Action
« La matière première agricole n’est pas négociable »
Les JA et la FDSEA de la Drôme ont parcouru les allées du centre E.Leclerc à Bourg-les-Valence, vendredi 13 décembre, pour analyser les prix et les origines des produits frais mis en avant dans l’enseigne.
Une quinzaine de membres de Jeunes agriculteurs de la Drôme et de la FDSEA s’est mobilisée vendredi 13 décembre pour mettre « la grande distribution face à ses contradictions ». Cette action entre dans le cadre des négociations commerciales des grandes surfaces en cours et la mise en place de l’accord de libre-échange Mercosur.
Manque de clarté
Poulet rôti fabriqué en France mais d’origine UE. « On voit sur le produit 89 % issus de l’Union européenne mais le territoire est grand, alors d’où vient-il ce poulet ? », s’interrogent des agriculteurs dans les rayons de produits frais transformés. Le manque de traçabilité de certains produits les interpelle compte tenu de la possible entrée en vigueur de l'accord commercial avec les pays du Mercosur. « Ça risque de rentrer dans les cantines scolaires, alerte Serge Guier, producteur d’ail de semences dans la Drôme. Les Français ne voient pas le danger ». Les produits épinglés par les agriculteurs ne concernent pas que la viande mais aussi les fruits, les légumes ou encore les pâtes et la semoule en provenance du Brésil. Des kiwis venus d’Italie mélangés à ceux produits en France font réagir les agriculteurs. « C’est tromper le consommateur, estiment-ils. Nous, ce qu’on demande, c’est de la clarté ».
L'action avait aussi pour but d’interpeller les consommateurs sur place. « Je leur souhaite du bon courage », déclare une cliente qui échange avec de jeunes agriculteurs. Dans les rayons, une autre consommatrice assure être « sensibilisée » mais déplore « ce que cachent les étiquettes » tout en soulignant « le poids du prix des produits ». Toutefois, « on note des progrès sur l’origine des produits et l’étiquetage. Il y a moins d’indications trompeuses même s’il y a encore des choses à améliorer », estime Vladimir Gauthier, président de JA26. « Dés que c’est transformé, il y a les industriels au milieu, et là nous n’avons plus les origines ou rarement et parfois elles sont trompeuses. Cela renvoie au problème des intermédiaires entre nous et la grande distribution », estime Vladimir Gauthier.
Son de cloche similaire pour la FDSEA.« La matière première agricole n’est pas négociable. Ce sont des matières premières qui coûtent cher à produire et il ne faut pas que ce soit des variables d’ajustement des industriels et des grandes surfaces pour gagner de l’argent », déclare Jean-François Giguel, secrétaire général de la FDSEA 26.
L’action s’est terminée par une rencontre avec la direction du magasin. Si la grande surface a assuré travailler davantage en local, les agriculteurs pointent une nouvelle fois du doigt les produits transformés. « À chaque fois, l’industriel dit que c’est la faute de la distribution et vice-versa, donc c’est plus à ce niveau-là qu’il va falloir améliorer la loi Égalim pour qu’il y ait plus de transparence et qu’on sache enfin qui dit vrai », rapporte Vladimir Gauthier.
M.E.