Circuits courts
Fraîcheur Paysanne, le premier magasin de producteurs de Montélimar

Depuis 2009, le magasin de produits fermiers Fraîcheur Paysanne propose tout un panel de produits frais et locaux, venus de Drôme mais aussi d’Ardèche et d’Isère.

Fraîcheur Paysanne, le premier magasin de producteurs de Montélimar
De gauche à droite : Yves Courbis (vice-président de Montélimar Agglomération en charge de l’agriculture), Léna (alternante en licence professionnelle), Julien Tamigneau (producteur de spiruline à Condillac), Céline Thiebaut (chargée de mission projet alimentaire territorial de Montélimar Agglomération), Julien Cornillet (président de Montélimar Agglomération et maire de Montélimar), et Claudette Sevenier (l’une des gérantes de Fraîcheur Paysanne). © AP

à l’occasion de visites sur le terrain agricole, Julien Cornillet, président de Montélimar Agglomération, met en avant la richesse du territoire en termes de ruralité et d’agriculture locale.Mi-janvier, c’est au sein du magasin de produits fermiers Fraîcheur Paysanne, à Montélimar, que s’est déplacée toute une délégation d’élus à la rencontre de l’une des dirigeantes de la structure, Claudette Sevenier. 
Agricultrice à Saint-Pons (07) depuis 1981, Claudette Sevenier vit avec passion son métier d’éleveuse. Au sein du Gaec de La Selve, elle élève aujourd’hui un cheptel de 120 chèvres et un troupeau de 40 génisses. « Ma grande fierté est d’avoir pu installer mes fils, Cyril en 2006 et Jérémy en 2017 », souligne-t-elle. L’installation de son premier fils, en 2006, marque également les prémices de l’ouverture du magasin de producteurs, Fraîcheur Paysanne. « Pour assurer l’installation de Cyril, le développement de la vente directe était indispensable », dit-elle. 
Durant trois ans, Claudette Sevenier s’est entourée d’amis agriculteurs pour imaginer une structure proposant la vente de produits fermiers du secteur. « Cela nous rassurait de créer un collectif. Tout seul, on ne l’aurait pas fait de cette manière », indique-t-elle. Car c’est à Montélimar que les sept associés du magasin ont décidé de s’implanter. Elle explique : « À l’époque, il n’existait pas de magasins de producteurs sur la ville de Montélimar. Nous étions les premiers », se réjouit Claudette Sevenier. À ses débuts, le magasin vend les produits d’un groupe d’agriculteurs du Coiron. « Nous avons ensuite étoffé notre offre de produits, biologiques et conventionnels, en fonction des besoins de notre clientèle. Après une longue période de démarchage, nous travaillons aujourd’hui avec plus de quarante agriculteurs, sous le statut de dépôts-vendeurs », poursuit-elle. 

La force du collectif

Des exploitants agricoles de la Drôme (Hervé Lauzier pour ses amandes, Délices au miel pour ses miels et autres produits dérivés, Hensens frères pour leurs champignons, le Domaine des chênes verts pour les olives AOP de Nyons, etc.), mais aussi d’Isère (noix AOP) et surtout d’Ardèche (légumes, conserverie, viande...). « Les producteurs apportent régulièrement leurs produits en fonction du stock disponible en magasin. Nous évitons au maximum de créer des ruptures pour ne pas décevoir nos clients », s’attache à dire Claudette Sevenier. Pour faire vivre une structure comme Fraîcheur Paysanne, les agriculteurs sont prélevés de 26 % de leur vente. « C’est le pourcentage indiqué sur le contrat, après un droit d’entrée fixé à 200 €, stipule la gérante. En parallèle, s’ils n’ont pas besoin de venir faire des permanences de vente, nous leur demandons de faire des animations, trois à quatre fois par an, afin de faire déguster leurs produits à la clientèle. Cela permet non seulement de créer du lien mais aussi de valoriser les différentes préparations culinaires que l’on peut retrouver ici. »

« La situation est de plus en plus dure »

Si Fraîcheur Paysanne était le premier magasin de producteurs de Montélimar, les gérants ont vu arriver, peu à peu, une concurrence croissante. Malgré tout, la force du collectif a maintenu  la tête hors de l’eau  tous ces agriculteurs attachés aux circuits courts. « Nous avons connu un gros essor lors de la période du Covid-19 et des confinements. Nous n’avons jamais fermé le magasin et avons même embauché une salariée », se rappelle Claudette Sevenier. Toutefois, l’embellie connue à cette période s’est vite assombrie. « La fréquentation s’est ensuite effondrée, regrette-t-elle. Le nombre de clients a fortement chuté, alors même que le panier moyen se stabilise à environ 39 €. Nous venons seulement de retrouver notre niveau de 2019 ». Inquiète sur l’avenir, Claudette Sevenier a déjà pensé mettre la clé sous la porte. « La situation est de plus en plus dure. Je suis très pessimiste face à l’avenir, les hausses de tarifs, etc. Il faut que tout le monde joue le jeu », conclut-elle.

Amandine Priolet