Diversification
« Tout agriculteur peut faire de l'agritourisme »
L'agritourisme peut contribuer au maintien et développement du tissu agricole drômois. En ce domaine, « les possibilités d'activité sont variées, le potentiel est énorme, note Bertrand Chareyron, chef du service développement des territoires à la chambre d'agriculture. Et, en ces temps où une conjoncture difficile déstabilise des filières, l'agritourisme est un vecteur de développement pour rebondir au niveau de l'exploitation sur le volet accueil et valorisation des productions. Il peut même être une voie de recomposition du système d'exploitation. C'est aussi un moyen de donner une image de la diversité du métier d'agriculteur et des productions. » Nina Croizet, chargée de mission alimentation et tourisme à la chambre d'agriculture, observe : « Tout agriculteur qui a le goût du partage peut développer une activité agritouristique : hébergement, restauration, visites de la ferme, loisirs.... Et Bertrand Chareyron ajoute : « Ce peut être aussi via des points de vente collectif, marchés de producteurs, évènementiels... »
Une stratégie départementale
En 2016, la chambre d'agriculture a renforcé l'accompagnement qu'elle propose en ce domaine et embauché Nina Croizet. Première étape, l'agritourisme a été défini comme « une composante du tourisme rural. Une activité agritouristique bénéficie à l'économie du territoire sur lequel elle a lieu. Elle donne lieu à un contact entre un touriste ou un habitant local et un agriculteur. Elle est créatrice de lien social ». Puis Nina a qualifié l'agritourisme drômois en réalisant un diagnostic. En ressort une offre assez diversifiée et des atouts : plus de 1 000 fermes proposant des activités dans ce domaine, une vingtaine de points de vente collectifs, une centaine d'événements en lien avec l'agriculture et autant de marchés. Cet état des lieux a aussi mis en évidence un réseau d'acteurs impliqués dense mais un manque de collaboration entre eux. D'où, troisième étape, la mise en place d'un comité de pilotage départemental en vue de co-construire une stratégie multipartenariale. En font partie : la chambre d'agriculture, le conseil départemental, l'ADT (agence de développement touristique), Bienvenue à la Ferme, Accueil Paysan, les Civam*, les Parcs naturels régionaux du Vercors et des Baronnies provençales, des intercommunalités et offices de tourisme. Les objectifs sont de partager des connaissances et expériences, collaborer pour donner de la lisibilité à l'agritourisme, le développer...
Plusieurs actions mutualisées ont été priorisées à court terme : mise en réseau des différents acteurs de l'agritourisme (trois comités techniques par an, dont un tenu le 12 juin), acquisition de références technico-économiques (pour mieux accompagner les projets et montrer l'intérêt économique de l'agritourisme), sensibilisation des agriculteurs, bilan et perspectives concernant l'application Drôme saveurs (créée en 2016 par le Département et l'ADT).
Conseil, animation...
Nina Croizet travaille, par ailleurs, sur Agrilocal** et le projet alimentaire territorial (PAT) des Baronnies, qui vise à rapprocher production et consommation locales. En parallèle, elle accompagne un projet de musée de la lavande (initiative d'Alain Aubanel à Chamaloc). Elle a aussi réalisé un diagnostic de l'agritourisme sur le bassin de Montélimar.
Conseillères en agritourisme à la chambre d'agriculture aussi, Lucie Thomas-Armandou et Séverine Mounier, elles, consacrent 70 % de leur temps à l'animation du réseau Bienvenue à la ferme*** (suivi des adhérents, communication, veille réglementaire, sur les innovations...) et 30 % à l'accompagnement de projets agritouristiques et d'évènementiels. Enfin, Nathalie Seauve est conseillère diversification, circuits courts (points de vente collectifs...) et transformation des produits.
Annie Laurie
* Centres d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural.
** Plateforme de mise en relation entre agriculteurs et acheteurs de la restauration collective.
*** Marque appartenant aux chambres d'agriculture.
Formation agritouristique /Des clés pour bâtir son projetEn avril, la chambre d'agriculture de la Drôme a organisé une nouvelle formation (soutenue par Vivea), intitulée « construire une activité touristique et d'accueil à la ferme ». Et ce, avec deux intervenantes, Lucie Thomas-Armandou, conseillère en agritourisme à la chambre d'agriculture, et Françoise Alazard, consultante à l'ADT. « Le but était d'aider les participants à bien définir leur projet et de leur donner les règles de base d'accueil du public, explique Lucie. Ils sont repartis avec leur plan d'action et des clés pour réussir leur projet. Cette formation ayant fait le plein et donné satisfaction, une deuxième session est programmée le 22 novembre. »« Que du positif »
Installée depuis deux ans à Soyans, Natacha Vauclin élève des volailles en plein air et des lapins. Œufs et viande de « la ferme de Natacha » sont vendus en direct. La jeune femme a aussi un gîte qu'elle veut faire labelliser Bienvenue à la ferme. Sous ce même label, elle prévoit également de développer des balades avec ânes et une ferme découverte. C'est d'ailleurs pour ces deux derniers projets qu'elle a suivi la formation proposée par la chambre d'agriculture. « Je m'y suis inscrite pour être dans les clous sur le plan réglementaire, échanger avec d'autres acteurs de l'agritourisme, avoir un œil extérieur sur mes projets, indique-t-elle. Je n'en retire que du positif car on y a parlé de la réglementation (c'est primordial), balayé les différentes possibilités d'accueil et la marche à suivre. Cette formation correspond à ce que j'attendais. »A. L.
