Sylviculture
L’avenir des forêts à l’heure  du changement climatique

Les forêts drômoises sont-elles en bon état ? L’assemblée générale de Fransylva Drôme, qui rassemble les propriétaires forestiers privés du département, a permis de dresser un état sanitaire des forêts et d’évoquer les défis qui s’annoncent.

L’avenir des forêts à l’heure  du changement climatique
Les intervenants ont notamment présenté les impacts du changement climatique sur les forêts drômoises. ©AD26-E.P

Le 9 juin, l’assemblée générale de Fransylva 26 a rassemblé de nombreux propriétaires forestiers privés, adhérents de l’association, à la Distillerie des 4 vallées à Chamaloc. L’occasion pour son président sortant, André Aubanel, de rappeler quelques chiffres : la Drôme compte 340 000 hectares de forêt dont 72 % sont des forêts privées (soit un total de 248 000 ha et 92 000 ha de forêts dites publiques). 38 000 propriétaires privés sont recensés sur le territoire, 800 sont adhérents au syndicat. Il a aussi évoqué les nouveaux débouchés possibles pour les propriétaires forestiers : le bois énergie qui a fortement progressé en dix ans (15 à 20 % de la récolte), notamment dans les Baronnies ou encore l’huile essentielle de résineux que développe la Distillerie des 4 vallées.

L’impact du changement climatique

Stéphane Olagnon est un des trois correspondants-observateurs en Drôme pour le DSF (département de la santé des forêts), rattaché au ministère de l'Agriculture. Chaque année, un bilan de l'état sanitaire des forêts est dressé par les correspondants locaux. « On constate un déficit hydrique important qui impacte fortement le peuplement forestier, a-t-il expliqué. En 2022, de janvier à août, on a eu ce déficit mais aussi de fortes chaleurs, ce qui a été un marqueur très fort pour le dépérissement. » La sécheresse de 2022 a eu des effets sur la forêt avec un assèchement des feuilles, des pertes foliaires (moins d’aiguilles, moins de croissance, moins de transpiration) ou encore un rougissement automnal. Autre problème : la présence du scolyte qui ravage principalement les épicéas : « Cela reste sporadique dans le Vercors par exemple, peut-être parce qu’on est moins sur du mono espèce », précise Stéphane Olagnon. Les correspondants testent des pièges à phéromones pour enrayer le problème.
Le plan de relance a financé du reboisement, mais 22 % des plantations en Auvergne Rhône-Alpes sont en échec (soit moins de 80 % de réussite sur le boisement) dû à toutes les contraintes climatiques. Les correspondants constatent aussi une prolifération de champignons sur le pin sylvestre suite à la grêle ou encore la présence du chalarose sur les frênes, même si l’évolution est assez lente. La pyrale du buis fait aussi partie des invasifs, et comme le buis était fortement présent dans les forêts, sa disparition engendre la mortalité du hêtre par exemple. « Dans la gestion de crise, il faut relativiser par rapport aux surfaces et volumes concernés », a conclu le forestier.

Défendre le travail effectué

La question a été posée par un adhérent de Fransylva : quelles essences sont les plus conseillées pour l’avenir ? Stéphane Olagnon a répondu que cette question était très complexe. « La première chose à identifier c’est la qualité du sol et la pluviométrie, a-t-il indiqué. Il faut aussi aller voir ce qu’il se passe à l’échelle du massif. »
Laurent de Bertier, directeur de Fransylva, a également pris la parole sur plusieurs enjeux nationaux. « La forêt est au cœur de beaucoup de sujets, de beaucoup de débats. » Il a rappelé le travail de collaboration entre Fransylva et le CNPF (centre national de la propriété forestière). « Notre mission est de vous représenter, vous défendre et promouvoir le rôle de la forêt. » Un travail au niveau national a été effectué concernant le programme de reconnaissance des certifications forestières ou encore au sujet de la prolongation du dispositif d’encouragement fiscal à l’investissement en forêt (DEFI). Les différents acteurs tentent également de diffuser plus largement une communication positive de leurs actions. Comme l’a rappelé André Aubanel, en réponse aux attaques contre le prélèvement d’arbres, on n’observe que 30 % de prélèvement de la surface totale de forêts en Drôme. « Notre forêt n’a que 150 ans, elle est jeune, elle n’a pas besoin de nous. L’inverse n’est pas vrai. » Il a également souligné que « si le propriétaire veut laisser son bien sans intervention humaine, pour ses convictions, il en a le plein droit. »
Au sujet de l’équilibre sylvo-cynégétique, un travail de diagnostic a été lancé accompagné par un comité de pilotage et encadré par Jessica Jarjaye, administratrice du syndicat, et un stagiaire d’AgroParisTech : « Les premiers éléments mis en évidence nous permettront notamment d’intervenir plus efficacement lors des réunions de concertation organisée par la DDT, en particulier sur les plans de chasse ». 

Elodie Potente 

Départ d’André Aubanel, un amoureux de la forêt 
André Aubanel © EP

Départ d’André Aubanel, un amoureux de la forêt 

« J’ai eu deux grands amours dans ma vie, la lavande et la forêt ». André Aubanel, président de Fransylva 26 depuis de longues années, va passer le flambeau. Il n’y a pas eu d’élections ce vendredi 9 juin, mais Daniel Audeyer, secrétaire de l’association, est le seul candidat pour reprendre la présidence. Il devrait être élu courant juin.
Élus, adhérents et autres acteurs de la préservation des forêts ont salué André Aubanel pour son engagement sans faille, son caractère tenace et sa dévotion.  

  E. P.