Découverte
“ Mon art est un témoignage, un acte de résistance ”
Ghazale Bahiraie est une artiste iranienne de 35 ans, installée à Lyon depuis 8 ans. Elle a choisi la broderie pour mener son combat contre l’oppression des êtres humains à travers le monde.
Ghazale Bahiraie est une femme, une mère et une artiste. En 2012, elle obtient son diplôme de l’école des Beaux-arts de Téhéran, à l’âge de 23 ans. En 2016, elle rejoint son mari en France et fonde une famille à Lyon. D’abord attirée par le dessin, elle s’essaye ensuite à la peinture et finit par trouver sa voie dans la broderie. Un art délicat, qui est pour elle une évidence. : « J’ai appris toute seule, mais dans mon pays, c’est un art traditionnel ». Elle mélange les techniques de dessin et de broderie pour se perfectionner. « En tant qu’artiste, je me sens appelée à donner une voix à ceux et celles qui en sont privés, à dévoiler les souffrances cachées derrière les façades de nos sociétés ». Depuis le début de sa carrière, ses œuvres ont pour but de dénoncer les injustices perpétrées partout dans le monde. « Mon engagement concerne l’être humain opprimé : homme, femme, enfant. Chacun subit, à des degrés divers, des violences et oppressions dans différents endroits du globe », explique Ghazale Bahiraie. C’est la raison qui a poussé la jeune iranienne à dénoncer les horreurs vécues par les enfants du monde dans ses expositions en 2018-2019. Selon les estimations de l’Unicef, en 2019, plus de 25 000 violences ont été commises contre des enfants : recrutements pour des milices, violences sexuelles et attaques meurtrières. Une situation qui l’a d’autant plus touchée qu’elle était enceinte de son premier enfant. Pour représenter son indignation, Ghazale Bahiraie a brodé sur des vêtements d’enfants des poissons qui représentent le mouvement et des barbelés qui empêchent de bouger et grandir librement. « Mon art est un témoignage, un acte de résistance, un hommage à la dignité humaine en lutte contre toutes formes de tyrannie », exprime-t-elle.
Une colombe pour la paix
Le conflit en Iran oppose les femmes qui souhaitent pouvoir porter le voile comme elles l’entendent, malgré la répression religieuse et étatique. Le monde l’a découvert à la suite du meurtre de Mahsa Amini le 14 septembre 2022 en raison de son voile mal ajusté. Peu après, le 26 décembre 2022, une autre tragédie se produit à Lyon. Un jeune homme iranien de 38 ans se suicide dans les eaux du Rhône. Un geste désespéré pour apporter une lumière médiatique sur la situation de son pays. Cet événement marque profondément Ghazale Bahiraie. Elle décide de se consacrer entièrement à la broderie. Elle l’utilise pour montrer sa peine et son combat : « Chaque point et chaque mouvement du fil et de l’aiguille sur le tissu racontent une histoire de douleur et de tristesse », confie-t-elle. Ces tableaux représentent des colombes pour faire écho au poème S’envolent les colombes de Mahmoud Darwich, poète palestinien. « Je me retrouve dans ce poème et j’y retrouve mon combat », avoue l’artiste. Sur les œuvres de Ghazale Bahiraie figurent des coquelicots qui symbolisent l’apaisement et le souvenir, les tulipes incarnent l’amour pour les autres. Elle affirme souhaiter continuer de donner, à sa manière, de la visibilité à ce conflit. « La douleur et l’injustice sont universelles. Chaque individu et chaque histoire méritent d’être entendus et reconnus. ».
E. L.
Les prochaines expositions de Ghazale Bahiraie
Ailleurs ici Partout est une exposition crée pour la 17e édition de la Biennale de Lyon. L’exposition se déroulera du 26 septembre au 20 octobre 2024. Elle est située à l’Espace Guy de Chauliac de Brignais 69530 et l’entrée est gratuite.
L’exposition 30 +1, à voir du 28 septembre au 26 octobre 2024 à la galerie La Cloitre Art Contemporain, au 6 Rue des Capucins, 69001 Lyon.
Lyon Art Paper 2024, sera la 10e édition de ce Salon de dessin contemporain. L’événement se déroule du 9 au 13 octobre au Fort de Vaise, 27 Boulevard Antoine de Saint-Exupéry, 69009 Lyon.