Arboriculture
Cloque du pêcher : le cuivre oui, mais quand et comment ?

A étoile-sur-Rhône, au sein de la station d’expérimentation fruits Rhône-Alpes (Sefra) et à l’occasion de la quatrième édition de « Séance arbo », les producteurs ont échangé autour d’un thème commun : les adaptations pour le verger du futur. Il était notamment question d’évoquer les méthodes alternatives aux produits phytosanitaires.

Cloque du pêcher : le cuivre oui, mais quand et comment ?
L’association cuivre-soufre pourrait être prometteuse en termes d’efficacité sur la cloque du pêcher. © Archives AD

À l’occasion de sa journée technique dédiée aux techniques alternatives et à l’agriculture biologique en arboriculture, la station d’expérimentation fruits Rhône-Alpes (Sefra) a choisi comme thème les adaptations pour le verger du futur. « La maîtrise et le progrès technique restent  des atouts majeurs pour l’avenir de la production fruitière française », a déclaré Bruno Darnaud, le président. En première partie de journée, trois interventions ont porté sur les méthodes alternatives aux produits phytosanitaires. Claire Gorski, chargée d’expérimentation, a d’abord présenté des essais réalisés sur l’application de différents types - et doses - de cuivre contre la cloque du pêcher. 
« L’idée était de mieux comprendre la période de sensibilité à la cloque par rapport aux stades phénologiques ou aux conditions climatiques, de déterminer l’efficacité des cuivres en fonction de leur positionnement, d’essayer de réduire les doses de cuivre par application tout en conservant une bonne efficacité et enfin de savoir s’il était possible d’ajouter des produits en complément du cuivre pour en améliorer l’efficacité », a-t-elle indiqué. Le verger expérimental a ainsi été traité dès le début de la période de contamination, à savoir le stade pointe verte, jusqu’à fin floraison.

Difficultés de gestion en cas d’hygrométrie longue

« À partir de la floraison, la sensibilité semble réduite mais pas inexistante. En revanche, l’hygrométrie, la pluviométrie et les températures jouent un rôle qu’il est encore difficile de comprendre. En effet, une hygrométrie longue (supérieure à 24 h) associée aux pluies et des températures minimales (supérieures à 7 °C) semblent permettre une contamination plus forte », a expliqué Claire Gorski. 
Par ailleurs, différents types de cuivres ont été testés. Le Chamflo semble être le produit le plus efficace, et ce, quel que soit son positionnement par rapport à la pluviométrie. Le Yucca, la bouillie bordelaise et le Nordox ont, eux, une efficacité équivalente. « Pour le Nordox, les périodes d’applications semblent avoir plus d’impact sur l’efficacité du traitement. Mais étant donné la difficulté de prédire les périodes de contaminations fortes, traiter avant une période à risque est plus sûr, quel que soit le produit utilisé », signale Claire Gorski. Enfin, la Sefra a étudié la réduction de doses de cuivre et l’association de produits comme le talc ou le soufre. « Le fait de réduire les doses de cuivre n’a pas trop d’impact sur l’efficacité du traitement, même si cela peut parfois causer de gros problèmes sur des variétés sensibles ou lors de fortes pressions de contamination », poursuit la chargée d’expérimentation. L’ajout du talc au cuivre (dose classique ou dose réduite) présente une tendance à l’amélioration du traitement. « L’association cuivre - soufre, avec une dose réduite de cuivre, est très prometteuse en termes d’efficacité », conclut Claire Gorski. 
A. P.

Forficules : comment s’en séparer ?
Lucile Lecomte, chargée d’expérimentation à la Sefra. © AP

Forficules : comment s’en séparer ?

