Viticulture
Vendange : témoignages de la jeune génération

Membres de la commission jeune de l’Union des vignerons des Côtes-du-Rhône, plusieurs jeunes vignerons nous parlent de leur vendange.

Vendange : témoignages de la jeune génération
Maxime Roux, en vendange mécanique sur les hauteurs de Mirabel-aux-Baronnies et Piégon. ©MVB

Qu’elle soit manuelle ou mécanisée, la récolte des raisins est la récompense d’un long et dur labeur. Cette année, dans le Sud-Drôme, les opérations se sont déroulées sous un soleil radieux, permettant une vendange sereine et agréable. Plusieurs jeunes vignerons, représentants des caves adhérentes de l’Union des vignerons des Côtes-du-Rhône (UVCDR), nous font partager ce moment si important.

Loïc Vivancos, qui adhère au chai de vinification de l’Union sur la commune de Vinsobres, a profité d’une belle semaine ensoleillée pour récolter manuellement des vieux gobelets de plus soixante ans, plantés par les grands-parents de sa compagne vigneronne. Les vendanges se font depuis toujours en famille et entre amis. Ces vieilles vignes robustes offrent de petites grappes clairsemées, riches en sucre et en couleur, promises à des cuvées haut de gamme. « La sélection au vignoble est une étape primordiale pour cibler le profil de chaque parcelle et isoler les plus propices aux belles cuvées », explique-t-il. Ce travail est fait par les vignerons mais aussi par les techniciens de cave qui, depuis le mois de juillet, arpentent les terroirs viticoles pour classer les parcelles et organiser la récolte.

Maxime Roux, coopérateur au chai de vinification de l’Union sur la commune de Nyons, est équipé d’une machine depuis plus de vingt ans pour récolter l’ensemble des raisins de son exploitation. Pour les vins blancs et rosés, il débute dès 4 h du matin et profite de la rapidité de travail de sa machine pour amener des raisins frais et des jus sains à la cave, critère de qualité incontestable. « Une vendange mécanique est respectueuse de l’intégrité des baies si la machine est bien menée et bien réglée, autant électroniquement en cabine que manuellement sur les éléments extérieurs », assure-t-il. Il se dit très consciencieux et à l’aise aux commandes de son engin. Ses parcelles perchées en altitude, entourées de bois et d’oliviers, magnifient ses journées de vendange. Ses terroirs très diversifiés apportent de la complexité aux vins de l’Union.

Les vignes de Julien Agier se trouvent sur les terroirs les plus précoces des caves de l’Union avec, entre autres, l’appellation Massif d’Uchaux en Côtes-du-Rhône Villages. Le sol est pourvu de pierres anguleuses en surface pour capter la chaleur et d’argile en profondeur pour retenir l’humidité : un sol idéal pour des vins puissants. « Je contrôle la maturité de chacune de mes parcelles plusieurs fois : d’abord à la vigne avec mon réfractomètre puis au laboratoire pour confirmer mon observation », explique le jeune vigneron. À maturité optimale, il apporte sa récolte au chai de vinification de l’UVCDR sur la commune de Sérignan où les compétences de l’œnologue prennent le relais sur l’étape suivante qu’est la vinification.

Certifiée en agriculture biologique, l’exploitation de Jean Carrere se trouve sur la commune de Rousset-les-Vignes, dans les secteurs nord des caves de l’Union. Il vinifie sa récolte au chai de vinification de la commune de Saint-Pantaléon-les-Vignes et contribue à l’élaboration de la cuvée La Résistance, « sans soufre ajouté ». Sur son vignoble, il réalise un important travail de double relevage et d’effeuillage pour aérer et exposer les grappes au soleil. « Le recours à l’effeuillage me permet d’obtenir de belles qualités sanitaires sur mes syrah qui atteignent des maturités remarquables. » Du fait de la situation tardive de son vignoble, Jean Carrere est souvent parmi les derniers vignerons à récolter. Il est donc armé de beaucoup de patience.

Clément Françon possède plusieurs cépages sur son exploitation dont le dernier et le plus novateur est le Vidoc, cépage résistant. Il en a planté un hectare en 2021 et réalisé sa première récolte cette année. « J’ai réalisé moitié moins de traitements sur cette parcelle sans voir le moindre symptôme de mildiou ou d’oïdium », se réjouit-il. Le chai de vinification situé sur la commune de Saint-Maurice-sur-Eygues est satisfait de ce nouveau cépage qui apporte de la couleur et de la puissance aux assemblages des vins en appellation IGP. Le choix de cet encépagement résistant vise à réduire l’impact sur l’environnement, tant en termes d’intrants que de bilan carbone.

Autre témoignage, celui de Florian Ponzo. Pendant les vendanges, il ne fait pas que vendanger. Il profite de cette période encore chaude et humide pour semer ses engrais verts. « Je sème sans me soucier si la parcelle est récoltée ou non. Fin août début septembre, dès qu’une pluie est annoncée, je sors mon semoir juste avant. » Fort de son expérience, il a bien compris que la réussite de cette technique se trouve à cet instant précis. À Mirabel-aux Baronnies, ses engrais verts se pareront de diverses fleurs au printemps et s’enracineront en profondeur pour un meilleur fonctionnement du sol. Tous les bénéfices de cette biodiversité se retrouveront dans les vins produits et notamment ceux certifiés haute valeur environnementale (HVE). 

Contact à à l’Union des vignerons des Côtes du Rhône : Marie-Véronique Blanc, responsable amont et direction  Domaines (06.30.15.61.69 - [email protected]).

ENTREPRISES VITICOLES

Mise en place d’un dispositif  de prêts bonifiés

La succession des crises inflationniste, sanitaire et climatique exacerbe les difficultés structurelles dans certains bassins viticoles créant une situation de crise pour cette filière majeure pour l’économie française. Ces tensions affectent la trésorerie des entreprises viticoles alors que nombre d’entre elles doivent rembourser des emprunts bancaires, souscrits suite à la crise de la Covid-19 ou à la guerre en Ukraine. Comme attendu, le gouvernement a annoncé, par un communiqué le 2 octobre, la mise en place « début 2024 » de prêts bonifiés à 2,5 % à destination des viticulteurs confrontés à une baisse des ventes de vin rouge, en particulier dans le Bordelais. Le dispositif sera soumis au régime de minimis (plafond triennal d'aide nationale par exploitation agricole). Le gouvernement précise que son déploiement fera l'objet d'un « appel à candidature auprès des établissements concernés ». L'exécutif rappelle qu'une enveloppe de 200 M€ a déjà été débloquée pour soutenir la distillation, et 30 à 38 M€ pour un plan d'arrachage sanitaire, cofinancé par l'interprofession bordelaise (CIVB) à hauteur de 19 M€ et la région Nouvelle-Aquitaine pour 10 M€. Le président des Vignerons indépendants Jean-Marie Fabre avait rencontré Marc Fesneau début septembre. Il avait demandé au ministre des allègements de charges sociales et foncières. Le syndicat avait aussi demandé la mise en place d’une aide similaire à celle obtenue après le gel du printemps 2021.