Accompagnement
Un nouveau plan départemental pour aider les éleveurs ovins
Le Département de la Drôme a reconduit sur les années 2023 à 2025 son plan triennal dédié à la filière ovine lancé en 2016. Parmi les objectifs, améliorer les conditions de travail et permettre une meilleure rémunération des éleveurs.
Depuis son lancement en 2016, le plan départemental ovin a permis d'accompagner plus de cent éleveurs avec des diagnostics et des aides à l’investissement, soit près de 40 % des élevages professionnels du territoire. Parmi les bénéficiaires, Éric Théolier, éleveur à Divajeu. « J'ai bénéficié d'une aide à l'investissement pour l'acquisition de barrières, de mangeoires ainsi que d'un logiciel de gestion du troupeau, a-t-il expliqué lors de la présentation du nouveau plan, le 30 juin sur son exploitation. C'est une aide intéressante pour améliorer les conditions de travail. » Pour Baptiste Berard, éleveur à Pennes-le-Sec, le plan départemental ovin l'a aidé à acheter du matériel de bergerie (claies, couloir de tri…) ainsi qu'une tonne à eau. Il envisage prochainement d'acquérir une remorque bétaillère afin de gagner en efficacité lors du déplacement de ses animaux.
Nouvelles aides et surbonifications
Dans la continuité du précédent dispositif, le nouveau plan départemental ovin pour la période 2023-2025, voté en mai dernier, reconduit les aides à l’investissement pour les équipements d’amélioration des conditions de travail, de gestion des troupeaux et d’autonomie alimentaire. S'ajoutent, et c'est nouveau, une aide au renouvellement des béliers contaminés par la Brucella ovis ainsi qu'une aide à la construction de chenils, toutes deux « créées pour répondre aux nouveaux enjeux », a indiqué Marie Pierre Mouton, présidente du conseil départemental de la Drôme.
La collectivité intervient à hauteur de 30 % des investissements jusqu'à 10 000 euros avec une bonification de 10 % pour les élevages bio ou situés en zone de montagne. « Et nous apportons une surbonification de 10 % supplémentaires aux agriculteurs en difficulté, à ceux installés depuis moins de cinq ans ou encore aux élevages peu productifs », a précisé Marie-Pierre Mouton.
D'autres dispositifs complémentaires
Dans la bergerie d'Eric Théolier, en présence de sa compagne, du président de la FDO 26 Frédéric Gontard et du vice-président du conseil départemental Franck Soulignac. ©AD26-CL
Une enveloppe d’environ 55 000 euros par an est consacrée au nouveau plan départemental ovin, qui réunit plusieurs partenaires : la chambre d'agriculture, la fédération départementale ovine (FDO), le groupement de défense sanitaire (GDS), l'Association départementale d'économie montagnarde (Adem) de la Drôme ainsi que la coopérative Agneau Soleil. En plus des aides de ce plan, « les éleveurs sont accompagnés par le Département avec plusieurs autres dispositifs : des aides à la transformation et à la commercialisation, au pastoralisme, à la prophylaxie animale, aux signes de qualité ou aux Cuma, fait remarquer Marie-Pierre Mouton. Et dans le cadre de la protection des troupeaux contre le loup, le Département a réalisé en 2022 une expérimentation pour l’entretien des clôtures électriques par 19 ateliers et chantiers d’insertion (ACI) pour un budget de 255 000 euros. » Au total 35 km de clôtures ont été débroussaillées sur quinze fermes. »
Faciliter un « quotidien dur »
« Notre quotidien est dur, cela nécessite de trouver des solutions techniques pour le faciliter, a confié Frédéric Gontard, président de la FDO de la Drôme. Ce plan départemental ovin est formidable car il aide les petits investissements avec une procédure de demande simplifiée et un paiement rapide. » Damien Colin, directeur de la chambre d’agriculture de la Drôme, a salué l'engagement du Département tout en indiquant que « ce plan départemental ovin, qui concourt à maintenir les élevages sur le département, évite la tentation de l'isolement des éleveurs grâce à la mise en relation de plusieurs acteurs. » Quant au président du GDS de la Drôme, Philippe Crosset-Perrotin, constatant la faible prolificité des élevages à 0,8 agneau par mère, il a souligné « l'effort technique à accomplir pour améliorer la rentabilité et la reprise des élevages ». Sur ce dernier point, afin d'aller chercher du revenu, il a suggéré de « concilier élevage et tourisme, comme en Savoie ». Une piste de travail qui a permis à Franck Soulignac, vice-président du conseil départemental, de rappeler la nouvelle aide à l'immobilier votée par le Département pour faciliter la création d'activité agritourisque.
