Maïs : maîtrise des adventices de la flore annuelle en post-levée
La maîtrise des adventices susceptibles de se développer dans la culture du maïs est une nécessité absolue. Au stade juvénile (avant 10 feuilles) le maïs est très sensible à la présence d’adventices et la concurrence doit être levée très rapidement pour préserver le potentiel des cultures.

Les flores complexes sont de plus en plus souvent présentes dans le maïs et souvent un seul passage ne permet pas de contrôler l’ensemble des adventices. En intervention de post-levée, l’identification des adventices présentes est primordiale pour choisir le produit le plus adapté. Les conditions d’application sont aussi importantes, les interventions de post-levée ne sont efficaces que si l’hygrométrie de l’air au moment du traitement est d’au moins 65 %. Ce qui, par temps ensoleillé, impose un traitement avant 10 heures du matin ou alors en fin de soirée. Aucun herbicide utilisé seul n’est en général satisfaisant sur une flore composée de multiples espèces, l’intervention repose sur deux principes : la complémentarité des substances actives ; savoir faire évoluer la dose en fonction du développement des adventices.
Plusieurs possibilités peuvent se présenter
Première possibilité : il y a eu une intervention de prélevée
L’intervention de prélevée contrôle une grande partie des graminées et des dicotylédones classiques comme l’amarante, le chénopode blanc, la morelle noire et la renouée persicaire si l’on a pris la précaution d’ajouter un produit à base d’isoxaflutole (Merlin flexx) au produit racinaire antigraminées.
En revanche, les dicotylédones comme la mercuriale, la renouée des oiseaux et la renouée liseron ne sont pas touchées par ce traitement et requerront une intervention de complément.
Plusieurs cas peuvent se distinguer : la flore est composée de dicotylédones et graminées ; uniquement de dicotylédones « classiques » ; de dicotylédones classiques et difficiles (renouées, mercuriales…). (Voir exemple de choix de traitement de post-levée après une intervention de prélevée)
Deuxième possibilité : il n’y a pas eu d’application avant la levée du maïs
Deux solutions s’offrent aux producteurs :
• La post-levée précoce. Il s’agit d’intervenir rapidement dès le stade 2 feuilles du maïs, sur des adventices non levées ou au stade plantule, avec un désherbage à spectre complet antigraminées et antidicotylédones. L’objectif est de gagner en persistance d’action par rapport à un passage de prélevée, sur graminées, en semis précoces notamment, et dans la mesure du possible, de ne pas avoir à rattraper. Elle permet d’intervenir avec des doses modulées de produits sur des adventices encore très petites. C’est une stratégie séduisante mais délicate à mettre en œuvre. Combinant à la fois des herbicides racinaires et foliaires, elle nécessite des conditions agrométéorologiques favorables aux deux types de produits. En effet, il faut une bonne humidité du sol et une pluviométrie significative après traitement pour optimiser l’action des racinaires mais également intervenir avec une bonne hygrométrie pour garantir l’efficacité des foliaires sur les adventices déjà levées. C’est une stratégie intéressante, en alternative à une stratégie classique de prélevée + post-levée. Un rattrapage de post-levée (avec des doses limitées) n’est cependant pas exclu pour contrôler les relevées en cours de cycle. (Exemple de choix de traitement de post-levée précoce)
• La post-levée en 1 ou 2 passages alors que la majorité des mauvaises herbes a levé. Les doses devront être modulées en fonction de la flore présente et du stade des adventices.
©Arvalis
Le désherbage mécanique
Le maïs est une culture adaptée au désherbage mécanique. En post-levée du maïs et des adventices plusieurs outils sont utilisables :
• La herse étrille utilisable du stade 2 à 6 feuilles du maïs. Elle nécessite une préparation de sol fine et homogène, elle est rapide à mettre en œuvre mais peut être agressive sur la culture. Pour une bonne efficacité les adventices doivent être à un stade très jeune.
• La houe rotative, très rapide, elle nécessite, comme la herse étrille, une bonne préparation de sol et une intervention à un stade jeune des adventices.
• La bineuse : les temps d’intervention sont beaucoup plus lents avec cet outil mais il y a la possibilité d’intervenir jusqu’au stade 8 feuilles du maïs. Elle présente aussi l’avantage de pouvoir détruire des adventices développées.
En culture, le désherbage mécanique ne permet pas de lutter efficacement contre les vivaces (liserons, chiendent). D’une manière générale, c’est une technique qui nécessite des conditions météorologiques favorables, une grande réactivité et une disponibilité importante de la part de l’agriculteur.
Yves Pousset, Arvalis - Institut du végétal
Le désherbage combiné
Le désherbage combiné, technique qui associe un désherbage conventionnel et des interventions mécaniques, présente un intérêt certain pour les agriculteurs.
Deux possibilités :
• soit l’application en plein en post-levée d’une association d’herbicides foliaires à petites doses qui sera complétée par le binage.
• soit la localisation sur le rang des herbicides en prélevée ou en post-levée avec un matériel spécifique équipant le semoir ou la bineuse, l’inter-rang étant désherbé de façon mécanique. La localisation sur le rang permet de ne traiter qu’un tiers à un quart de la surface et réduit de fait la quantité d’herbicide apportée à l’hectare.
Facteurs de réussite des stratégies combinées, désherbage chimique puis binage
Flore Absence de vivaces. Levées groupées, pas de levées tardives (attention aux préparations motteuses) Intervention sur adventices jeunes.
Sol État de surface affiné, absence d’éléments grossiers en surface. Terre s’émiettant facilement pour permettre le buttage du rang.
Météo Absence ou faibles pluies suite au binage pour éviter les rattrapages.
Culture Maïs « poussant », fermeture rapide du couvert.
Réactivité Renouveler le binage s’il y a des relevées durant la période de sensibilité de la culture (avant fermeture du couvert végétal : levée à 8 feuilles).