Alors que l'annonce des principales mesures du Plan loup est reportée pour la troisième fois, le point sur ce dossier et les attentes de la profession et d'élus.
Alors qu'elles devaient être annoncées lors du Groupe national loup du 3 juillet, les grandes orientations du Plan loup 2024-2029 avaient été repoussées au 4 septembre. Désormais, c'est la date du 14 voire du 20 septembre qui est avancée... L'arbitrage politique de ce dossier entre le ministre de l'Agriculture et celui de la Transition écologique est plus que sensible. D'après diverses sources syndicales, c'est Matignon qui devrait trancher. Sur le terrain, la colère reste forte depuis l'annonce, début juillet, d'une baisse du nombre de loups en France : 906 à l'issue de l'hiver 2022-2023 contre 921 auparavant.
L'actuel Plan loup avait deux objectifs : la protection du loup et celle du pastoralisme et de l'élevage. Si, pour Bernard Mogenet, responsable loup à la FNSEA, le premier objectif est pleinement rempli, le deuxième est un véritable échec. « Il faut une réaction forte du gouvernement. Nous avons besoin d'un plan de régulation des loups, un plan national de sauvegarde du pastoralisme et de l'élevage, avait-il réclamé lors des Assises de la prédation, les 1er et 2 juin à Chorges (Hautes-Alpes). Il faut un assouplissement et donner aux éleveurs les moyens de se défendre. »
Un vœu unanime des élus départementaux
Fin juin, les élus du conseil départemental de la Drôme avaient approuvé unanimement un vœu pour la mise en place en urgence d'un plan de sauvegarde de l'élevage et du pastoralisme. Pour eux, l'État doit prendre des mesures fortes et concrètes pour réduire de manière efficace les dégâts provoqués par la prédation lupine, en simplifiant notamment les procédures de déclenchement de tirs de défense. Ils réclament aussi « la perspective d'une révision de la convention de Berne […] afin de lever les freins juridiques qui pourraient subsister à la mise en œuvre de cette démarche de sauvegarde de l'élevage et du pastoralisme » ainsi que la mise en place d'un « véritable statut des chiens de protection pour garantir l'exercice de leurs missions tout en protégeant juridiquement les éleveurs ». Le 5 juin, Didier-Claude Blanc, conseiller départemental et régional, avait écrit au ministre de l'Agriculture pour relayer cette demande de déclassement du loup comme espèce strictement protégée tant par la convention de Berne que par la directive européenne du 21 mai 1992 dite directive « Habitats Faune Flore ».
Pression à bloc tout l'été
Le 6 juillet à La Laupie, sur l'exploitation de Frédéric Gontard, président de la Fédération départementale ovine (FDO), lui-même et plusieurs autres responsables agricoles drômois avaient prévenu : « Nous allons mettre la pression à bloc tout l'été » en vue du prochain plan loup. Avec la FDSEA, les JA, l'Association des éleveurs et bergers du Vercors et la Fédération des producteurs laitiers de la Drôme, ils dénonçaient l'annonce d'une estimation baissière du nombre de loups, vécue comme un « affront » et demandaient, entre autres, « des moyens spécifiques de surveillance des troupeaux, comme des colliers GPS, et la possibilité de défendre nos troupeaux ».
En visite dans la Drôme le 13 juillet, Arnaud Rousseau, nouveau président de la FNSEA, déclarait : « Le système d'autorisation des tirs n'est plus tenable sur le plan de la complexité. […] Une attaque doit faire l'objet d'un tir. Il faut habituer l'animal à ne prédater que des animaux sauvages. » Pour le président de la FNSEA, « les montants engagés pour la prévention et l'indemnisation sont hors de contrôle. Et tout porte à croire que dans les mois qui viennent on atteindra les 80 à 100 millions d'euros, une somme colossale. »
Nul doute que les négociations du prochain Plan loup sont vives. Les réactions le seraient bien davantage si les mesures annoncées n'étaient pas à la hauteur des espérances des éleveurs et de leurs organisations.
C. L.
Loup : le réveil d’Ursula von der Leyen
« La concentration de meutes de loups dans certaines régions d'Europe est devenue un véritable danger pour le bétail et, potentiellement, pour l'Homme. J'invite les autorités locales et nationales à prendre les mesures qui s'imposent. En effet, la législation européenne actuelle leur permet déjà de le faire », a annoncé le 4 septembre, par voie de presse, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Mieux, elle ne s’interdit pas, compte tenu de l’actuelle pression lupine, de « modifier, le cas échéant, le statut de protection du loup au sein de l'Union européenne (UE) et de mettre à jour le cadre juridique, afin d'introduire, lorsque c'est nécessaire, davantage de flexibilité, à la lumière de l'évolution de cette espèce », ajoute-t-elle. Pour prendre sa décision, Ursula von der Leyen invite les communautés locales, les scientifiques et toutes les parties intéressées à soumettre, d'ici au 22 septembre des données actualisées sur les populations de loups et leurs impacts. Cette initiative a immédiatement été saluée par Marc Fesneau, en marge de la réunion des ministres de l’Agriculture de l’UE à Cordoue dans le sud de l’Espagne, même si celui-ci a regretté que cette décision arrive si tard.
Pour rappel, dans la nuit du 6 au 7 septembre 2022, le poney Dolly appartenant à la famille d'Ursula von der Leyen avait été retrouvé mort... tué par un loup.