Mobilisation
La colère agricole s'est déversée à Avignon

Mardi 16 janvier, trois cents agriculteurs du Vaucluse et des départements limitrophes, dont la Drôme, ont manifesté à Avignon à l'appel de leurs syndicats.

La colère agricole s'est déversée à Avignon
Les manifestants ont notamment dénoncé la hausse des charges et la remise en question permanente des prix payés aux producteurs. « Une situation qui asphyxie les exploitations agricoles ». ©Facebook VA

À l'appel des FDSEA et JA de plusieurs départements, environ trois cents agriculteurs ont exprimé leur colère mardi dernier. Venus du Vaucluse, de la Drôme, du Gard, des Bouches-du-Rhône mais aussi des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes, ils se sont donné rendez-vous à Avignon. Depuis le siège de la chambre d'agriculture, les manifestants et leur cinquantaine de tracteurs se sont ensuite rendus aux abords de la préfecture du Vaucluse. Là, ils ont déversé des légumes, du foin, du lisier, des bois morts ainsi que du vin… Pour cette manifestation, un double mot d’ordre : être entendu mais sans débordement ni violence.

« L’heure est grave »

Environ 300 manifestants, avec une cinquantaine de tracteurs, se sont rendus aux abords de la préfecture du Vaucluse. ©AD26

« Depuis plusieurs années, les agriculteurs ne cessent de faire évoluer leurs modes de productions afin de produire toujours mieux. Mais force est de constater que les contraintes ne cessent de croître », ont indiqué les organisations syndicales. Un des objectifs de cette mobilisation a été de faire pression sur le gouvernement pour que la loi Egalim adoptée en 2021 - dont le but est de protéger la rémunération des agriculteurs - s'applique.  « Nous sommes venus exprimer nos revendications alors que la crise agricole est là et touche de nombreuses filières, a confié Sylvie Meynier, viticultrice et vice-présidente de la FDSEA de la Drôme. L’heure est grave. Les exploitations agricoles font face à de très grandes difficultés. Il est temps de réagir, sans quoi tout un pan de l’agriculture disparaîtra. »

« 100 % des volumes à 100 % des coûts de production »

Les responsables syndicaux ont dénoncé les fortes baisses de prix sur les produits frais - « jusqu'à 15 % » - demandés par les acheteurs de la grande distribution. « Nos charges ne cessent d’augmenter et nos prix de vente ne couvrent pas nos coûts de production, les prix en magasins s’envolent, on marche sur la tête », ont crié les manifestants. Ils ont également pointé la menace des grandes enseignes de s’approvisionner à l’étranger. « Ne laissons pas brader nos produits agricoles lors de ces négociations commerciales, il en va de la souveraineté alimentaire de notre pays », ont-ils clamé. Lors de la rencontre à la préfecture du Vaucluse, ils ont demandé le respect de la loi Egalim « sans remise en question permanente » et avec cette formule : « 100 % des volumes à 100 % des coûts de production ».

Le mal-être agricole a aussi été évoqué. « Il ne cesse de croître dans nos campagnes, constate Sylvie Meynier. Une bouffée d’air est essentielle au maintien en vie de nos exploitations. »

« Des aides, une juste rémunération »

Les manifestants se sont ensuite dirigés vers un hypermarché pour y déverser des bâches plastiques. ©AD26

À nouveau, et comme lors de la manifestation organisée le 21 novembre à Valence, les syndicalistes demandent une « véritable respiration normative » pour les exploitations agricoles aujourd'hui « asphyxiées par des taxes, de la complexité règlementaire, des surtranspositions de normes européennes… ». Des aides urgentes et directes sont également attendues par la profession pour affronter et surmonter la crise : aide à la trésorerie accessible, renégociation des prêts garantis par l’État (PGE), année blanche bancaire, facilité d'obtention du RSA*, exonération de TFNB**...

« Rappelons que nous faisons face à une immense vague de départ à la retraite des exploitants. L’avenir de la profession doit passer par une transmission et des installations de structures viables et vivables, donc par une juste rémunération de la production », plaident les responsables syndicaux.

La manifestation s'est poursuivie devant l'hypermarché Auchan. À noter, le même jour à Toulouse, environ 1 500 agriculteurs ont défilé dans la capitale régionale d'Occitanie après que des centaines de tracteurs aient bloqué la rocade autour de la ville perturbant la circulation.

Christophe Ledoux

* RSA : revenu de solidarité active.

** TFNB : taxe foncière sur les propriétés non bâties.

Irrigation : manifestation à Toulouse

Des centaines de tracteurs et camions agricoles ont convergé le 16 janvier vers le coeur de Toulouse, gênant la circulation et déversant paille et crottin devant certaines institutions. En fin de matinée, les agriculteurs avaient déversé du fumier devant la Cité administrative et l'Agence de l'eau Adour-Garonne, avant de se rendre place du Capitole à l'heure du déjeuner, relate la Dépêche du midi, selon qui les agriculteurs sont venus «pour défendre leurs revenus, se battre pour l'accès à l'eau ou contre la hausse des taxes».

Quelque 450 véhicules sur trois convois, pour un millier de manifestants selon la préfecture, se sont rejoints dans l'après-midi près de la place du Capitole pour y faire entendre leurs protestations. Ils y sont restés jusqu'en début de soirée, avant de commencer à quitter la Ville rose, a constaté un journaliste de l'AFP. D'après la Dépêche du midi, ils ont rencontré plusieurs représentants des pouvoirs publics en fin de journée, dont Guillaume Choisy, directeur général de l’agence de l’eau Adour-Garonne: «Sur la question de l’eau, ils ont exprimé leur volonté d’avoir une année blanche sans augmentation sur 2024, ce qui a été acté» a-t-il expliqué au quotidien régional. Et d'ajouter: «Ils souhaitent également une trajectoire d’augmentation fiscale proportionnée qui sera travaillée au premier trimestre 2024 pour être présentée dans les instances d’avril 2024.»