A Etoile-sur-Rhône, un site de méthanisation raccordé au réseau
Depuis quatre mois, la société Méthavéore, fondée par des agriculteurs, produit et injecte du gaz vert dans le réseau GRDF. C’est une première en Drôme.

Plus de 18 millions de kilowattheures de gaz renouvelable : c’est la capacité de production annuelle du site de méthanisation porté par la société Méthavéore à Etoile-sur-Rhône. Soit l’équivalent de la consommation annuelle en chauffage de 4 500 logements neufs ou celle de 70 bus roulant au gaz. Derrière ce projet, trois associés agriculteurs qui se sont lancés dans l’aventure avec une motivation commune : devenir autonomes sur la fertilisation de leurs cultures, grâce au digestat, co-produit de la méthanisation. Olivier Courtial, Carine Courtial et Bruno Bouchet réunissent avec leur trois exploitations plus de 450 hectares en grandes cultures, semences et maraîchage. Dès 2012, ils avaient amorcé une réflexion sur la possibilité de convertir leurs productions en agriculture biologique. En 2013, un groupement d’intérêt économique (GIE) est constitué avec d’autres agriculteurs pour mutualiser l’acquisition de matériels de culture permettant de réduire les intrants. En 2014, le groupement est labellisé GIEE, groupement d’intérêt économique et environnemental. La réflexion se poursuit dans le sens d’une conversion à l’agriculture biologique, mais le principal frein reste celui de l’approvisionnement en engrais organiques naturels. « Pour des céréaliers, sans élevage, c’est compliqué de passer en bio », résume Olivier Courtial. Aussi, avec Carine Courtial et Bruno Bouchet, ils continuent d’explorer les pistes possibles pour produire leur propre engrais azoté, visitent de nombreuses installations de méthanisation en France et en Europe. Le projet finit par se concrétiser avec la proposition de GRDF de raccorder cette unité de méthanisation agricole au réseau pour alimenter en gaz renouvelable les communes d’Etoile-sur-Rhône, Portes-lès-Valence et Valence.
70 % des besoins azotés des cultures couverts
Le site est opérationnel depuis l’été 2020. « Dès septembre nous avons commencé à introduire de la matière : du méteil, du sorgho fourrager… Nous valorisons les cultures intermédiaires (CIMSE*) comme gisement pour la méthanisation », précise Carine Courtial. Depuis fin octobre, le site de méthanisation est en capacité d’injecter du gaz vert dans le réseau. C’est une première satisfaction mais le vrai enjeu reste la fertilisation azotée. « Nous n’avons pas encore retiré de digestat pour l’épandre sur nos cultures, mais notre projet a été dimensionné pour couvrir 70 % des besoins azotés de nos trois exploitations », explique Olivier Courtial. Les trois associés savent que leur outil de méthanisation est regardé de près par des entreprises agroalimentaires qui cherchent des moyens de valoriser localement leurs déchets de production, dont certains sont aujourd’hui acheminés jusqu’en Normandie, faute de solution en Drôme. « Pour l’instant, nous mettons la priorité sur l’ensilage issu de nos cultures intermédiaires pour monter en puissance doucement afin de stabiliser les bactéries dans nos deux digesteurs », indique l'agriculteur. Il espère que d’autres projets se dessineront pour la production de gaz renouvelable en Drôme.
C’est en tout cas l’ambition affichée par GRDF qui rappelle que le projet Méthavéore est le seizième site de méthanisation à injecter du biométhane dans son réseau en Auvergne-Rhône-Alpes. « La loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) fixe un objectif de 10 % de gaz renouvelable dans les réseaux d’ici 2030 », rappelle l’opérateur. Avant d’affirmer : « Au regard de la dynamique territoriale, GRDF estime qu’il est possible d’aller au-delà de ces 10 %. »
S.Sabot
* CISME : cultures intermédiaires multi-services environnementaux.