Exploit
À 28 ans, Julien Roux défie la gravité  à plus de 4 200 mètres d’altitude

En novembre 2024, l’Annécien Julien Roux s’est rendu en Suisse pour réaliser un rêve de haut vol. L’ancien skieur, passionné de highline, a marché à 4 255 mètres d’altitude sur une ligne tendue entre deux montgolfières. Une prouesse qui lui a notamment valu une inscription au Guinness des records.

À 28 ans, Julien Roux défie la gravité  à plus de 4 200 mètres d’altitude
Julien Roux, Annécien de 28 ans, a réalisé cet exploit en Suisse, dans le ciel du canton de Fribourg. ©Kenny Cérou

Certains diraient que Julien Roux est fou, d’autres l’envieraient presque. À 28 ans, l’Annécien a réalisé son plus grand rêve : marcher sur une ligne tendue entre deux montgolfières, tel un être astral, à 4 255 mètres au-dessus du vide, avant de sauter en parachute. Concrétisé en Suisse en novembre dernier, cet exploit lui a permis une seconde inscription au Guinness des records. « En 2022, j’avais déjà établi le record de longueur en parcourant 2 710 mètres entre deux anciens volcans auvergnats », confie l’athlète, le sourire aux lèvres. Un qualificatif qu’il n’aime pourtant pas employer. « Je ne me considère pas comme un athlète, mais plutôt comme un entrepreneur. La veille d’une course, un athlète va boire, manger et se reposer… Pour ma part, la veille du saut effectué en Suisse, je me posais encore plein de questions, puisque le vol n’était même pas encore assuré de se dérouler. »

Une passion née après un grave accident

Sa carrière initiale ressemble pourtant bel et bien à celle d’un athlète. Originaire de Dardilly, dans le Rhône, Julien Roux a grandi avec l’amour des sports de montagne et du ski freestyle. Alors qu’il se préparait pour une compétition, un accident a mis un coup d’arrêt à ses ambitions. « J’ai fait une triple fracture du fémur avec hémorragie interne. Les médecins me disaient que je ne remarcherais plus de la même façon, et que je pouvais oublier le sport de haut niveau. » La découverte de la slackline (de l'anglais « ligne lâche »), une pratique qui consiste à progresser sur une sangle en nylon ou en polyester entre deux arbres et proche du sol, a rebattu les cartes. « Mon kiné m’a confirmé que ce sport était bon pour ma rééducation. J’ai ainsi commencé sans prétention, car j’ai le vertige ! » Un inconvénient de taille qu’il a réussi à dompter après de nombreux entraînements, jusqu’à découvrir la highline (de l'anglais « ligne haute »), qui se pratique en hauteur. « Je posais des lignes entre deux rochers autour d’Annecy et quand j’avais peur de mon accroche, je tombais », affirme le jeune homme, plein d’entrain. « Il me fallait parfois plusieurs chutes pour réussir à extérioriser mon appréhension et à me concentrer pleinement sur ma marche !

Marcher, un jour, entre les deux plus hautes tours lyonnaises

Pour réaliser son rêve, Julien Roux a déployé de grands moyens. « J’ai dépensé la quasi-totalité de mes économies, quitté ma copine et aussi mon travail. » Mais le jeune designer et cordiste de formation ne souhaite certainement pas s’arrêter là. Deux projets à venir occupent déjà son esprit et son temps. « Je travaille actuellement sur un documentaire qui retracera mon évolution, ainsi qu’un second, plus visuel, qui alliera la pratique de la highline à celle du ski ! » Enthousiaste, le jeune homme l’est encore plus lorsque son regard se tourne vers la fenêtre. Au loin, ses yeux scrutent les deux tours du quartier de la Part-Dieu, à Lyon. « Cela fait six ans que je pense à faire de la highline entre “la gomme” et “le crayon” », affirme-t-il, avec impatience. Une traversée de 150 mètres, perchée à 350 mètres de hauteur… Presque un jeu d’enfants pour celui qui se plaît à défier les lois de la gravité comme personne ne l’avait encore jamais fait. 

Léa Rochon

« En Suisse, le monde de la chute libre est très ouvert »
©Lilly Fouqueray

« En Suisse, le monde de la chute libre est très ouvert »

Pourquoi avez-vous choisi d’effectuer votre saut en Suisse, plutôt qu’en France ?
Julien Roux : « En France, il est impossible de sauter en dehors des « drop » zones, qui sont dédiées aux décollages d’avion et aux atterrissages de parachutistes. Pour sauter en dehors de ce cadre, il faut avoir le dernier niveau de parachutisme, qui correspond à 350 sauts, ainsi que des diplômes spécifiques. C’est un sacré budget. Personnellement, j’avais prévu 20 sauts pour mon projet. La Suisse a l’avantage de ne pas avoir autant de cadre légal, le monde de la chute libre y est très ouvert. Il m’a tout de même fallu obtenir une autorisation des tours de contrôle de l’Office fédéral de l’aviation civile. Nous étions également en contact avec des coordinateurs aériens, qui contrôlaient notre montée en altitude et qui m’ont donné l’autorisation de sauter. C’était une logistique assez impressionnante. Sur les vidéos, on me voit marcher sur des lignes entre deux falaises durant vingt minutes, mais il faut savoir que nous sommes venus reconnaître les lieux au moins une dizaine de fois ! »

À si haute altitude, avez-vous eu besoin d’oxygène ?
J.R. : « L’équipe avait des bouteilles d’oxygène avec des canules, mais pas moi… Et ce fut mon erreur. 
En septembre 2023, lors d’un premier saut en altitude, j’étais sous oxygène. Mais j’ai respiré bien trop fort dedans, ce qui m’a rendu dans un état second. En mai 2023, j’ai effectué un plus petit projet sur une balançoire située à 3 800 mètres d’altitude, durant lequel je n’ai pas eu besoin d’utiliser d’oxygène. J’étais calme et en statique. Cette expérience m’a induit en erreur… Je sais que pour mes prochains projets en grande altitude, j’utiliserai de l’oxygène. »

Quels équipements a assuré votre sécurité ?
J.R. : « Je suis équipé d’un baudrier d’escalade fait pour la montagne et d’un câble de sécurité. Ce câble est connecté au baudrier avec un nœud de 8, tandis qu’un second nœud de 8 est accroché à des anneaux en titane ou en aluminium. Cet anneau me suit tout le long de la traversée et assure ma sécurité. » 

Propos recueillis par Léa Rochon