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Interview

Fermes du Vercors :  un nouveau président

Antoine Dépierre est le nouveau président de l’association Fermes du Vercors.

Fermes du Vercors :  un nouveau président
« La vocation de l’association Fermes du Vercors est de faire la promotion positive de nos productions », souligne Antoine Dépierre, nouveau président. ©ID_TD

Vous avez récemment pris la présidence de l’association Fermes du Vercors. Qu’est-ce qui vous a séduit dans cette aventure ?
Antoine Dépierre : « Marion Rochas était présidente depuis cinq ans et souhaitait passer la main. C’était un beau challenge car c’est une association à laquelle je tiens avec un projet unique en France. Il associe, en effet, une association de producteurs fermiers, avec le territoire du parc du Vercors, mais aussi l’AOP bleu du Vercors-Sassenage qui nous tire vers le haut. J’ai la fibre communicante et une super équipe au conseil d’administration, cela aide pour relever ce nouveau défi. Je reste par ailleurs actif au niveau du syndicat des vins de l’Isère, mais c’est une bonne opportunité pour se mettre en retrait et laisser d’autres prendre des responsabilités. »


Que représente l’association Fermes du Vercors ?
A. D. : « L’association a été créée en même temps que le parc. Elle s’est réinventée en 2019 avec de nouveaux statuts. Elle compte 62 adhérents qui recouvrent une diversité de productions fermières : bleu, miel, horticulture, fromages, ovins, glaces, vignes… La force de ces fermes, c’est le parc du Vercors. Mais en étant à cheval sur deux départements, il est moins facile de mobiliser deux collectivités. Et puis, il y a des zones inexplorées comme le Trièves. Nous devons encore recruter des adhérents. »


Quelles sont les priorités de l’association ?
A. D. : « L’installation est un gros challenge, même si la dynamique est bonne dans le Vercors. C’est un sujet évoqué lors de nos rencontres avec les députés, courant février. Car la vocation des Fermes du Vercors est de faire la promotion positive de nos productions avec, par exemple, des marchés de producteurs ou des visites de ferme. Cependant, avec la crise agricole, le deuxième volet de notre mission, qui est la défense de la production fermière, est entré en action. Car nous devons aussi défendre notre identité et notre façon de travailler. Il y a une vraie agriculture à préserver, une agriculture de proximité, de territoire. Ce sont les agriculteurs qui ont façonné les paysages du Vercors. L’association n’a pas vocation à mobiliser les agriculteurs, c’est le rôle des syndicats. En revanche, nous sommes allés voir les élus pour leur dire que la crise n’est pas finie et que nous sommes d’accord avec les revendications syndicales dans leur ensemble. »

Vous avez ressenti un malaise dans les fermes du Vercors ?
A. D. : « Il y avait des choses qui étaient tolérées ou acceptées que l’on ne tolère plus désormais. On ressent une crispation forte, voire une colère. Lorsque je suis allé à la rencontre des adhérents, c’est le mot haine qui est ressorti plusieurs fois, dans le sens “ça suffit, on marche sur la tête”. Les crispations portent, par exemple, sur les annonces gouvernementales du versement des aides qui ne sont pas réalisées. Il serait temps de revenir à la notion de service public. Les agents territoriaux sont à notre service. Nous ne sommes pas là pour leur mâcher le travail et il est insupportable de se faire retoquer un dossier parce qu’une case n’est pas cochée. »

Quels sont les projets de votre association ?
A. D. : « La Fête du bleu n’aura pas lieu cette année et nous retravaillons le concept pour mieux le proposer en 2025. L’alternative est le concours départemental d’élevage qui se déroulera fin août à Lans-en-Vercors. En outre, nous relançons “À bout de champ” avec douze dates dans les fermes adhérentes, du mois de mai au mois de septembre. Le principe est d’inviter le public à venir à la rencontre des agriculteurs, à échanger sur notre métier, à aller voir comment ça se passe, là où les produits sont faits, par exemple à participer à la traite ou voir la transformation. C’est de la pédagogie. Nous allons au contact du consommateur qui découvre notre travail, comment on le fait. La survie de l’agriculture passe par là. » 

Propos recueillis par Isabelle Doucet