Action syndicale
JA-FDSEA : "La censure nous met dans le mur"
Des agriculteurs de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA) de la Drôme s'en sont pris à plusieurs sièges de partis politiques dont les députés ont voté la motion de censure, dimanche 8 décembre en soirée.
La mobilisation des agriculteurs se durcit, notamment pour protester contre la vacance gouvernementale qui reporte la concrétisation des promesses qui leur ont été faites. Le 8 décembre au soir, des agriculteurs de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA) de la Drôme ont muré plusieurs sièges de partis politiques dont les députés ont voté la motion de censure : Paul Christophle (PS), Thibaut Monnier et Lisette Pollet (RN) ainsi que Marie Pochon (EELV). À Valence, ils ont muré les sièges du Parti socialiste et Rassemblement national et tagué "La censure nous met dans le mur". Et à Crest la permanence de la députée Marie Pochon.
À Valence, les agriculteurs ont muré le siège du Parti socialiste et tagué "La censure nous met dans le mur". ©FDSEA-JA26
À Valence, le siège du Rassemblement national a également été muré. ©FDSEA-JA26
À Crest, devant la permanence de la députée Marie Pochon. ©FDSEA-JA26
"La censure du gouvernement a fait tomber tous les acquis", indiquent les deux syndicats majoritaires. Pour les éleveurs, confrontés à une vaste crise sanitaire, ils citent le plan d’urgence FCO-8 et FCO-3 de 75 millions d'euros, ainsi que les 15 M€ de déductions fiscales et sociales.
Plus globalement, FDSEA et JA 26 évoquent aussi les attentes pour l’amélioration des retraites agricole, la défiscalisation du gazole non routier (GNR), la pérennisation du dispositif TO-DE de réduction des charges sur les emplois saisonniers, les mesures sur l’installation et la transmission, celles de soutien à la trésorerie pour les exploitations en difficulté...
©FDSEA-JA26
"Le combat n’est pas pour autant terminé et nous sommes toujours en action syndicale car la décision des députés annihile tous ces efforts qui devait se traduire de façon concrète, dans les cours de ferme dès janvier 2025. Et pire, cette décision entraine un recul, déplorent les membres de la FDSEA et de JA de la Drôme. Et, cerise sur le gâteau, ce flou politique a également favorisé la signature du Mercosur."
Les deux syndicats dénoncent les problématiques de revenu, d’excès de normes et de distorsion de concurrence. "Pourtant, ce matin, nous nous sommes levés pour travailler à finir les récoltes, à tailler nos vignes, à s’occuper de nos bêtes, comme chaque jour, font-ils remarquer. Mais aujourd’hui, c’est avec encore moins de visibilité et de perspectives qu’hier. Une fois de plus, le monde paysan est considéré que comme la variable d’ajustement des calculs politiciens."
C.L.
Des actions similaires ailleurs
Des agriculteurs de la FNSEA s'en sont pris à plusieurs permanences de députés ayant voté la motion de censure, le 5 décembre au soir en Nouvelle-Aquitaine. Des actions similaires ont eu lieu pour protester contre une vacance de gouvernement jugée «inadmissible». En Charente-Maritime, les permanences de trois députés - Fabrice Barusseau (NFP) à Saintes, Benoît Biteau (Verts-NFP) à Rochefort et Pascal Markowsky (RN) à Royan -, ont été vandalisées, selon la préfecture, qui évoque «des déversements de déchets, l'inscription de tags et l'utilisation de mousse expansive pour sceller l'entrée des locaux». Estimant «légitime» que les agriculteurs expriment leur «désespoir», le préfet Brice Blondel rappelle dans un communiqué qu'«aucun élu (...) ne doit être inquiété en raison de ses opinions».
«On s'est attaqués aux députés qui ont voté la motion de censure et qui foutent en l'air tout le travail fait jusqu'à présent pour les agriculteurs», a précisé à l'AFP Cédric Tranquard, président de la FDSEA de Charente-Maritime. «RN, NFP... On ne fait pas de traitement de différence, on ne fait pas de politique, nous», a-t-il ajouté. L'élu RN Pascal Markowsky, dont la permanence «a été la cible d'un déversement de purin», a dit sur X comprendre «la détresse des agriculteurs, confrontés à des difficultés sans précédent» et entendre «leur désespoir».
Le budget agricole sera maintenu «en volume», assure le député Potier (PS)
Alors que le président du Groupe socialiste Boris Vallaud s'est dit, le 6 décembre, prêt à négocier avec les centristes et Les Républicains en vue de former un nouveau gouvernement, le député socialiste Dominique Potier assure que le budget agricole sera maintenu «en volume» par rapport à celui qui a été discuté à l'Assemblée avant la censure. Dans le cadre d'une loi de finances débattue en début d'année prochaine, «je ne doute pas que l’ensemble des forces politiques convergeront en ce sens», assure le spécialiste des questions agricoles. «Au monde agricole, je dis : ne doutez pas de la solidarité nationale. Nous veillerons à ce qu’elle soit orientée de façon équitable et soit économiquement plus efficace. Et nous ferons tout notre possible pour compléter les crédits manquants pour l’adaptation au dérèglement climatique et pour faire face à crise sanitaire dans l’élevage». Quant aux promesses non budgétaires faites par les gouvernements précédents, «elles seront naturellement arbitrées en vue de l’intérêt général», estime-t-il.
Visé lui-même par des actions du syndicalisme majoritaire ces dernières heures, le député de Meurthe-et-Moselle rappelle notamment«l’engagement constant» contre l'accord UE/Mercosur. Il souhaite aussi «mettre en garde contre le risque d’une grande confusion. L’expression démocratique ne peut être sous contrainte de la force. La motion de censure porte sur un enjeu majeur. Pour les socialistes, elle doit permettre de libérer l’exécutif de sa dépendance à l’extrême droite et réparer le désordre généré par la dissolution.»