Installation
Olivier Brugière : de la mécanique des fluides à la viticulture
L’inauguration de l’installation d’Olivier Brugière, à Saint-Pantaléon-les-Vignes, a mis en avant un projet de reprise d’une exploitation familiale mené à bien grâce à l’implication significative de plusieurs partenaires.
Après un doctorat en mécanique des fluides à l’université de Grenoble et plusieurs années de salariat comme ingénieur d’études dans la région lyonnaise, Olivier Brugière a profité des confinements pendant la crise sanitaire de la Covid-19 pour réfléchir à son installation. Un projet envisagé dans le cadre d’une reprise de l’exploitation familiale, à Saint-Pantaléon-les-Vignes. De retour dans la région de sa famille maternelle, il commence alors sa reconversion en tant que tractoriste avant d’entamer son parcours installation avec la chambre d’agriculture de la Drôme. Il réalise alors son parcours professionnel personnalisé (PPP), son plan d’entreprise (PE) et passe son BPREA en 2021-2022 à Nyons. Puis il s’installe sur l’exploitation familiale en août 2022, représentant ainsi la sixième génération.
Des préoccupations
Historiquement en polyculture-élevage, l’exploitation familiale a évolué en fonction des marchés et de la mécanisation pour devenir exclusivement viticole au milieu des années 1990. À travers son installation, Olivier Brugière contribue à la développer, notamment avec un ajout de 4,25 ha de vignes, ainsi que la plantation de 2,7 ha de chênes truffiers. Aujourd’hui, les vignes représentent ainsi 21,5 ha (dont 25 % de plantiers) en appellation Côtes-du-Rhône Village. Toute la récolte est destinée à la cave coopérative de Saint-Pantaléon-les-Vignes dont Olivier est membre. Même si cela représente beaucoup de travail administratif, il s’attèle à convertir son exploitation en agriculture biologique et à obtenir la certification Terra Vitis.
Le jeune agriculteur est polyvalent sur tous les travaux aux champs et reste vigilant au rapport « gain/investissement financier/ charge de travail », ce qui le pousse à sous-traiter tout ou partie de certaines tâches, notamment les vendanges, la taille des vignes ou encore la conduite d’engins. Olivier Brugière est inquiet du déséquilibre naissant entre, d’un côté l’augmentation des coûts de production, et de l’autre la baisse des prix de vente. Il se dit également préoccupé par la charge de travail grandissante, en particulier l’aspect administratif et les rendez-vous avec les partenaires qui sont vite chronophages, comme pour les certifications.
Des projets de diversification
Afin d’assurer la pérennité de son exploitation, Olivier Brugière aimerait diversifier ses productions. Le climat et la sécheresse étant à prendre en compte, la réflexion est complexe. Ajouter de nouveaux cépages ? : Marsanne et Viognier sont prévus respectivement pour 2024 et 2025, mais le temps que les pieds soient productifs, le marché sera-t-il toujours porteur ? Planter des oliviers ? : l’Inao a refusé la moitié des parcelles proposées par le jeune agriculteur. Est-ce pertinent de persévérer dans cette voie, s’interroge-t-il. Autre possibilité : développer les plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam) ou une arboriculture économe en eau (grenadiers, pistachiers…) ? : pourquoi pas mais quels seront réellement les débouchés dans les années à venir, se demande le jeune agriculteur. L’exploitation bénéficie d’atouts grâce, notamment, à un parcellaire regroupé autour des bâtiments (rayon de 1 km), aux certifications, à la notoriété de l’AOP Côte-du-Rhône Village ainsi qu’à la présence de la cave coopérative. Olivier Brugière admet bien volontiers que le fait d’être « fils ou petit-fils de » lui a permis de gagner rapidement la confiance des riverains et de ses partenaires. L’entraide avec les collègues est également un point fort.
Lors de l’inauguration de son installation, le jeune agriculteur a remercié les partenaires qui l’ont aidé à s’installer : son concessionnaire, son fournisseur principal et son conseiller financier pour leur « compréhension » et leurs efforts pour « contenir les hausses tarifaires ». Il a aussi confié avoir beaucoup apprécié l’accompagnement de la conseillère de la chambre d’agriculture, Marie-Hélène Bouvet, laquelle lui a permis de monter une étude économique prévisionnelle très utile. Sandrine Roussin, en tant que vice-présidente de la chambre d’agriculture de la Drôme, a rappelé l’importance du renouvellement des générations. Puis, elle a félicité la cave coopérative de Saint-Pantaléon qui accompagne les jeunes dans leur installation.
La Cave de Saint-Pantaléon accompagne les jeunes
Philippe Barral, administrateur de la Cave de Saint-Pantaléon-les-Vignes, a présenté les outils mis à la disposition des futurs viticulteurs coopérateurs.
En 2012 et 2020, deux études ont été conduites par la cave coopérative de Saint-Pantaléon-les-Vignes afin de recenser les exploitations sans repreneur dans l’objectif de pouvoir les mettre en relation avec de futurs installés. En effet, « le constat est clair : aujourd’hui le schéma tout tracé du fils qui prend la suite du père n’est plus du tout systématique. Maintenant, les jeunes reviennent après avoir vécu des expériences variées et Olivier en est le parfait exemple, a-t-il expliqué. Cette diversification des profils apporte de l’ouverture d’esprit et de nouvelles idées. Aux structures de s’adapter et de s’enrichir. »
Pour accompagner les nouveaux adhérents dans leur installation, la cave assure, en amont du projet, un accompagnement technique individuel.
Des demi-journées « installation » expliquant le fonctionnement de la coopérative (statuts, règlement intérieur…) sont proposées une fois par an (quinze jeunes participants en 2022) aux nouveaux coopérateurs. Par ailleurs, des groupes « bord de parcelle » avec le technicien de la chambre d’agriculture permettent de faire le point sur l’avancement de la végétation et d’apporter divers conseils.
Pour le côté financier, l’achat de parts sociales peut être lissé sur trois récoltes. Une aide à la trésorerie a également été mise en place. Même si la forme doit être revue prochainement, elle permet au jeune installé(e) de percevoir des « pré-acomptes » dès la première année, au lieu d’attendre 18 mois entre la livraison de la production et le versement du premier acompte.