Regard
« L'équilibriste », une exposition sur le pastoralisme
Jusqu'au 1er décembre à Valence, le hall du conseil départemental accueille une exposition de photographies sur le pastoralisme.
Mettre en lumière le quotidien d'un couple d'éleveurs pastoraux, c'est ce qu'a choisi de faire le photographe-auteur Patrick Georget, originaire de Mâcon. Tout a débuté par une rencontre avec Catherine et Nicolas Peccoz, couple d'éleveurs installés à Gigors-et-Lozeron, lors des Rencontres de la photo de Chabeuil en 2019. « Mes images ont interpellé Catherine qui m'a contacté pour que je communique sur leur problématique avec les chiens de protection, sans m'en dire plus, explique Patrick Georget. Très vite, j'ai senti qu'un récit photographique pouvait naître en dehors des images d'Épinal sur les alpages et le pastoralisme. »
Durant dix-huit mois, entre 2019 et 2021, Patrick Georget s'est rendu à plusieurs reprises à Gigors-et-Lozeron. « Nous l'avons hébergé lors des périodes clés de l'élevage : la tonte, le parcage, l'agnelage, la montée en alpage… », précise Catherine Peccoz. L’élevage compte 450 brebis et autant d'agneaux surveillés par six chiens dont la présence engendre des difficultés tant avec le voisinage qu'avec les randonneurs et autres vététistes.
Un récit
« Le lien social, les rapports humains sont à la base de mon travail, souligne Patrick Georget. Je fonctionne sur des récits photographiques et non sur des photos à l'unité. Avec cette exposition, mon but est que les gens regardent les bergers autrement, qu'ils comprennent leur réalité et acceptent quelques contraintes lorsqu'ils fréquentent les pâturages. » Son récit se compose de trente-deux photos en noir et blanc avec pour titre L'équilibriste, un regard sur le pastoralisme d'aujourd'hui. « Les éleveurs sont nécessaires à l'entretien et au maintien des espaces, leur rôle est primordial pour l'environnement. Mais avec le loup, avec les chiens de protections et les difficultés que cela entraînent, leur quotidien est celui d'équilibristes », explique le photographe.
« Nous sommes en première ligne et devons constamment nous justifier par rapport à nos chiens, confie Catherine Peccoz. Nous avons tout tenté pour expliquer notre situation... Peut-être qu'avec les photos, le message passera mieux. »
« Faire voir le métier »
Lors du vernissage, le 13 novembre à Valence, en présence notamment du photographe Patrick Georget, des éleveurs Catherine et Nicolas Peccoz, de la présidente du Département de la Drôme Marie Pierre-Mouton, du président de la chambre d'agriculture Jean-Pierre Royannez, et du président de l'Adem Philippe Cahn. Le préfet Thierry Devimeux était également présent.
Lors du vernissage de l'exposition, le 13 novembre à Valence, plusieurs personnalités se sont exprimées.« À trop vouloir protéger le loup, on met en danger l'activité pastorale, a déclaré Marie-Pierre Mouton, présidente du conseil départemental de la Drôme. Les chiens de protection sont indispensables. Il faut que dans le prochain Plan loup, des mesures efficaces soient enfin prises pour sauvegarder le pastoralisme. » Philippe Cahn, président de l'association drômoise d'économie montagnarde (Adem), a insisté sur la nécessité de « sensibiliser les publics qui fréquentent la montagne à apprendre à connaître le pastoralisme et ses contraintes. Et cette exposition va dans ce sens. » Pour Alain Baudouin, président de l'association des éleveurs et bergers du Vercors, cette exposition permet « de faire voir le métier et pas seulement de le raconter ».
Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d'agriculture de la Drôme, a également mis en avant la nécessité de faire connaître le travail des éleveur et bergers. Mais il a surtout insisté pour que le prochain plan loup 2024-2029 soit à la hauteur des attentes de la profession agricole. « Nous avons cette année un nombre record de loups abattus en Drôme. Mais ce n'est pas cela qui va régler le problème », a-t-il dit. Pour le préfet de la Drôme, Thierry Devimeux, « le challenge, c'est le partage de la montagne » entre les différents utilisateurs. Il ajoute : « Ces photos sont un bon moyen de faire partager des émotions, de montrer un métier en symbiose avec la nature, et avec des difficultés. »
Christophe Ledoux
L'exposition est visible jusqu'au 1er décembre dans le hall du conseil départemental, à Valence, du lundi au vendredi de 8 h à 17 h 30.
Un ouvrage paraîtra également d'ici fin novembre, disponible en prévente sur la plateforme participative Ulule : https://fr.ulule.com/l-equilibriste. La campagne est active jusqu’au 11 décembre.