Fêtes de Noël
Santons de Provence : une tradition qui perdure

Tradition bien connue dans le sud de la France, les santons de Provence vont peu à peu trouver leur place au milieu des décorations de Noël. À Saint-Restitut, Claudine Hugues - santonnière passionnée - s’attache à faire vivre cette coutume locale.

Santons de Provence : une tradition qui perdure
La santonnière s’est spécialisée dans les santons habillés de 18 et 28 cm. ©AP_AD26

Longtemps considérés comme des objets typiquement religieux dans les crèches, les santons de Provence font désormais office de décoration et d’objet d’art. Ces petites figurines en argile représentent la scène de la nativité avec l’enfant Jésus, mais aussi les métiers traditionnels et viennent mettre en lumière les personnages et traditions phares d’un village provençal. « C’est sous la Révolution française que naissent les santons. L’État ferme alors les églises et les crèches de Noël sont interdites, ce qui pousse bon nombre de Français à créer leurs propres crèches au sein de leurs foyers (…). Au départ réalisés en mie de pain ou en papier mâché, c’est grâce au gisement d’argile rouge de Marseille et d’Aubagne en Provence, que les santons se sont popularisés », apprend-on sur le site  santonsdeprovence.com. C’est donc à Marseille, reconnue depuis comme la capitale de l’art santonnier, que les premières maîtres santonniers font leur apparition au 19e siècle. Si la tradition des santons ne s’est jamais perdue et continue son expansion dans les foyers provençaux, leur fabrication nécessite un vrai savoir-faire. À Saint-Restitut, dans le sud de la Drôme, Claudine Hugues est l’une de ses maîtres santonnières passionnées.

Le folklore provençal

Originaire d’Aix-en-Provence, elle a toujours connu cette tradition sans imaginer un jour en faire son métier. « J’ai été technicienne en automatisme mécanique dans une raffinerie de pétrole pendant une quinzaine d’années, avant de me reconvertir en tant que commerçante dans une boutique multiservices. Lorsque j’ai arrêté cette activité en 2008, j’ai eu envie de faire autre chose. J’ai décidé de me lancer dans la création de santons. Il faut dire que j’étais déjà dans le folklore : je dansais, je jouais du galoubet - tambourin, je faisais des concours de crèches... », raconte Claudine Hugues, à la tête de L’Atelier des sources.
Autodidacte, Claudine Hugues a malgré tout pu bénéficier de l’expérience de ses confrères, sur la conception des moules en plâtre, la réalisation des visages et des profils de ses santons, mais aussi sur les détails des décors... « Je fais des décors et des santons de 18 et 28 cm, habillés, représentant les différents métiers d’antan. Je prends plaisir à les habiller en costume local de l’époque », explique Claudine Hugues, qui coud et confectionne elle-même les habits de ses santons. 

Dans son atelier de Saint-Restitut, Claudine Hugues crée décors et santons habillés. ©AP_AD26

Des santons personnalisés

« Le métier de santonnier nécessite énormément de travail : il faut imaginer et créer des nouveautés, faire les moulages, la cuisson, l’assemblage, la peinture, les décors... » Si elle n’aime pas la routine - la polyvalence du métier de santonnier lui convient tout à fait -, elle prend plaisir à répondre aux différentes commandes de ses clients : « On m’a déjà demandé des santons personnalisés avec, par exemple, une fleuriste avec le visage d’une dame qu’on m’a montré en photo, ou même d’un chasseur. J’aime créer et confectionner de nouveaux habits. »
Claudine Hugues commercialise ses créations lors de foires aux santons de septembre à décembre dans le quart sud-est de la France, sur le marché de Noël de Pierrelatte ou encore directement en ligne sur son site internet www.santons-atelierdessources.fr. Son atelier est également ouvert à tous, sur rendez-vous. En parallèle, elle propose des illuminations de Noël, de la mi-décembre à début janvier, dans sa cour d’habitation chemin du Planès à Saint-Restitut. De quoi faire briller les yeux, des petits et des grands !  

Amandine Priolet

 

Les différentes étapes  de fabrication

Sept grandes étapes sont nécessaires à la fabrication des santons de Provence.
➊ Le modelage
À partir d’un simple morceau d’argile brute, le santonnier façonne à la main une petite figurine qui prend une forme humaine ou animale. Ce travail de modelage très important définit l’ensemble des attitudes et expression du personnage.
➋ La création du moule
Chaque figurine est ensuite placée dans son moule en plâtre jusqu’à sa moitié. Les deux parties du moule sont ensuite refermées.
➌ Le moulage
L’artisan introduit entre les deux parties du moule de l’argile fraiche et la presse fortement pour que l’argile prenne les formes intérieures du moule. Une fois démoulé, le santon apparaît.
➍ L’ébarbage
Après avoir démoulé le santon, il faut retirer les petits défauts et effacer le surplus de matière afin d’obtenir un résultat parfait.
➎ Le séchage
Pendant de longues heures, le santon est séché à l’air libre.
➏ La cuisson
Le santon va être placé dans un four de céramiste à une température très élevée. Il faudra environ douze heures de cuisson pour arriver à 980 degrés. Cette étape garantira la solidité et la robustesse du santon.
➐ La peinture à la main
Chaque santon est peint couleur par couleur. Deux types de peinture sont utilisés : l’acrylique pour les surfaces les plus importantes, et la peinture à huile pour les parties les plus délicates du visage. Il s’agit de l’étape la plus critique, nécessitant la plus grande dextérité dans les gestes, et durant laquelle chaque artisan donne une personnalité unique à ses santons. 

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Un musée où les santons prennent vie au village provençal miniature à Grignan
À l’intérieur de ce musée, les visiteurs se retrouvent plonger dans la vie d’un village provençal : à l’église, à l’école, au bistrot du coin avec la traditionnelle partie de belote, à la boulangerie, chez le meunier, à la pharmacie, sur la place du village lors d’une partie de pétanque, etc. ©AP_AD26

Un musée où les santons prennent vie au village provençal miniature à Grignan

À Grignan, le Village provençal miniature a fêté l’an passé ses trente ans d’existence. Il était l’œuvre d’un groupement de santonniers, désireux à l’époque de trouver un lieu d’accueil après plusieurs expositions à Lyon et Paris. Depuis une dizaine d’années, ce site touristique appartient à Bernard Duc Maugé, un amoureux et collectionneur des crèches. Aujourd’hui, le musée, d’une surface de 500 m², contient plus de 70 maisons différentes à l’échelle 1/6e et 1 200 santons. Pour les fêtes de fin d’année, et jusqu’au 16 février 2025, le site propose une grande exposition de crèches du monde entier et met à l’honneur la culture italienne. 
A. P.