Remplacement
Quand le Covid bouleverse l’organisation d’un Gaec
Depuis un an, l’activité des services de remplacement a été bousculée par la crise sanitaire. Il a fallu s’adapter pour répondre aux besoins des personnes touchées par le Covid. Témoignage d’Eliane Bres à Brette.
Eliane Bres n’aurait jamais imaginé qu’un virus l’oblige un jour à se calfeutrer chez elle pour éviter les contacts avec les clients et même avec ses proches. Et pourtant, depuis bientôt un an, elle vit avec cette épée de Damoclès : elle fait partie des personnes vulnérables au Covid-19. Autant dire que l’arrivée de l’épidémie a totalement bouleversé l’organisation du Gaec de Brette Vieille, à Brette, dont Eliane est associée avec ses deux enfants. L’exploitation compte 150 chèvres, 35 ha de prairies qui lui permettent d’être autonome en fourrage, 25 ha de lavandes et lavandins, 3 ha de noyers… Une partie du lait est transformée en fromages, la viande de chèvre et chevreau est valorisée en terrines et plats cuisinés, sans oublier une gamme de cosmétiques au lait de chèvre et lavande. L’activité est donc chargée toute l’année pour les trois associés et leur salarié. « Dès que le Covid est arrivé, j’ai dû stopper toutes les tournées de livraison que j’effectuais deux à trois fois par semaine. En parallèle, lors du confinement de mars, nous avons dû fermer la boutique sur l’exploitation. S’est donc posée la question d’écouler nos produits. Ma fille a mis en place de nouvelles tournées auprès de magasins et de particuliers sur Crest, Valence, Montélimar », raconte Eliane Bres. Des déplacements supplémentaires, qui ont encore alourdi la charge de travail, alors qu’elle ne pouvait plus elle-même aller à la rencontre des clients. Autant dire que le soulagement a été immense quand, en avril 2020, le ministre de l’Agriculture de l’époque, Didier Guillaume, a annoncé la mise en place d’une allocation de remplacement pour les exploitants agricoles empêchés de travailler en raison du Covid-19.
« Ne pas surcharger mes associés »
« Grâce à cette allocation, le Gaec a pu faire appel au service de remplacement pour embaucher d’avril à juillet un voisin qui avait déjà travaillé ponctuellement sur notre exploitation. Ça a été un soulagement pour moi de savoir que ma situation de personne vulnérable n’a pas surchargé mes associés », confie Eliane Bres. Le jeune homme est ensuite resté sur l’exploitation jusqu’au 30 octobre, embauché comme aide berger dans le cadre du plan loup. Avant d’y revenir, via le service de remplacement, depuis le 15 décembre. L’agricultrice de Brette est rassurée que l’allocation dérogatoire de remplacement soit prolongée. Pour elle, en effet, la situation est toujours aussi compliquée. « Je reste chez moi. Je ronge mon frein. Ce n’est pas facile de ne pas pouvoir voir les proches, accueillir nos petits-enfants… Je suis encore plus prudente car ma fille a eu le Covid en novembre. Quant à mes responsabilités professionnelles, au niveau de la coopérative France Lavande et de la MFR de Divajeu, je ne peux les assurer qu’en visioconférence », indique-t-elle. Tant que le Covid est là, Eliane Bres doit se tenir à distance de son activité professionnelle, d’autant que son mari est, lui aussi, personne vulnérable. Un espoir peut-être : elle a pu bénéficier début février d’une première injection du vaccin. La seconde est prévue début mars. Mais elle reste très prudente, respectant à la lettre les consignes de son médecin quant à une éventuelle reprise de son travail sur l’exploitation.
S.Sabot
Covid et remplacement : Qui est concerné par l'allocation dérogatoire ?
Gérée par la MSA, l’allocation dérogatoire de remplacement a été instaurée courant avril jusqu’en juillet de l’année 2020, en lien avec l’état d’urgence sanitaire. Elle a ensuite été réactivée en octobre et reste pour l’instant en vigueur. « Elle permet aux agriculteurs touchés par le Covid de bénéficier d’une prise en charge forfaitaire du remplacement dans les cas suivants : s’ils sont atteints par le virus, s’ils sont cas contact ou personne vulnérable, s’ils doivent garder un enfant malade du Covid ou dont l’école est fermée », rappelle Corinne Escaich, animatrice de la fédération des services de remplacement de la Drôme. La demande de prise en charge doit être effectuée auprès de la MSA. Si celle-ci est acceptée, la MSA verse directement au service de remplacement un forfait de 112 euros/ journée, qui sera déduit du coût facturé à l’exploitant. « Il est possible de faire appel à un agent du service de remplacement ou à une personne que l’on connaît et qui peut être embauchée par le service de remplacement », précise Corinne Escaich.
Sur l’année 2020, le Covid a modifié l’activité de ces services. « Nous avons eu de nombreuses annulations des remplacements pour congés, mais aussi pour les formations ou la participation à des actions de développement, reconnaît l’animatrice départementale. Mais les besoins liés au Covid, en lien avec la garde des enfants durant le premier confinement, du fait des fermetures d’école, et depuis octobre davantage pour des personnes malades, vulnérables ou cas contact, ont compensé l’activité. Sans oublier, une demande importante sur les congés maternité ou paternité. Nous sommes en train d’établir le bilan pour chacun des cinq services de remplacement de la Drôme. Globalement, l’activité sur 2020 devrait être stable en nombre de jours, même si elle aura été totalement bousculée par la crise sanitaire. »
S.Sabot
Fédération des services de remplacement de la Drôme : 06 32 99 34 05.