Manifestation
Des cerises déversées, pour faire réagir

Des cerises déversées, pour faire réagir
Deux tonnes de cerises piquées par les mouches, et donc invendables, ont été déversées devant la sous-préfecture de l’Ardèche, jeudi 6 juillet. Crédit AAA / PDeDeus

Tôt le matin du 6 juillet, à Tournon-sur-Rhône, une dizaine d’arboriculteurs ont déposé des cerises devant la sous-préfecture de l’Ardèche, manifestant ainsi leur colère. Les fruits qu’ils transportaient n’étaient pas destinés à la consommation… Récoltés par les saisonniers, ils ont été triés, puis écartés. Piquées par les mouches Rhagoletis Cerasi et Drosophila Suzukii, ces cerises sont devenues invendables. Ces ravageurs - contre lesquels les arboriculteurs n’ont pas eu de moyen de lutte efficace cette année, suite à l’arrêt de l’homologation du Phosmet - sont désormais dans tous les vergers. D’après les premières estimations des producteurs, les potentiels de production auraient été amputés d’au moins 30 %. Pour les quelques riverains qui n’auraient pas entendu parler des difficultés des producteurs de cerises, une banderole résumait la situation : « Ne nous cassez pas les cerises. Laissez-nous travailler ! » Six mois après la manifestation qui avait réuni plus de 200 agriculteurs devant cette même sous-préfecture, les revendications n’ont pas changé : les producteurs attendent des solutions. Sans Phosmet, les rendements baissent et les coûts de production augmentent. Une situation intenable dans un territoire oùt les vergers sont souvent une source de revenu essentielle pour vivre, et parfois même pour maintenir d’autres activités agricoles, moins rentables, telles que l’élevage.
Les producteurs demandent que des solutions efficaces soient apportées en attendant une éventuelle alternative de lutte contre les ravageurs (telle que l’insecte stérile). Dans l’immédiat, ils réclament une indemnisation sans franchise, ainsi qu’une neutralisation des pertes dans les moyennes olympiques. Sans cela, la filière cerise risque de connaître une crise sans précédent, tirant dans sa chute les territoires qui en dépendent.
Dans un communiqué publié le 6 juillet, le ministère de l’Agriculture indique que « le ministre a pris pleinement la mesure de l’urgence de la situation ainsi que la détresse des producteurs. (...) Le gouvernement sera aux côtés des producteurs pour les aider à surmonter cette crise et étudie actuellement les soutiens, de toute nature, qu’il pourrait apporter. » Le ministère a commencé l’évaluation des pertes des producteurs et annonce travailler à la mise au point d’une « stratégie sur le long terme pour développer collectivement des alternatives de protection des cultures et améliorer la résilience de la production face au changement climatique ». Un plan d’action pluriannuel de recherche et d’innovation, en étroite concertation avec les principaux acteurs de la filière cerise et de la recherche agronomique est en cours d’élaboration. 

P.D.-D et Actuagri


 Une dizaine d’arboriculteurs s’était déplacée à Tournon-sur-Rhône pour interpeller le gouvernement sur la situation de la filière.