Circuits courts
Agri Court tente d’enrayer la crise

L’association Agri Court, basée à Eurre, a pour vocation de faire le lien entre les producteurs locaux et les établissements de restauration collective. En pleine période de Covid-19, et avec les fermetures des établissements scolaires puis des restaurants, les cinq salariés se sont adaptés et tournés vers de nouveaux débouchés.
Agri Court tente d’enrayer la crise

«Avant le confinement, nous cherchions des solutions pour agrandir nos locaux et envisagions d'embaucher deux personnes supplémentaires. Ces projets sont bien évidemment mis en suspens. Plus dramatique encore, nous espérons aujourd'hui pouvoir franchir ce cap et conserver tous nos salariés », prévient le directeur d'Agri Court, Florent Dalmasso.
Depuis sa création en 2011, l'association est mandataire de la plupart des marchés en agriculture biologique pour approvisionner la restauration collective, et plus généralement les cantines scolaires. Avec la fermeture des établissements scolaires le 13 mars, l'association a dû trouver des solutions pour ne pas mettre la tête sous l'eau. « L'équipe est au chômage partiel et nous n'assurons que quelques heures par semaine. Nous avons pris la décision de poursuivre l'activité pour soutenir les entreprises médico-sociales, les magasins de producteurs, etc., que nous continuons de livrer, mais aussi pour honorer nos engagements auprès des producteurs drômois et ardéchois. »
Car chaque année, l'association travaille avec une centaine de producteurs locaux. « Nous avons réussi à limiter la casse en commercialisant ce qui était planifié. Nous avons ainsi pu respecter tous nos engagements et même trouver des débouchés pour de nouveaux producteurs qui nous ont rejoints pendant cette période... »
Pour maintenir un circuit de commercialisation, les salariés d'Agri Court ont également développé l'éco-drive, mis en place il y a un an. « Nous l'avons réadapté selon les recommandations sanitaires. Actuellement, nous écoulons environ 150 paniers par semaine, note Florent Dalmasso. J'encourage les consommateurs à soutenir, plus que jamais, la production locale ».

Une structure menacée ?

Si des solutions sont trouvées, les difficultés ne sont jamais très loin. « Pour nous, cette crise est une double peine : les mois de mars et d'avril constituent généralement une grosse période d'activité, ce qui nous permet d'anticiper les périodes creuses, à savoir juillet et août. La répercussion sur notre chiffre d'affaires est donc inéluctable », avoue Florent Dalmasso, qui estime une perte sèche de 60 000 euros. Les inquiétudes financières sont donc au rendez-vous : « Nous avons demandé un prêt de trésorerie auprès de l'Etat pour nous permettre de passer ce cap. Agri Court est un outil de territoire et, même si la structure est menacée, nous devrons trouver des soutiens financiers pour continuer d'exister. Aussi, si nous voulons qu'une structure comme la nôtre résiste, il faut que l'Etat maintienne l'activité partielle jusqu'en fin d'année, puisque l'activité des restaurations collectives sera dégradée au minima jusque-là ».
En attendant d'obtenir des réponses concrètes, Agri Court ne ménage pas ses efforts. Alors que les établissements scolaires doivent rouvrir progressivement, une offre de restauration froide, à base de produits locaux et sous forme d'emballages individuels, sera proposée. « Cela permettra de répondre aux recommandations de l'Education nationale sur la mise en place de pique-niques, au-delà de l'accueil habituel des élèves dans les cantines. » Les idées ne manquent pas du côté d'Agri Court pour tenter d'enrayer la crise. 
Amandine Priolet

 

Agrilocal26 perd 80 % de son chiffre d’affaires

Créée en 2012 par le Département de la Drôme pour une mise en relation directe des acheteurs publics de la restauration collective et des producteurs locaux, la plateforme Agrilocal26 a su convaincre au fil des années. Pour autant, cette période de confinement a entraîné de nombreux bouleversements au sein des circuits de commercialisation. « L’outil s’adresse à la restauration collective, et essentiellement aux collèges. Durant cette période, seuls trois sont restés ouverts pour accueillir les enfants des personnels soignants. L’hôpital de Montélimar passe encore quelques commandes mais ceci est minime », explique Nina Croizet, chargée de mission alimentation-tourisme à la chambre d’agriculture de la Drôme, qui suit le dossier Agrilocal26.
« Il faut savoir que le chiffre d’affaires d’Agrilocal26 repose à 80 % sur les collèges et les lycées, poursuit-elle. C’est donc une grosse perte, mais la volonté politique du Département est bien de poursuivre avec cet outil de mise en relation. L’avenir de celui-ci ne fait donc pas l’objet d’une remise en question. »
Pour passer ce cap et permettre aux agriculteurs drômois de trouver des débouchés, la chambre d’agriculture n’a cessé d’envoyer des lettres d’information aux 1 300 producteurs drômois en circuits courts, non seulement pour leur apporter des outils alternatifs mais aussi des informations réglementaires liées au confinement.
Des outils pour trouver de nouveaux débouchés
« Nous avons mis en ligne une cartographie interactive sur laquelle les agriculteurs peuvent se répertorier afin de permettre aux consommateurs de retrouver les points de vente à la ferme, les points de vente collectifs, les marchés de plein air, etc., et les différents produits disponibles », note la conseillère.
Les producteurs ont aussi à disposition un fichier de recensement des grandes et moyennes surfaces (GMS), disposées à jouer le jeu du « consommer local ». Enfin, la chambre d’agriculture peut accompagner les agriculteurs dans leur choix d’outil de boutique virtuelle. « Les offres de ce type ont explosé en cette période de confinement, avec près de 50 outils proposés. Nous aidons les producteurs à choisir l’outil qui leur conviendrait le mieux, en fonction du coût, certes, mais aussi des services proposés comme la livraison ou le retrait de commandes à la ferme, etc. », précise Nina Croizet.
Et la conseillère de conclure : « Ces initiatives ont été mises à disposition de l’ensemble des producteurs drômois, y compris ceux d’Agrilocal26. Mais il n’y a pas eu d’action spécifique de faite pour l’outil Agrilocal26, au-delà du fait que nous avons envoyé des messages aux acheteurs encore en activité, à savoir les hôpitaux, la prison, etc. Mais très sincèrement, je ne pense pas que l’activité reprenne avant le mois de septembre… »  
A. P.