COOPÉRATION
Cuma de Cresta, lauréate des trophées Cuma 2022

Sept viticulteurs et viticultrices ont créé en 2020 la coopérative d’utilisation de matériel agricole (cuma) de Cresta. Installés à Espenel, les membres ont majoritairement moins de 40 ans et tous sont non issus du milieu agricole. Des caractéristiques qui leur ont fait remporter le trophée des Cuma 2022.

Cuma de Cresta, lauréate des trophées Cuma 2022
De gauche à droite Clément Delage, Marion Vanel et Simon Serre, installés en Gaec. © EP

Entre Saillans et Vercheny, sur les hauteurs de la commune d’Espenel, plusieurs jeunes ont repris ces dernières années des exploitations viticoles en appellation Clairette de Die suite à des départs successifs en retraite. Clément Delage, Marion Vanel, Simon Serre, Clément Bonnet, Hélène Goubet, François Morvan et Sylvain Thévenet incarnent une nouvelle génération de viticulteurs. Pour se fédérer et s’entraider, ils ont créé en 2020 la cuma de Cresta, alors que plusieurs d’entre eux s’installaient à peine. 
En juin 2022, ils ont été lauréats du trophée des cuma aux côtés de la cuma des Chermarais Bio (Cher), de la cuma des Bosquets (Sarthe) et de la cuma Haute Vallée du Crieu (Ariège). Pour sa seconde édition, le trophée du réseau cuma mettait en avant la jeunesse, le renouvellement des générations et l’ouverture de ces collectifs. Autant de qualités rassemblées dans la coopérative drômoise. 

L’entraide pendant l’installation

« On s’est mis tous ensemble pour essayer d’investir dans du matériel dont on ne se sert pas tous les jours mais qui peut être cher », indique Marion Vanel, en Gaec avec Clément Delage et Simon Serre depuis quelques mois, sur 18 hectares de vignes. Depuis sa création, la cuma a déjà acheté une dizaine d’outils aux prix et aux utilisations variées : broyeur, tarière, distributeur d’engrais, épandeur de fumier, bineuse… « On a commencé avec un pack d’outils qui ne sert pas forcément souvent », explique Clément Delage. Après plusieurs mois, les adhérents de la cuma ajustent encore le partage de leur matériel. « Notre fonctionnement est assez fluide, on n’a pas forcément besoin de calendrier, on se passe un coup de fil ou on s’envoie un message pour se demander les outils », souligne le viticulteur. Mais parfois, il faut une certaine organisation : l’écimeuse achetée récemment nécessite une bonne répartition car les viticulteurs l’utilisent tous et toutes sur une échelle de temps très courte. 
Grâce à leurs profils similaires, ce noyau dur, constitué dès leur installation, a pu développer, en plus du partage de matériel, une vraie solidarité. « Nous avons tous des exploitations qui se ressemblent, nous sommes tous en bio, et nous apportons tous à la cave Jaillance. Donc nous sommes dans un fonctionnement qui est un peu le même, détaille Clément Delage. La création de notre Cuma débouche sur des solidarités du quotidien. On sait que l’on peut compter sur les autres ».

Une cuma à petite échelle 

Entre voisins, la vie est plus simple, c’est en tous cas ce que constatent Clément Delage, Marion Vanel et Simon Serre. Bien que la cuma soit jeune, ils voient tous les effets positifs de pouvoir partager des outils sur la même commune (seul Sylvain Thévenet est basé à Saillans), mais aussi de se croiser, d’échanger sur leur pratique, se donner un coup de main et recevoir les conseils avisés des plus aguerris au métier. Tous les trois témoignent d’une vraie réflexion menée avant la création de la coopérative. « On s’est vraiment demandé quelle cuma on voulait », raconte Clément Delage. Ainsi, ils n’ont pas créé une cuma intégrale, où tout le matériel est géré par la coopérative, mais une cuma qui leur laisse aussi une marge de manœuvre pour que chaque exploitation puisse acheter son propre matériel, à l’instar des tracteurs. 
Chaque adhérent a des parts sociales et la facturation de l’utilisation du matériel se fait soit au forfait à l’année, soit à l’heure. Pour l’achat des outils, la cuma reçoit jusqu’à 70% de subvention, un coup de pouce non négligeable lorsque l’on est installé depuis quelques années seulement. Avec ce trophée, c’est surtout leur travail de fond qui est récompensé. « Cette cuma est vraiment un lieu d’échanges », constatent-ils. Pour l’instant, même si la question est souvent abordée, les sept viticulteurs n’envisagent pas de faire grandir leur cuma. Cette petite échelle leur convient et ils souhaitent avant tout faire fonctionner leur groupe.

Elodie Potente