BILAN DE CAMPAGNE
Blé tendre : des rendements dans la moyenne mais une qualité dégradée
Après un automne plutôt favorable aux semis, les cultures ont subi un début de printemps froid et sec, impactant la montaison. Les pluies sont ensuite arrivées et la période épiaison/remplissage a été plutôt propice. En sortie de campagne, les rendements sont hétérogènes mais globalement au-dessus de la moyenne quinquennale. La qualité se révèle, en revanche, dégradée.
Contrairement aux deux campagnes précédentes, cette année l’automne 2020 a été beaucoup moins pluvieux, voire même un peu sec sur certains secteurs du Sud (voir figure 1). Les périodes pour réaliser les semis ont été suffisamment larges pour des implantations à date optimum. Une majorité des semis a pu être réalisée en octobre et pour les plus tardifs se terminer début novembre. Ces bonnes conditions d’implantation ont permis des levées homogènes et une bonne installation des cultures.
L’hiver s’est pratiquement situé dans la normale des vingt dernières années mais avec très peu de jours de gel. Seul le mois de février s’est distingué avec des températures élevées favorisant l’arrivée du stade épi 1 cm avec une avance de 8 à 10 jours par rapport aux dates observées habituellement. Cet hiver sans gel a, comme en 2020, été favorable à la présence constante de pucerons vecteurs de la jaunisse nanisante de l’orge (voir figure 2).
Froid et manque de pluie à la montaison
Comme cela devient l’habitude depuis plusieurs années, à partir de début février jusqu’à fin avril, il n’a pratiquement pas plu sur l’ensemble de la région hormis quelques secteurs privilégiés, essentiellement sur le nord Rhône-Alpes, qui ont pu bénéficier de petites pluies mi-mars et mi-avril. Les apports d’azote à cette période ont souvent été mal valorisés. Nombre de parcelles ont dû assurer une montaison sous statut azoté dégradé. Quand cela a été possible il a fallu mettre en œuvre l’irrigation dès le début d’avril car le déficit hydrique devenait trop important. Un à deux tours avant l’épiaison ont été réalisés pour compenser ce manque d’eau.
L’autre fait marquant de la montaison sont les températures fraîches qui ont régné tout au long du printemps. Le mois d’avril a été marqué par un épisode de gel qui a pu occasionner des dégâts sur épis sur les parcelles les plus en avance parfois de façon assez sévère. Ces conditions fraîches ont ralenti le développement des cultures et l’apparition des stades, l’avance de 8-10 jours à l’épi 1 cm a été complètement perdue courant montaison et les épiaisons se sont déroulées à date normale.
Du côté des maladies, comme en 2020, la septoriose, maladie principale de la montaison, bien qu’observée en fond de végétation, n’a pas pu trouver les bonnes conditions pour se développer. La rouille jaune maintenant très présente dans notre paysage a fait une apparition assez précoce fin mars mais est restée contenue. La rouille brune est arrivée assez tard en fin de cycle sans occasionner de réels dégâts.
Des conditions propices au remplissage et à la verse
Le retour des pluies à partir de début mai et les conditions climatiques qui ont régné au cours de la période constitution-remplissage du grain, à savoir températures pas trop élevées et pluies régulières, ont été particulièrement favorables et propices à une bonne fertilité épi et à un bon remplissage du grain. La maturité physiologique est atteinte assez tardivement sur la deuxième partie de juin sans que les cultures n’aient eu à subir trop de journées à températures échaudantes hormis au cours d’un petit épisode vers le 15 juin.
Le retour de la pluie sur la première partie de mai s’est déroulé en pleine épiaison et floraison des blés. Cela a fait craindre la présence de fusariose (fusarium et microdochium). Parfois des symptômes ont été observés visuellement sur quelques parcelles mais sans conséquences sur les cultures.
La verse fait son retour
Courant remplissage, de nombreuses parcelles représentant des surfaces importantes, plutôt au nord de la région (nord de la Drôme, Isère, Ain) dans les sols profonds, ont subi des phénomènes de verse qui auront des conséquences marquées sur le niveau de rendement et la qualité des récoltes.
Une récolte inégale entre nord et sud
Les récoltes ont débuté fin juin pour le Sud de la région et début juillet pour Rhône-Alpes. Dans le Sud, les récoltes se sont déroulées dans d’assez bonnes conditions. Au nord de Montélimar les pluies incessantes de la première partie de juillet – il a plu deux jours sur trois – avec des hauteurs d’eau allant de 100 à 140 mm, ont gravement perturbé les récoltes. Les rendements sont au rendez-vous mais pour la qualité, c’est plus contrasté : la protéine est présente malgré les bons niveaux de rendement. Les poids spécifiques (PS) sont faibles à moyens, les pluies continues ont sans doute initié des départs en germination et les taux de chute de Hagberg (TCH)sont dégradés dans de nombreuses situations. Le bilan global qualité n’est pas aussi bon qu’espéré.
Ce qu’il faut retenir de cette campagne 2021
Un automne plutôt favorable aux semis avec de bonnes installations des cultures, de ce fait les surfaces sont en progression en Rhône-Alpes. L’hiver n’a pas connu le gel, les cultures sont restées longtemps exposées aux pucerons vecteurs de la JNO, des symptômes ont été observés au printemps sur certaines parcelles mais sans commune mesure avec 2020. Un début de printemps froid et sec : une montaison qui s’est déroulée avec parfois une mauvaise valorisation de l’azote et des cultures sous stress hydrique. La montaison a été très longue sous des températures fraîches, marquée par un épisode de gel avec parfois des conséquences sur les stades les plus avancés (gel d’épi). Durant le remplissage, des phénomènes de verse parfois conséquents ont été observés sur les sols de limon (nord de la Drôme, Isère, Ain) couvrant une surface non négligeable.
Les conditions climatiques au cours de la période épiaison/remplissage ont été propices à une bonne absorption de l’azote et à un bon fonctionnement des cultures sans risque d’échaudage, ce qui a permis la mise en place d’un très bon potentiel.
Du côté des maladies, une année relativement calme, la septoriose, bien que présente en fond de végétation, ne s’est pas développée, la rouille jaune est restée discrète sauf sur certaines variétés sensibles et la rouille brune est arrivée trop tardivement pour occasionner de gros dégâts. Les rendements bien qu’hétérogènes sont bons à très bons. Ils peuvent être parfois décevants dans les sols à faible réserve utile (RU) du sud de la région.
La moyenne régionale devrait être toutefois correcte, légèrement au-dessus de la moyenne quinquennale. Le point noir de l’année : une qualité dégradée. Compte tenu des conditions pluvieuses de la première partie de juillet, la qualité a été détériorée sur une grande partie du territoire régional (germination sur pied, TCH en chute libre). Ce phénomène a été accentué sur les parcelles versées au cours du remplissage. Les PS ont aussi souffert et se situent souvent en deçà des normes requises. Seules les teneurs en protéines semblent au rendez-vous malgré les bons niveaux de rendement.