ANALYSE
Les fourrages d’herbe en 2022  ont de meilleures valeurs qu’en 2021

Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Le climat extrême de cette année 2022 se traduit bien dans les rendements et les valeurs des fourrages récoltés. Le laboratoire Cesar nous livre la synthèse de ses analyses.

Les fourrages d’herbe en 2022  ont de meilleures valeurs qu’en 2021
Tous les fourrages (espèces pures, prairies temporaires et naturelles), montrent de meilleures valeurs en 2022 qu’en 2021, que ce soit au niveau énergétique ou azoté. © D.-Neumeister

En 2022, la première date de coupe de fourrage relevée par le laboratoire Cesar est tombée le 17 mars, voisine de celle de l’année dernière. Pour les groupes de fourrages suivis (espèces pures, prairies temporaires et prairies naturelles), tous, sans exception, montrent de meilleures valeurs en 2022 qu’en 2021, que ce soit au niveau énergétique et azoté. Dans le détail, ce sont les ensilages de prairies temporaires (mélanges divers de graminées et légumineuses), les ensilages de prairies naturelles de plaine, les enrubannages de ray-grass d’Italie (RGI) et les foins de RGI et de prairies naturelles de montagne qui présentent les hausses les plus importantes, à la fois en énergie et en azote : + 0,03 à 0,06 en UF et + 9 à 24 g/kg en PDIN. Les foins de prairies naturelles de plaine montrent une hausse significative uniquement pour l’énergie : + 0,03 en UF et + 2 g/kg en PDIN (non significatif). Les ensilages de RGI et les enrubannages de luzerne ne montrent pas de hausse significative entre 2021 et 2022 pour l’énergie ou la valeur azotée.

Des retours de terrain

Les résultats ont été confirmés et précisés par des techniciens sur le terrain, dans divers départements. Pour ce qui est des valeurs en azote des fourrages, des valeurs basses - attendues plus élevées - ont été constatées. Cette relative faiblesse en matière azotée totale (MAT) peut s’expliquer par un manque de minéralisation de la matière organique du sol à cause du froid pour des coupes qui ont été faites assez tôt. Dans des mélanges de graminées et légumineuses, la faible présence de légumineuses en fin d’hiver, souvent constatée, peut également expliquer la faible part de MAT. Au-delà du 15 avril par exemple, et sur certaines zones, on constate davantage de MAT mais moins de sucre. Il en résulte donc des valeurs énergétiques (UF) plus faibles. Pour les fourrages de légumineuses, la valeur des MAT est à la hauteur des attentes avec de bonnes conditions météo (chaud et sec). Pour ce qui est des foins, sur de nombreuses zones, les coupes sont plus précoces avec des stades jeunes (fin mai) grâce aux très bonnes conditions météo (soleil et vent). Il en résulte donc de bonnes valeurs énergétique et azotée et les foins 2022 se révèlent globalement lactogènes, bien mieux qu’en 2020 et 2021. Enfin, il y a peu de rendement dans l’ensemble. 

Tableau des valeurs des fourrages 2022 à consulter

Pascal Mathieu 
Laboratoire Cesar - Tél. : 04 74 25 09 90

Les paramètres des analyses

La matière sèche (MS) est le premier paramètre que l’on mesure dans une analyse. Il est le complément du taux d’humidité dans le fourrage (matière brute). Tous les autres paramètres analytiques sont mesurés sur le fourrage sec.
Les matières azotées totales (MAT) constituent un paramètre analytique important, à la base du calcul des indicateurs Inrae de la valeur azotée. La MAT est très liée à la nutrition azotée des prairies. La minéralisation de la matière organique du sol en particulier au printemps joue beaucoup en libérant plus ou moins de l’azote minéral en fonction des conditions climatiques. Les apports de fertilisants azotés ont également une incidence forte, tout comme la présence de légumineuses dans les prairies multi-espèces. Par ailleurs, le fourrage est d’autant plus riche en azote qu’il est jeune. La MAT du fourrage décroît avec l’avancée du stade de récolte.
La digestibilité est un paramètre analytique fondamental qui pèse énormément dans la valeur énergétique des fourrages. Cette analyse résume tous les paramètres analytiques qui apportent de l’énergie aux fourrages (sucres solubles, amidon en particulier dans le cas des maïs ensilages, céréales immatures et méteils et nombre de sorghos).
Les autres paramètres analytiques précisent la composition biochimique, mais ne rentrent pas directement dans le calcul des indicateurs même s’ils sont liés à ces derniers. 
La cellulose brute méthode « Weende » pour laquelle les fibres constituantes des fourrages sont approchées analytiquement par des « attaques » de détergents séparant les fibres les moins digestibles (lignines…) des plus solubles et digestibles (hémicelluloses). Les quantités qui sont communiquées en analyse sont la quantité de lignine (ADF), de lignine et cellulose (ADL), de lignine, cellulose et hémicelluloses (NDF).
Les valeurs nutritives sont les indicateurs établis par l’Inrae à partir des valeurs analysées, caractérisant sur le plan énergétique le fourrage (UFL, UFV : unité fourragère lait ou viande), et sur le plan azoté (PDI : protéines digestibles intestinales).