Christophe Ledoux
Plan départemental ovin 2023-2025 : un accompagnement global
Le nouveau plan départemental ovin 2023-2025 a pour but d'améliorer les conditions de travail des éleveurs ovins viande drômois et la productivité de leur troupeau. Ses grands axes sont les suivants :
- travailler sur la résilience de l'atelier ovin : amélioration de l'autonomie alimentaire, de la valeur ajoutée des agneaux, de la commercialisation… ;
- améliorer le technicité de l'élevage : conseils personnalisé, échanges de pratiques… ;
- adapter l'outil de travail : pour de meilleures conditions de travail, pour faire face au changement climatique ;
- améliorer l'état sanitaire du troupeau : par la connaissance et la gestion des maladies présentes, la sécurisation des achats de reproducteurs, l'amélioration du bien-être animal… ;
- s'équiper pour faciliter la gestion des meutes de chiens de protection sur la ferme ;
- être conseillé en phase d'installation ou de transition : identification des scénarios, aides possibles…
Bénéficiaires
Le plan départemental ovin est accessible à tous les élevages ovins viande de la Drôme de plus de 50 brebis. Cependant, il est particulièrement destiné :
- aux élevages entre 50 et 80 brebis avec un objectif d'augmentation du cheptel ;
- aux jeunes agriculteurs ou nouveau détenteur ;
- aux agriculteurs en difficulté ;
- aux élevages dont la productivité est inférieur à 0,5 agneau par brebis ;
- aux élevages en plan de lutte sanitaire.
Dans ces cas, les éleveurs bénéficient d'un diagnostic gratuit (réalisé par la chambre d’agriculture de la Drôme et la coopérative Agneau Soleil) et d'un meilleur taux d'aide aux investissements.
Contacts
- à la chambre d'agriculture de la Drôme : Marie Cabrol (06 20 88 81 04 - [email protected]) ;
- à la coopérative Agneau Soleil : Daniel Cardon (06 76 41 60 17 - [email protected])
- au groupement de défense sanitaire (GDS) de la Drôme : Martin Brusselle (06 58 15 70 28 - [email protected]) ;
- à la fédération départementale ovine (FDO) de la Drôme : Louise Riffard (06 75 31 96 68 - [email protected]).
« Les loups ne sont pas comptés avec raison »
En juin 2022, l'élevage d'Éric Théolier, qui compte 200 brebis mères de race Préalpes, a été attaqué pour la première fois par le loup. Quatre brebis et un agneau ont été tués. En janvier, l'éleveur a acheté un chien de protection de race Mâtin espagnol. Lors de la présentation du nouveau plan départemental ovin (lire ci-XXXXX), plusieurs propos ont pointé les difficultés de gestion des chiens, et notamment avec le voisinage, les randonneurs… « Les chiens, c'est une contrainte, ça prend du temps, ça coûte de l'argent et ça crée des soucis au quotidien. Pénalement, on est toujours sur le fil », a dit Frédéric Gontard, président de la FDO 26. « Avoir un troupeau en zone de prédation nécessite d'avoir des chiens et cela implique pour les éleveurs d'être considérés comme des délinquants aux yeux de la justice, a regretté Philippe Crosset-Perrotin, président du GDS 26. On ne devrait pas appliquer aux chiens de protection la même législation que celle des autres chiens. » Par ailleurs, « à Saint-Julien-en-Quint, je ne peux plus laisser mes animaux dehors, a-t-il confié. Sans régulation efficace du loup, cela conduira à s'adapter vers une intensification des élevages. » Pour Marie-Pierre Mouton, présidente du Département de la Drôme, « les loups ne sont pas comptés avec raison. Ce sont les éleveurs qui sont en voie de disparition. »
C. L.