INTERVIEW
Des résultats « globalement corrects » pour les céréales

Au terme de la campagne 2022 pour les principales céréales cultivées dans notre région, le blé tendre et l’orge notamment, l’heure est venue de dresser un premier bilan. Le point avec Yves Pousset d’Arvalis – Institut du végétal.

Des résultats « globalement corrects » pour les céréales
La météo a engendré des pertes en nombre d’épis et de grains par épi.

Comment s’est déroulée cette campagne 2022 ?
Yves Pousset : « Nous avons vécu un très bon début de cycle à l’automne 2021, favorable aux implantations, et un début d’hiver très correct. Les champs étaient prometteurs, mais des problèmes de stress hydrique sont apparus, avec pour effet direct une mauvaise absorption de minéraux et des problèmes de valorisation des apports d’engrais azotés. Nous avons ensuite connu un printemps très sec, avec un déficit pluviométrique de l’ordre de 40 %. La période la plus importante, avril-mai, a donc démarré avec des réserves déjà fortement entamées. Cette situation a perduré jusqu’à fin juin mais tout était déjà joué avec une campagne qui s’est majoritairement déroulée sous le sec. »

Quel est l’impact direct de ces conditions climatiques extrêmes ?
Y. P. : « Le premier impact, c’est celui de la quantité. Dans les sols profonds, les rendements sont corrects même si des problèmes de remplissage ont été observés. Les résultats n’ont pas été aussi bons que ce qui était attendu en début de campagne. Pour les sols moins profonds, l’impact a été beaucoup plus sévère avec des pertes globales estimées à 20 %. La météo a engendré des pertes en nombre d’épis et de grains par épi. La qualité a aussi été affectée mais on observe des résultats globalement corrects. L’avantage du sec et du chaud, c’est qu’ils nous préservent des ravageurs et des maladies cryptogamiques qui se développent dans des conditions humides. On constate d’ailleurs cette année des écarts assez faibles entre parcelles traitées et non-traitées. »

Quels sont les bilans chiffrés en termes de quantité et de qualité ?
Y.P. : « Pour le blé tendre, le rendement global est de - 8 à - 10 % par rapport à la moyenne quinquennale.  Concernant l’orge, les chiffres sont similaires à ceux du blé tendre sur notre secteur. En termes de qualité, le stress hydrique n’a pas permis de bien valoriser les apports en azote, ce qui a pu être défavorable à la qualité du grain. Mais les couples rendements-protéines sont restés tout à fait corrects. Le chaud a permis une bonne minéralisation de l’azote par le sol et donc, par conséquent, une bonne absorption. Sur le blé et l’orge, la teneur en protéines est proche des 12 % alors qu’on était habituellement à 11,5 %. On grimpe même par endroits à 13 % pour le blé tendre. »

Observez-vous des disparités suivant les secteurs ?
Y. P. : « Au niveau national, nous sommes sur des rendements de - 2 % pour le blé tendre et l’orge. Mais en réalité, le Nord s’en est beaucoup mieux sorti que le Sud qui a été touché de plein fouet par les effets de la chaleur et du sec. 
Dans notre région, on note là aussi un fort gradiant Nord-Sud qui influe sur les résultats observés. Mais les disparités sont principalement liées au type de sol et à la réserve utile localement. Côté Rhône-Alpes, les sols de limon ou ceux de la Drôme ont bien tenu. Dans les sols plus superficiels, la campagne a été plus difficile. »

Les conditions météorologiques peuvent-elles déjà avoir un impact sur la prochaine campagne ?
Y. P. : « Le premier impact météorologique concerne déjà les cultures au cycle plus tardif comme le maïs, qui se révèle très gourmand en eau. Les restrictions d’eau décidées pendant l’été sont arrivées tard dans le cycle du blé ou de l’orge mais pour le maïs, on peut craindre des dégâts. Pour le moment, il est difficile de prévoir s’il y aura un impact sur la prochaine campagne. Si les pluies sont suffisantes en septembre, on sèmera beaucoup de céréales. Mais inévitablement, à l’avenir, l’évolution du climat va questionner les producteurs sur leurs choix d’assolements et de surfaces. » 

Propos recueillis par Pierre Garcia