Loup : les députés pour la révision du statut
La Commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale souhaite faire passer le loup du statut « strictement protégé » à « protégé », c’est-à-dire adopter une logique de gestion du prédateur à la place d’une logique de défense qui prévaut actuellement.

La Commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale a adopté le 31 janvier un avis politique visant à modifier le statut du loup. Après la Commission européenne le 20 décembre dernier, c’est au tour des députés de proposer une révision de la Convention de Berne sur la conservation de la vie sauvage en faisant passer le loup d’une espèce « strictement protégée » (annexe 2) à « protégée » (annexe 3). Selon la Commission européenne, ce changement de la convention semble « approprié au regard des tendances récentes de l’état de conservation de l’espèce » tout en « maintenant un niveau de protection suffisant ». Elle est un préalable à la modification de la directive européenne Habitats qui régit les espèces sauvages dans l’Union européenne et qui transcrit la Convention de Berne dans le droit européen.
En progrès constant
En effet, la population du loup est en constante augmentation depuis sa réintroduction en France dans les années 1990. Son aire géographique ne cesse de s’étendre. En 2023, 53 départements étaient concernés, alors qu’ils n’étaient que 45 en 2021, selon l’Assemblée nationale. L’estimation du nombre de loups est passé de 921 en 2022 à 1 104 en 2023 et la population lupine a doublé en cinq ans. Idem en Europe où les effectifs ne cessent de croître. Selon la Commission européenne le loup est présent dans tous les pays membres de l’Union européenne, à l’exception de l’Irlande, Chypre et Malte. Les effectifs sont estimés à 20 300 individus. Ils seraient plus de 3 000 en Italie et ils progressent également en Espagne.
La prédation des troupeaux augmente également. Les loups seraient responsables de la mort de 65 500 bêtes chaque année en Europe, surtout des moutons et des chèvres, mais de plus en plus des bovins, des chevaux et des ânes. En France, selon les derniers chiffres disponibles, 12 526 animaux ont été victimes du prédateur en 2022. Et les prélèvements opérés chaque année ne sont pas en mesure de réduire les attaques, à plus forte raison de brider le développement des effectifs. D’ailleurs, le plafond de prélèvement autorisé chaque année (à 19 % des effectifs) n’est pas atteint, en raison de la complexité des protocoles de tir à mettre en œuvre.
Nécessaire harmonisation
Selon la députée Pascale Boyer (Hautes-Alpes, Renaissance) à l’initiative de l’avis politique, le changement de statut permettrait de « passer d’une logique de défense à une logique de gestion ». Elle estime également que la réforme de la règlementation devrait s’accompagner d’une amélioration et d’une harmonisation des méthodes de comptage au niveau européen. Alors qu’en Allemagne, en Suède, en Espagne et en Italie, les estimations sont basées sur le dénombrement des meutes reproductrices, la France privilégie le recueil d’indices sur terrain par les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) et par des bénévoles, agriculteurs, chasseurs et représentants associatifs. Elle suggère également de renforcer la coopération transfrontalière, notamment avec l’Italie et la Suisse déplorant que chacun mène une politique à sa guise, en ignorant ce qui se passe de l’autre côté de la frontière.
De même elle invite la Commission européenne à renforcer le soutien aux éleveurs directement touchés par les attaques. Si les mesures de protection sont toujours issues du triptyque : clôtures, chiens et berger, les modalités de mise en œuvre varient d’un pays à l’autre.