Jeunes Agriculteurs
« La situation dans les fermes est catastrophique »
- À quelques jours du vote du projet de loi de finances 2025, les Jeunes agriculteurs somment l’État de tenir ses promesses et d’apporter un soutien financier au monde agricole. Pour signifier leur ras-le-bos, des panneaux de nombreuses communes ont été échangés.
Nouveau cri d’alerte des Jeunes agriculteurs (JA). En novembre 2023, ils avaient lancé l’opération « On marche sur la tête » en retournant des panneaux communaux. Ce week-end du 12 octobre, les panneaux de nombreuses communes ont été échangés. À l’entrée de la commune de Pont-de-l'Isère par exemple, les habitants ont découvert le panneau de Chanos-Curson. La Drôme n’échappe pas au contexte de crise nationale qui touche le monde agricole.
Une situation alarmante
Le 11 octobre dernier, JA national diffusait un communiqué alertant sur « la situation d’urgence pour les trésoreries d’agriculteurs » pour rappeler qu’ils attendent d’Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, « des annonces rapides, efficaces et dimensionnées ». Des revendications appuyées par des chiffres alarmants par rapport à 2023 : - 26 % sur le rendement des moissons, - 22 % pour les vendanges et une moyenne de 30 % de perte de cheptel en raison de la crise sanitaire. Un constat difficile et partagé par Vladimir Gauthier, président des JA 26.
Selon lui, une partie des exploitations a un gros besoin de trésorerie. « Historiquement, pas mal d’agriculteurs vivent à crédit de leur coopérative, ils n’avaient déjà pas de trésoreries avec les charges, mais aujourd’hui, les coopératives aussi se retrouvent endettées, rapporte-t-il en prenant le cas de Jaillance (Die). C’est aussi des prêts pour les coopératives qu’il faudrait mobiliser… Ça, c’est la survie à court terme. » L’agriculteur aborde aussi l’allégement des normes et des contraintes réglementaires « pour donner du souffle à l’agriculteur sur le long terme » car « les aides économiques, ça fait une bouffée d’oxygène mais, sur le long terme, on doit retrouver de la compétitivité ».
« Ils abandonnent leur ferme et vont trouver du travail ailleurs »
Vladimir Gauthier reconnaît que l’enveloppe nécessaire est « énorme ». En effet, les JA demandent des prêts de trésorerie, que le coût de ces prêts soit partagé par l’agriculteur, la banque et l’État, plus d’allégement des charges, un dégrèvement de la taxe foncière sur le non bâti, une plus grande enveloppe pour la prise en charge des cotisations sociales… Des revendications que les exploitants agricoles espèrent voir se formaliser à travers le vote du projet de loi de finances 2025. En effet, le ministère de l’Agriculture devrait bénéficier de 6,79 milliards d’euros (Md€) en autorisations d’engagement (AE) et de 6,6 Md€ en crédits de paiement (CP). Les députés examineront le texte à partir du 21 octobre.
Les JA 26 ont ajouté cette indication sous les panneaux échangés. Crédit : JB Banc
Vladimir Gauthier ne mâche pas ses mots. « La situation dans les fermes est catastrophique. Soit on obtient ces revendications et on tente de sauver l’agriculture française, soit c’est fini et il n’y aura plus de jeunes, déplore le représentant drômois. Cette année le moral est tellement bas que les gens n’ont plus envie de manifester, ils abandonnent leur ferme et vont trouver du travail ailleurs. » Il recense d’ailleurs déjà 10 % d’abandon au sein du conseil d’administration départemental des JA. « Sur vingt agriculteurs, deux déposent le bilan en fin d’année ».
Morgane Eymin