Centre d’expérimentation
Basimil et GénoLavande, deux programmes emblématiques

L’organisme français qualifié de recherche pour le développement des plantes à parfum, médicinales et aromatiques (Ppam), l’Iteipmai, situé à Montboucher-sur-Jabron dans la Drôme, a accueilli la sénatrice de la Drôme, Marie-Pierre Monier, les élus et professionnels de la filière Ppam à une journée de présentation des projets en cours.
Basimil et GénoLavande, deux programmes emblématiques

Le centre d'expérimentation de la vallée du Rhône (C.E.V.R. Iteipmai), implanté à Montboucher-sur-Jabron (Drôme), a ouvert ses portes le mardi 20 juin aux élus et aux professionnels agricoles. L'occasion pour Michel Meneuvrier, membre du conseil d'administration et les techniciens, de faire le point sur les diverses actions, menées en collaboration avec les partenaires du réseau, le Cnpmai1, le Crieppam2 et la chambre d'agriculture de la Drôme. Ces travaux d'intérêt général sont menés grâce aux fonds publics du CasDar3, de FranceAgriMer, et de la Région.
Parmi les principaux dossiers en cours, Philippe Gallois, responsable de la coordination des programmes, et Guillaume Fremondière, responsable agronomique, ont mis l'accent sur deux activités phares : le projet Basimil et le projet GénoLavande.

Le projet Basimil tend à trouver des solutions pour créer une variété résistante au mildiou du basilic.

Lutter contre le mildiou du basilic

Le projet Basimil propose de mettre au point des stratégies de réduction de la pression sanitaire liée au mildiou du basilic, Peronospora belbahrii. Il se focalise sur la graine, vecteur primaire de la maladie et vise à développer des techniques (optimisation de la densité de semis) et matériels innovants. « L'objectif est de créer une variété de basilic de type « génois grand vert », tolérante au mildiou. Aujourd'hui, la phase de création variétale est terminée. Il faut que l'on s'assure de sa résistance et de sa qualité conformes aux exigences initiales », explique Philippe Gallois. Ce projet comporte trois axes : le premier « phyto » s'intéresse aux traitements applicables sur la culture et sur la définition du stade optimal d'application. En 2018, sur les treize produits testés (conventionnels et alternatifs), six spécialités phytosanitaires se sont montrées efficaces. Le deuxième, « sélection », vise à créer par croisements successifs, des variétés résistantes au mildiou. En 2018, cinquante individus ont été sélectionnés pour leur niveau de résistance, pour leurs caractères agronomiques et pour leurs qualités aromatiques. Ces travaux se poursuivront encore quelques années pour aboutir à l'inscription de variétés commerciales résistantes. Enfin, l'axe « système » a pour but la mise au point d'un modèle prédictif d'apparition de la maladie. Sur les parcelles équipées de stations météo connectées, les techniciens du projet ont pu suivre en temps réel des prédictions de risque de développement du mildiou. En 2019, cette plateforme internet sera améliorée et diffusée.

Le programme Récital permet notamment d’évaluer l’intérêt de nouveaux itinéraires techniques à base de couverts végétaux.

Définir la carte génétique de la lavande

La seconde activité principale de l'organisme concerne le renforcement des travaux de génomique sur la lavande, appelée GenoLavande. En collaboration avec l'Inra d'Evry et le Crieppam, l'Iteipmai vise à développer de nouveaux outils permettant la caractérisation et la sélection des variétés de lavande. « Notre souhait est d'établir une carte génétique de référence de la lavande grâce à l'analyse génomique d'une variété de lavande de référence : la maillette », poursuit Philippe Gallois. Ce projet devrait permettre à la filière lavandicole de faire un bond en avant en matière d'offre variétale : en effet, ce travail vise à identifier de nouvelles plantes, présentant à la fois une bonne tolérance au dépérissement, un rendement intéressant et une production d'huile essentielle de qualité. À ce jour, l'analyse des distances génétiques a permis de mettre en évidence quatre grands groupes génétiques, structurés selon l'origine géographique des populations qui les constituent. L'altitude d'origine des populations n'a pas été identifiée comme étant un facteur structurant. Suite aux observations complémentaires réalisées en 2019, les meilleurs individus feront l'objet d'un plan de croisements pour évaluer le potentiel de leurs descendances. À noter que les résultats de ces projets seront portés à la connaissance des professionnels de la filière, sur le site internet : www.iteipmai.fr

Guillaume Fremondière, responsable de station, devant la zone expérimentale située à Montboucher-sur-Jabron qui s’étend sur près de quatre hectares.

Amandine Priolet

1 Cnpmai : Conservatoire national des plantes à parfum, médicinales et aromatiques.
2 Crieppam : Centre régionalisé interprofessionnel d'expérimentation en plantes à parfum aromatiques et médicinales.
3 CasDar : Compte d'affectation spéciale développement agricole et rural.

 

Le programme Récital pour contrer le changement climatique 

Depuis 2017, l’Iteipmai, par le biais de son responsable de station Guillaume Fremondière, travaille sur le programme Récital, qui cherche à donner des réponses aux évolutions climatiques par l’innovation et les techniques alternatives dans les lavanderaies. Ces dernières années, les cultures françaises de lavande et de lavandin font l’objet d’une forte augmentation du taux de mortalité. En cause, la maladie du dépérissement liée à la présence de cicadelles mais aussi des conditions climatiques, résultant d’étés secs intenses et répétitifs. Les projections climatiques pour la région méditerranéenne prédisent la hausse de la température moyenne annuelle et la baisse des précipitations moyennes annuelles, favorisant des sécheresses de plus en plus intenses. Le programme Récital vise trois objectifs majeurs : observer l’impact du changement climatique sur les cultures de lavande et lavandin en évaluant les limites maximales de stress hydriques supportées par ces cultures et identifier le matériel végétal le mieux adapté, évaluer l’intérêt de nouveaux itinéraires de cultures innovants, à base de couverts végétaux, comme réponse durable à ce changement climatique et enfin, favoriser l’appropriation de ces nouvelles techniques agroécologiques par les producteurs. Le programme Récital apportera tous ses éléments de réponses en 2020.

A. P.