Chambres d’agriculture
Transition agroécologique : le coup de colère  de Sébastien Windsor

Dans sa conférence de rentrée du 31 août, le président des chambres d’agriculture France, Sébastien Windsor, a dénoncé le manque de moyens alloués à l’agriculture, et aux chambres, pour accompagner les exploitants dans leur transition.

Transition agroécologique : le coup de colère  de Sébastien Windsor
« Personne ne fera cet accompagnement à la place des chambres d’agriculture », a martelé Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France. ©CS_Actuagri

Le président de Chambres d’agriculture France (CDA), Sébastien Windsor, partage en tous points les objectifs de planification et de transition écologique portés par le gouvernement. « Il n’est pas question de les refuser (…) car les agriculteurs sont les premières victimes du changement climatique » et aussi une partie de la solution, a-t-il expliqué. « Ces mesures sont nécessaires et utiles. Mais là, je ne vois rien, du côté du gouvernement, comme moyens donnés à l’accompagnement des exploitations » a-t-il amèrement constaté, ayant un peu de mal à ravaler sa colère. Ainsi, il ne s’explique pas comment les agriculteurs peuvent voir la taxe du foncier non bâti (TFNB) augmenter de 7,3 %, et donc débourser 220 millions d’euros supplémentaires (M€)1 quand, dans le même temps, la taxe additionnelle à la TFNB2 est gelée. « D’un côté, le gouvernement va donc redistribuer 220 M€ aux collectivités locales, payés par les agriculteurs, pour qu’elles financent, par exemple, leur salle des fêtes ou rénovent leur voirie quand, de l’autre, les agriculteurs n’auront rien pour réaliser les objectifs demandés par le gouvernement dans la planification écologique (…) Ça relève de l’injonction pure », a-t-il soutenu. Le président de CDA est encore plus énervé quand il insiste sur le fait que ce volet d’accompagnement ne pourra être réalisé par aucune autre structure que la sienne. « Personne ne fera cet accompagnement à la place des chambres d’agriculture », a-t-il martelé. Il comprend d’autant moins l’attitude du gouvernement que cet accompagnement n’exige pas de moyens mirobolants, car il n’y a pas de saut technologique, ni d’investissement majeur à réaliser.

Surcoût pour les agriculteurs

Avec la volonté de confronter l’expertise et la réalité, Sébastien Windsor s’appuie sur les premiers retours d’expérience sur les exploitations laitières, en particulier sur l’autonomie protéique. L’objectif est de réduire, voire de se passer des tourteaux de soja issus de la déforestation et importés. Les chambres d’agriculture ont identifié les leviers possibles pour remplacer ce soja très carboné : cultures dérobées (ou intermédiaires), féveroles toastées, tourteaux de colza… Autre piste : la valorisation des effluents d’élevage à travers plus de fumier et/ou de méthanisation. « Il faut que ces modèles puissent s’adapter sur les exploitations, qu’ils soient économiquement viables et pour certains, comme la méthanisation, qu’ils soient acceptés par le voisinage », a-t-il insisté. Le manque de financement lui semble criant, tant dans l’accompagnement des projets, que dans leur réalisation. Il cite l’exemple des haies. La planification écologique a fixé pour objectif de planter 50 000 kilomètres linéaires d’ici 2030. À raison d’un coût moyen de 10 € le mètre linéaire, il faut déjà 500 millions d’euros, sans compter l’entretien. « Quel sera le surcoût pour les agriculteurs, dans la plantation et l’entretien ? D’autant qu’il est difficile de valoriser les haies… Quelles politiques publiques seront-elles mises en place pour tenir l’exercice ? », s’est-il interrogé. « Aujourd’hui, les moyens sont complètement décalés par rapport aux ambitions affichées », a-t-il conclu. 

Christophe Soulard 

1. La TFNB rapporte 3 milliards d’euros à l’État.
2. La taxe additionnelle à la TFNB sert à financer les chambres d’agriculture.