Elodie Degiovanni à l’écoute des agriculteurs des Baronnies
La FDSEA et la chambre d’agriculture de la Drôme ont convié, le 2 février, la préfète Elodie Degiovanni à une journée de visites d’exploitations agricoles dans le sud du département.

Organisées régulièrement tout au long de l’année, ces tournées au sein des exploitations de la Drôme en présence notamment de la préfète Elodie Degiovanni permettent aux acteurs du monde agricole d’aborder les différentes problématiques qu’ils rencontrent au quotidien dans l’exercice de leurs fonctions. Le 2 février, la visite préfectorale a débuté à Piégon, chez Vincent Dessalles, gérant de l’EARL Le Bressage. Cette exploitation familiale, créée en 1748, compte 40 hectares en polyculture : vignes, arbres fruitiers et plantes maraîchères. Disposant des signes de qualité AOP et IGP sur la plupart de sa production, l’EARL Le Bressage est certifiée en HVE depuis 2020.
L’eau, sujet d’inquiétude
Cependant, pour pouvoir assurer la pérennité de son exploitation, Vincent Dessalles a mis en avant l’intérêt de disposer à moyen terme de l’irrigation : « C’est un enjeu d’avenir, important pour le choix de nos cultures ». L’occasion pour les élus présents d’évoquer le projet territorial « Hauts de Provence Rhodanienne ». Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d’agriculture de la Drôme, a insisté sur la volonté d’étudier tous les scénarios possibles afin de n’oublier personne. « Nous allons reprendre les études par rapport aux besoins, à l’altitude, à la distance, pour pouvoir ensuite définir les lieux que nous pouvons couvrir ou non », a-t-il déclaré, rappelant également à tous les élus qu’il s’agissait d’un projet de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE).
L’exploitation de la famille Dessalles est à la fois agricole et touristique depuis 1978. Adhérente aux Gîtes de France depuis 1989, elle met un point d’honneur à développer cette activité riche en lien social. Pour Marion Dessalles, la fille de Vincent, nouvellement arrivée sur la ferme, c’est un moyen de montrer aux estivants ce qu’est le monde agricole. « Depuis plus de quarante ans, nos gîtes ont toujours su se renouveler, entre modernité et tradition », a-t-elle expliqué.
Aides financières suite au gel : un fiasco ?
La visite s’est poursuivie au Cellier des Dauphins à Tulette, où Bruno Darnaud, élu FDSEA et président de l’AOP pêches et abricots de France, a d’ailleurs interpellé les élus et les parlementaires sur la question des calamités agricoles et des promesses faites par Jean Castex envers les mondes viticole et arboricole, après le gel exceptionnel d’avril dernier. Le premier ministre avait annoncé la création d’un fonds de solidarité exceptionnel d’un milliard d’euros. « La vitesse d’exécution a été assez rapide sur les calamités agricoles, notamment pour les fruits à noyau et les fruits à pépin. Nous allons attaquer les dossiers viticoles ».
En revanche, Bruno Darnaud s’inquiète des autres enveloppes : l’aide aux entreprises en aval (150 M€), la compensation entre les assurés et les non-assurés (70 M€) et l’année blanche de cotisations sociales attribuée par la MSA (170 M€). « Je suis assez optimiste sur la première enveloppe, bien qu’étant pour l’instant en suspens. A contrario, je suis très pessimiste sur les deux autres. Aujourd’hui, on peut dire que ce qui est présenté est un fiasco : sur les premières ébauches, les critères excluent pratiquement tous les viticulteurs ou arboriculteurs du système. Nous demandons à l’Etat de regarder très vite ses critères. C’est une alerte forte qu’on vous demande de faire remonter car il y a un enjeu majeur pour la profession viticole et arboricole, pour l’avenir de l’assurance, pour l’avenir de la gestion des risques et pour l’avenir des entreprises agricoles », a-t-il alerté.
Les élus ont ensuite visité la cave coopérative dont le territoire s’étend sur 12 000 hectares de vignobles. « 110 employés œuvrent à la production de 40 millions d’équivalent bouteilles de 75 cl par an, ce qui fait de notre maison le premier producteur en appellation contrôlée », a souligné Sylvie Darves, la directrice générale.
Une véritable bagarre des prix
Le président du Cellier des Dauphins, Christophe Charransol, a toutefois évoqué les difficultés des marchés commerciaux : « Nous sommes en pleine négociation, dans un contexte relativement compliqué avec la Covid-19, les problèmes à l’export dus au Brexit, la loi Egalim… De plus, les matières sèches augmentent de manière importante. A travers tout cela, il faut réussir à négocier un tarif le plus juste pour nos vignerons. Ce n’est pas forcément simple mais j’ose espérer que les enseignes entendent les difficultés que l’on rencontre. » Pour Sylvie Darves, l’Union doit faire face à une véritable bagarre des prix entre les enseignes. Elle fait également écho d’un manque de visibilité et d’incertitudes importantes liés au contexte sanitaire.
Une troisième visite sur la thématique de la trufficulture a conclu la journée. Ont notamment été abordées les problématiques de vol de truffes et de concurrence espagnole.
Amandine Priolet