Clos fougères /Un moyen de se faire connaître et se différencierTitulaire d'un master en tourismes, loisirs et patrimoines ainsi que d'un BPREA, Mélusine Valla-Roch s'est installée en 2011. Avant même la fin de ses études, elle envisageait de revenir sur l'exploitation familiale et d'en valoriser les productions fruitières. Elle est associée avec son père, Gérard, au sein de l'EARL Clos fougères à Châteauneuf-sur-Isère : 65 hectares, principalement de culture fruitières (25 espèces) en bio sauf les cerises, abricots et pêches. S'ajoutent, en bio aussi, du maraîchage (5 ha), de la vigne (6 ha, vinification à la ferme), un peu de lavandin, verveine et menthe.Une conjugaison d'activités
« Je me suis inspirée de ce qui se fait au Canada, pays plus avancé en termes d'agritourisme où je suis allée en voyage d'étude, précise-t-elle. Mon idée était de développer différentes activités ». Et elle l'a concrétisée. En effet, elle en a mis plusieurs en place sous le label Bienvenue à la ferme : vente de produits à la ferme, ferme pédagogique (pour scolaires), ferme découverte (visite en tracteur-remorque ou piétonne pour groupes de tous âges et individuels). S'ajoutent de l'auto-cueillette de fruits et légumes, des ateliers pour enfants pendant les vacances scolaires (fabrication de nichoirs, potager en carré...), des anniversaires à la ferme pour les enfants aussi, des soirées concert ou théâtre à la ferme, des cours pour adultes autour de la taille des arbres fruitiers. En plus, quatre gîtes ruraux labellisés Gîtes de France et deux salles de restauration équipées sont à la location. Enfin, un circuit de visite dans le verger et un centre d'interprétation en salle sont en cours de mise en place. Tout confondu, cette ferme accueille 5 000 personnes par an. « Nous nous rendons compte, confie Mélusine, que ces activités contribuent à nous faire connaître et à nous différencier ».A. L.
Point de vue / L'avis de Sandrine Roussin, élue chambre d'agriculture de la Drôme, sur l'appui apporté par la compagnie consulaire dans le domaine agritouristique.Un accompagnement complet« Pour moi, le process d'accompagnement de l'agritourisme par la chambre d'agriculture est très bien fait car il est complet, confie Sandrine Roussin. Il peut aller de la simple idée, même non structurée, jusqu'à la concrétisation du projet, en passant par sa mise en forme, la recherche de financements, la mise en réseaux (sociaux, Bienvenue à la ferme ou autres...). On peut même aller jusqu'à l'étude de marché et au business plan.
La chambre d'agriculture accompagne tous les agriculteurs et types d'agritourisme, quels que soient les filières de production et les territoires. En plus du complément de revenu attendu, l'agritourisme est un moyen de parler positivement du métier d'agriculteur. »Propos recueillis par Annie Laurie
« La Région du Goût » /Des produits drômois agréésSuite à l'annonce début 2018 du partenariat entre Bienvenue à la ferme et la marque « La Région du Goût », une dizaine d'exploitations agricoles drômoises ont été agréées pour labelliser leurs produits fermiers sous cette marque. Le sont, à ce jour : la Ferme de Rippert, L'Essentiel de lavande, Dessine-moi une brebis, les Vergers de Maubec, le Gaec de Brette vieille, la Ferme du clos de l'orme, les Vergers de la Bouligaire et la Ferme des marais. A savoir, les adhérents Bienvenue à la Ferme peuvent bénéficier de cette nouvelle marque régionale par simple envoi du formulaire complété. Il ne leur sera pas demandé d'en valider le cahier des charges, sachant qu'ils respectent déjà celui de Bienvenue à la ferme. Par contre, les agriculteurs non adhérents au réseau devront suivre le processus intégral.
Pour plus d'informations et demande de formulaires, contacter Lucie Thomas-Armandou (lucie.thomas-armandou@ drome.chambagri.fr) ou Séverine Mounier ([email protected]).