir aider les commerciaux à faire leur travail, assure Julie Payot. Plus l’image parle aux prospects et leur plaît, moins il est nécessaire de devoir les convaincre ». Depuis 2019, de la création du premier établissement des Assembleurs jusqu’à aujourd’hui, les restaurateurs lyonnais sont désormais peu nombreux à ignorer la marque : le résultat d’un travail d’équipe, un lien d’interdépendance et de confiance. « Travailler aux côtés de passionnés, enclins à transmettre leur savoir et leur savoir-faire, ça n’a pas de prix. Pour moi, contribuer à faire grandir les Assembleurs, mettre en valeur le travail effectué de la vigne au verre, de la production du vin jusqu’à sa rencontre avec le consommateur final, c’est cela, la vraie récompense. C’est sans doute ce qui peut me rendre fière de ce que je crée », avoue Julie Payot, avec humilité.
Valoriser le travail viticole
Au-delà d’une démocratisation certaine de l’image du vin et du dépoussiérage de son attitude de consommation, c’est une réelle valorisation du travail viticole qui est opérée par le prisme de l’image de marque. David Martin, associé des Assembleurs et fondateur du concept, est vigneron et œnologue passionné. « Produire du vin, c’est sublimer un terroir, comprendre tout un environnement, un écosystème. C’est travailler quelque chose de sauvage », témoigne-t-il. Le vigneron travaille sur une dizaine d’hectares entre Nîmes et Montpellier, dans les coteaux du Languedoc. Ce dernier le confirme, une belle image est nécessaire pour faire passer le message souhaité et valoriser le travail de toutes les parties prenantes de la production. « C’est très joli, nous sommes très satisfaits d’avoir ces visuels sur nos supports matériels et numériques. Aujourd’hui, nous nous devons d’avoir une image simple, mais sophistiquée, de belles vidéos et des graphismes aux petits oignons… C’est ce qui apporte du neuf dans le monde du vin, souligne David Martin. Cela vient contrebalancer l’image du “vin de papa”, paré d’un nom d’appellation complexe, d’une étiquette de château, de codes entérinés, mais complexes à déchiffrer. Notre but, c’est que tout le monde s’y retrouve, sans tomber dans l’exubérance des descriptions aromatiques, par exemple. Nous cherchons plutôt à toucher un jeune public, qui a envie de s’ouvrir à ce monde, et rappeler que boire un verre de vin reste un moment convivial, de partage. »
Charlotte Bayon
Un concept novateur et durable
Lorsqu’Antoine Oran, David Martin et François-Xavier Nicolas ont créé les Assembleurs, ils étaient animés par la même passion : le vin. Soucieux d’en proposer une image moins guindée et plus durable, ils ont innové à travers un conditionnement en fût, pour une conservation optimale et un service à la pression.
Les Assembleurs proposent aujourd’hui une vingtaine de références de vins : dix vins rouges, dont trois vins d’appellation, et sept monocépages. Côté vins blancs, la marque compte quatre appellations, quatre monocépages, un vin pétillant (frizzante) ainsi qu’un rosé. « Nos clients finaux peuvent d’ailleurs assembler eux-mêmes leurs cépages, selon leurs propres goûts ou sur conseils de l’équipe ». Un concept rendu également possible par un conditionnement peu commun.
Du vin en fût
« Nos vins sont conditionnés en fût de 20 litres, qui remplacent chacun 27 bouteilles de vin classiques, 27 bouchons, 27 étiquettes. Ils sont en PET, recyclés et recyclables », explique Julie Payot. Une alternative à la fois économique, écologique et pratique. « Un fût est beaucoup plus léger à transporter que 27 bouteilles en verre. De plus, après perçage, le vin se conserve bien plus longtemps, jusqu’à six mois, contre seulement quelques jours (voire 24 heures) pour une bouteille débouchonnée », ajoute-t-elle.