À l’occasion de la Séance arbo proposée par la Sefra le 4 octobre, Lucile Lecomte, chargée d’expérimentation, a fait un point sur les méthodes de lutte contre le forficule. Pour rappel, cet insecte fait trois pontes dans l’année (hiver, printemps, été). « Il joue un double rôle dans l’agriculture : au printemps, il agit comme un auxiliaire sur les chenilles et les pucerons, alors qu’en été, il se comporte comme un ravageur sur les fruits (au stade proche de la maturité) et présente le risque d’augmenter les pourritures », a indiqué Lucile Lecomte. 
Sur un essai réalisé en 2020, avec un piège « pot-journal » pour deux arbres, la Sefra avait relevé plus de 181 000 forficules par hectare. Depuis, la station expérimentale a testé d’autres modalités à travers d’autres types de piégeage dans un verger de pêchers de variété Pamela® : un piège « pot-journal » par arbre, un piège « pot-journal » tous les deux arbres, deux types de glues différentes dont une biologique et un piégeage chimique (Karaté + Décis). « Les résultats permettent d’observer que les glus sont les plus efficaces, avec notamment une baisse de la population des forficules au cours du temps et donc une diminution des dégâts sur fruits », note la chargée d’expérimentation. Niveau économique, l’utilisation de la glu a un coût : 438,57 €/ha (matériel et main-d’œuvre compris) pour une glu conventionnelle et 1 012,70 €/ha pour une glu en AB, contre 31,08 €/ha pour un piégeage chimique, toutefois moins efficace. Au niveau du suivi des populations, il s’avère également que la présence de haies, en bordure de vergers, semble diminuer la présence des insectes. « Cela entraine une forme de compétition d’habitat », estime Lucile Lecomte. En parallèle, d’autres essais ont été réalisés pour tenter de lutter contre le forficule. La Sefra et SudExpé ont travaillé sur la terre de Diatomée, avec des effets intéressants notamment sur la baisse de population dans l’arbre. De son côté, le CTIFL de Balandran teste des molécules attractives au laboratoire et au champ, comme l’huile de poisson ou le fructose, pour un piégeage massif. Le sujet de la lutte contre les forficules sera de nouveau abordé le 13 décembre prochain, à l’occasion des Rendez-Vous de l’arbo à Valence.  
A. P.  

Pommiers  : le projet Simpa pour lutter contre les pucerons cendrés
Bertrand Alison est ingénieur d’expérimentation au CTIFL. ©AP

Pommiers  : le projet Simpa pour lutter contre les pucerons cendrés

« Maîtriser les pucerons en arboriculture avec des leviers agroécologiques en tenant compte du contexte pédoclimatique et des systèmes de culture », tel est l’objectif du programme Casdar* multipartenarial Simpa (2021-2024). Le projet vise notamment à identifier et évaluer l’efficacité d’alternatives agroécologiques tels que les plantes de service, les extraits végétaux et les produits de biocontrôle pour lutter, entres autres, contre le puceron cendré du pommier, dysaphis plantaginea, et ainsi limiter le recours aux insecticides. « L’année 2021 a été très difficile pour la maîtrise du puceron. Les résultats quant aux produits de biocontrôle sont relativement moyens en termes de fréquence des attaques et de présence des pucerons, avec toutefois une moindre intensité d’infestation. Pour l’heure, les produits de biocontrôle semblent donc être moins pertinents que la stratégie de référence en agriculture biologique », souligne Bertrand Alison, ingénieur d’expérimentation au Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL).
En 2022, des essais ont été réalisés en laboratoire sur des extraits de plantes, avec notamment des résultats intéressants en termes de répulsion (huile essentielle de thym et de menthe poivrée) et de biocide (huile essentielle de lavande). Ces essais, transposés ensuite en vergers, ont permis de confirmer l’efficacité intéressante des extraits de plantes. Par ailleurs, l’introduction dans le verger des « plantes de service », aux propriétés répulsives ou perturbant le développement des pucerons, a été expérimentée. « Ici, l’idée est de créer un environnement défavorable au printemps et à l’automne afin de réguler la population et d’alléger les stratégies de protection », prévient l’ingénieur d’expérimentation. Ainsi, les plantes de service (œillets d’Inde, romarin) ont présenté un effet positif par rapport à la modalité témoin, sans plantes de service. « La chute des populations est plus précoce en cas de présence de romarin », relève notamment Bertrand Alison.
Certaines variétés (comme la pomme Opal®) semblent aussi plus sensibles que d’autres (comme la variété Story®) aux attaques de ce ravageur. « Les résultats sont plutôt encourageants. Cependant, il faut les nuancer cette année puisque nous avons globalement eu une infestation plutôt faible », informe l’ingénieur.
En cours, le projet Simpa permettra également de confronter les résultats des différents partenaires et d’établir une analyse économique. « Nous avons aussi réalisé, auprès des producteurs, une enquête pour connaître les freins et les attentes à l’utilisation des biocontrôles et à la mise en place des plantes de service. Les premiers retours ont permis de ressortir deux points intéressants : l’efficacité attendue des produits de biocontrôle avec un enjeu de performance et l’intérêt d’installer des plantes de service si l’efficacité est démontrée. Cela montre que les producteurs sont prêts », conclut Bertrand Alison. 
A. P.

* Casdar : compte d’affection spécial au développement agricole et rural.
 À noter,  tous les résultats détaillés seront disponibles sur le site internet de la Sefra.